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: D'autres pépites de 2018...



Quand il n'y en a plus, il y en a encore. Retour sur huit pépites du cru 2018...

Nous avons eu un bon cru cette année en matière de musique indé. Serait-ce le vent de contestation populaire s’élevant de la société internationale qui a motivé cet entrain ? Ou le regain de confiance en l’avenir ? Quoiqu’il en soit, beaucoup d’artistes avaient des choses à dire, à partager, à transmettre cette année. Comme si la musique était l’ultime arme contre les inégalités et l’injustice, sociale, politique ou autre. Voici quelques exemples des pépites indé qui ont constellé l’année 2018.

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Hologram Teen – Between the Funk and the Fear (Polytechnic Youth)

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À l’heure même où la planète indie s’est récemment réjouie du retour prochain de la formation à laquelle elle a longuement collaboré, Morgane Lhote a discrètement sorti en milieu d’année son premier album, après le très réussi Marsangst EP en 2016. Passée claviériste et bidouilleuse chez Stereolab, la frenchie a depuis plusieurs années pris le large pour l’outre-Atlantique, des idées plein la tête. Au-delà de sa passion pour le jeu vidéo et l’animation, la jeune quinqua s’amuse sur Between the Funk and the Fear à créer des sons à la fois rétro, 8-bits et modernes (Post-Apocalypteacakes). Une sorte de Kraftwerk revival, vu des yeux d’une grande enfant (Tracksuit Minotaur), un peu geek et avouons-le, un peu weirdo sur les bords (Lesbian Death Drums). On remarque également la grande part de sampling utilisé par la musicienne sur l’album (Roller Lover Doppelgänger). Remarquable également sa collaboration avec le groupe californien Sukia sur le titre God(d) of thunder vs Sukia, dont les couleurs french pop des années 70s donnent une autre dimension au terme « nouvelle vague ». Tout un concept.

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The Herbaliser – Bring Out the Sound (BBE Music)

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Les pros du beatmaking hip-hop n’ont plus rien à prouver, ni à leurs fans, ni à leurs anciens acolytes et patrons de Coldcut. Et pourtant, on a failli s’inquiéter de la situation du groupe londonien. Notamment suite aux succès mitigés des albums succédant au divorce du duo avec leur label historique Ninja Tune (un Same As It Never Was assez inégal et un There Were Seven tout juste percutant). Qu’on se rassure : Jake Wherry et Ollie Teeba renouent ici avec des compositions simples, (presque) dignes d’un Remedies. N’oubliant pas pour autant les featurings de qualité, comme avec le rappeur Rodney P sur Some Things ou Like Shaft ou encore le très pop Seize the Day avec Just Jack. Gageons que la paire parvienne à retrouver ses marques et à réunir son public, là où de nombreux autres outsiders sont venus changer la donne ces dix dernières années.

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Olden Yolk – Olden Yolk (Trouble In Mind Records)

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« Il faut quelqu’un pour connaître quelqu’un ». Voici les quelques mots (traduits de l’anglais of course) par lesquels se clôt avec une perfection métronomique le premier album éponyme du groupe new-yorkais Olden Yolk. Le nom du groupe, oxymorique et il faut l’avouer peu ragoûtant (« vieux jaune d’œuf »), cache pourtant une musique folk/pop sublime et composée de façon méticuleuse. Pour exemple, l’orchestral Verdant qui nous immerge tout de go dans l’univers poétique du groupe. Signés sur le label américain Trouble In Mind, décidément fournisseur officiel de musique pop de qualité (Ultimate Painting, Klaus Johan Grobe, Morgan Delt…), les deux compères Shane Butler et Caity Shaffer ont réussi à créer un bel objet, frais et onctueux. Les écoutes successives amplifient l’effet addictif des titres (Cut to the Quick, Esprit de Corps), le tout ajoutant en dimension à l’expérience sonore Olden Yolk. La petite dizaine de titres nous confirment la filiation de la formation avec le très bon groupe Quilt, dont Butler faisait partie. Plutôt pas mal, pour un side-project.

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The Sea and Cake – Any Day (Thrill Jockey)

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La bande à Prekop livre un onzième album complet, sans pour autant être inégal. Les quinquagénaires de Chicago utilisent leur expérience et leur goût musical accru pour réaliser ce nouvel opus, six ans après Runner. Dans une actualité politique décidemment fort controversée aux Etats-Unis, on imagine bien que les trois hommes ont eux aussi leur mot à dire (Cover the Mountains, Starling). À l’image d’autres groupes comme Protomartyr ou Yo La Tengo dont les derniers albums ont suivi les vents contestataires, la voix douce de Sam Prekop s’élève légèrement parmi les chansons sentimentales (Any Day) et les hymnes rock (I Should Care, Day Moon). Sans leur bassiste historique Eric Claridge, le groupe a dû se réinventer. La composition du groupe ainsi réduite au minimum laisse sur Any Day plus de place à la voix claire du frontman Prekop et à la qualité de production décidément intarissable de « l’homme à l’arrière » John McEntire.

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Little Dragon – Lover Chanting EP (Ninja Tune)

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Serait-ce la fin des titres feutrés et suaves signés Little Dragon ? On espère bien que non ! Et quand bien même ce serait le cas, le titre d’ouverture de ce Lover Chanting EP nous rassure quant à la capacité de la clique de Gothenburg à garder un verbiage amoureux, tout en faisant danser les foules. Ayant récemment collaboré avec des artistes comme De La Soul (Drawn) ou encore BADBADNOTGOOD (Tried), les suédois nous prépareraient-ils un nouvel opus ? En tout cas, à en écouter ce format court, on a tout à croire que la succession de LCD Soundsystem est garantie : Yukimi Nagano et ses protecteurs vikings sont prêts à prendre le relai du disco pop moderne.

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Mermonte – Mouvement (Room Records)

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Le collectif rennais est décidément l’un des rares ovnis pop qu’il est possible d’observer actuellement sur la scène française. Dans un style de proche parenté avec celui des toulousains d’Aquaserge, Ghislain Fracapane et son big bazar sont capables de réaliser des compositions dont les évolutions et les couleurs tirent leurs traits de The Cinematic Orchestra (Time Travel), Tortoise (Air, Storkow) ou encore Stereolab (Motorique). C’est d’ailleurs Laetitia Sadier qui habille de sa voix le titre Le cri de l’appelant, tout comme Dominique A sur le lyrique Les forces de l’ailleurs. La poésie et la fraîcheur des titres est toujours garantie (Keenan), dans un ensemble de douze titres dont la fraîcheur et (paradoxalement) la chaleur viennent remplir le cœur d’une joie indescriptible. Une satisfaction difficile à expliquer. Le genre d’œuvre dont le génie créatif est si grand qu’il faut du temps pour pouvoir le digérer. Il ne faut pour autant pas oublier de se laisser porter, apaiser, par la beauté des titres (X3_X13). « Beauté », décidément le maître-mot de la patte Mermonte.

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GoGo Penguin – A Humdrum Star (Blue Note Records)

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Voilà quatre ans que le trio jazz anglais se contente de peu pour réaliser des compositions éblouissantes d’inventivité. Un piano, une contrebasse et une batterie se suffisent à elles-mêmes pour créer des morceaux d’une beauté et d’une originalité surprenante, dans un format le plus souvent très classique. Car les hommes de GoGo Penguin aiguisent leur talent respectif de musicien pour apporter toujours plus de surprise sur leurs albums. Ce que l’on peut remarquer sur des titres comme Bardo ou Strid. Les pingouins de Manchester assurent avec A Humdrum Star leur place dans la relève néo-Jazz, au même titre que leurs cousins américains de BADBADNOTGOOD.

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Unknow Mortal Orchestra – Sex & Food (JagJaguwar)

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Sorte de condensé de leurs trois précédents albums, le Sex & Food des américains d’Unknown Mortal Orchestra se veut néanmoins moins fourni que son prédécesseur à succès Multi-Love. Tout d’abord dans le format des titres qui, malgré le dynamisme de la section rythmique, conservent leur aspect de ballades sonores agréables (Hunnybee). La différence se veut aussi dans l’instrumentation de la bande à Ruban Nielson, où des titres comme Chronos Feasts His Children nous évoquent un Beck, dans sa période folk acoustique. Le titre Ministry of Alienation aurait quant à lui bien pu paraître sur l’album II ; comme une sorte de B-side au titre Monki. « L’orchestre mortel inconnu » nous réserve donc encore de nombreuses surprises. En espérant que le style à la fois psyché-rock et pop du groupe de Portland puisse continuer d’évoluer dans une direction qui le portera comme valeur sûre du genre, au même titre que ses pairs de Tame Impala, Pond ou encore King Gizzard and the Lizard Wizard (Major League Chemicals, American Guilt).

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Autres pépites notables :

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Actress x London Contemporary Orchestra – LAGEOS (Electronic, Ninja Tune, 25 mai 2018)

The Dodos – Certainty Waves (Alternative Rock/Indie Pop, Polyvinyl Records, 12 octobre 2018)

Klaus Johan Grobe – Du Bist So Symmetrisch (Indie Pop, Trouble in Mind, 26 octobre 2018)

Ashley Henry & The Re: Ensemble – Easter EP (Jazz, Sony Music, 19 janvier 2018)

Preoccupations – New Material (New wave/Post-punk, Flemish Eye, 23 mars 2018)

Public Service Broadcasting – White Star Liner (Alternative Rock/Instrumental, Pias, 26 octobre 2018)

Kelley Stoltz – Natural Causes (Indie Pop, Banana & Louie, 15 juin 2018)



par Jonathan
le 01/01/2019

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