Coincé quelque part entre la fin des 90’s et le début des années 2000, les gars de Duster avaient pourtant tout compris. Distillant une habile recette shoegaze/slowcore à l’esthétique lo-fi, la musique de Duster, tranquillement déprimée et aérienne, était un véritable nuage de mélancolie, un refuge pour ces jeunes adultes qui sortaient péniblement de l’adolescence et qui allaient devoir affronter ce triste XXIème siècle, qui ne finit d’ailleurs jamais de s’assombrir.
Mais voilà, le fait est que Duster n’a jamais dépassé le stade de curiosité, quasi confidentielle, que l’on se refile entre connaisseurs. Très honnêtement, je ne l’explique pas. Je n’explique pas le fait qu’aucun label n’ai pris le temps de rééditer Stratosphere ou que ce soit d’autre du groupe. Le destin de Duster semble injuste car leur discographie est de plus résolument accessible. Dans Stratosphere, les membres du groupe font preuve d’un génie mélodique inépuisable et surtout d’une capacité à alterner envolées shoegaze et rechutes slowcore.
Tout l’album est finalement une sorte de montagne russe géante, cherchant à vous emmener très haut dans les cieux, vous faire traverser les nuages, comme avec le morceau éponyme, qui croule littéralement sous les effets de guitare. Puis ensuite vient la rechute, inévitable, caractérisée par ces minuscules excursions slowcore grisantes (The Queen Of Hearts, The Landing, Shadows Of Planes…). Stratosphere ne souffre aucunement de la comparaison avec les ténors du genre comme Low ou Codeine. Celui-ci jouit même d’une certaine singularité sur cette scène. Duster est finalement autant coincé entre deux décennies qu’entre deux genres, slowcore et shoegaze, incapable de céder totalement aux appels de l’un ou de l’autre.
Même si quelques rumeurs de reformation trainent dans les entrailles du web, je n’y place pas de grands espoirs. Tout ce que je peux espérer, c’est que vous laissiez une chance à ces outsiders de la scène indé.
par chungusmaster (le 11/02/2021)
1 ans après l'écriture de cet article, le groupe se reforme et sort un nouveau projet, dingue (je trouve)