Silo. Une comète dans le ciel du début des années 2000. Produit par Colin Newman et hebergé sur son label Swim, le groupe danois publia coup sur coup deux albums puis s'évapora dans l'atmosphère sans laisser de traces. Si Instar (1998) posait encore les bases de leur synthèse météorique, entre post-rock, krautrock et electronica délavée, Alloy (2001) en affermait les contours, rabotant jusqu'au squelette la chaire spectrale de leur musique stellaire. Dans le vide médiatique qui entoura la sortie de leurs deux uniques opus, bien avant le rock répétitif zeitgeist et les monstres hybrides de l'extrême-modernité, le trio Silo traçait ainsi son sillon autistique et furtif sans se soucier du dictat de l'époque, le contournant même pour mieux le préfigurer.
S'il fallait retenir un des 9 engins qui composent le motorisch Alloy, à la fois pour le définir et le résumer, il conviendrait d'excaver Bulk. Sur ce titre inaugural et programmatique, les arrangements les plus pointillistes prennent l'aspect d'une ingénierie extra-terrestre et minimale. Les motifs, obsédants, lancinants, comme des sculptures de gaz, s'emboitent à l'infini en dessinant une dérive immatérielle et impalpable. Pas de montée en puissance malgré les apparences mais un lent défilé de néon et d'asphalte phosphorescent au grès duquel l'ossature sonore, imperceptiblement, se désintègre en se fondant dans des synthés anxieux, qu'une basse moite et une rythmique lourde et monotone ne font que rendre plus obsédants. Le tout composant une angoissante trouée dans le vide, un saut dans la canopée, que seule une séquence finale en apesanteur parvient à arracher à sa fantômatique torpeur.
