Formation rennaise s'articulant autour du compositeur multi-instrumentiste Ghislain Fracapane, Mermonte a construit en seulement trois albums un univers musical d'une richesse et d'une densité remarquables. Parlons même de multivers tant la palette qu'offre le groupe sait piocher dans une diversité d'influences hautes en couleurs tout en sachant en extraire une matière inédite autant qu'addictive. Au fil de ses albums, ce groupe à géométrie variable a pu ainsi évoquer autant le post-rock savant de Tortoise que le picking folk de John Fahey auquel ils rendaient hommage en clôture de leur dernier album Mouvement (sur Fahey), n'hésitant pas à s'élancer avec panache dans un math-rock survitaminé façon Totorro, à s'inspirer de la métronomie motorik (Motorique) ou à ériger une pop orchestrale gracieuse et d'une belle sophistication.
Dans cette constellation musicale en extension, on peut remarquer une évolution chez Mermonte que le magnifique Mouvement de 2018 laissait entrevoir : le collectif, si lumineux sur un album enchanteur comme Audiorama (2014), semble d'une part imprégner sa musique d'une certaine pesanteur élégiaque, peut-être en écho à notre temps assombri par l'état du monde; et paraît d'autre part tendre vers les plaisirs de la composition de grandes chansons, tant dans la finesse de l'écriture que dans le soin apporté aux arrangements.
Pensé d'abord comme une B.O. de film, ce quatrième album est finalement devenu un album de ces fameuses "grandes chansons". Après le mouvement, voici les variations sur lesquelles plane lors de quelques instrumentaux l'âme du grand Ennio Morricone, compositeur ayant toujours voulu briser les frontières du jugement entre la pop (ou musique populaire) et la musique contemporaine (dite exigeante voire hautaine dans ses cercles d'initiés les plus fermés) en créant un pont entre elles. Comme Ennio Morricone, et comme Aquaserge (Rythme Interdit) auquel on les a souvent comparé, ou encore comme Grizzly Bear auquel on pense parfois à l'écoute de certains morceaux de Variations (It won't last song, Promised Land), Mermonte souhaite certainement abolir cette même frontière dans sa musique en faisant circuler les genres, les jeux d'instruments, les rythmiques et les vocalises, les textures sonores, les émotions et tout ce que peut apporter la musique dans une danse étourdissante de sensualité et de sensorialité. Cet envoûtant nouvel album (disponible et en écoute intégrale à cette adresse) était quoiqu'il en soit l'occasion de poser notre question à ce groupe fort précieux.
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La musique est :
Un art mineur de part sa facilité à entrer dans cette assemblage de fréquences.
Elle est instinctive dans nos oreilles et fait partie de nos gènes depuis des millions d’années.
Elle nous transcende, et vient changer nos émotions suivant l’humeur des notes et des mots choisis, fait bouger notre corps et même accélère ou ralentit notre rythme cardiaque suivant son tempo.
Un art majeur de part sa difficulté de maîtriser et d’analyser son langage.
Elle fait évoluer notre vie et notre façon de penser.
Elle nous éduque si nous désirons en apprendre davantage.
La musique rassemble car c’est un art qui est à portée de tous.
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Ghislain de Mermonte
