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Oneohtrix Point Never + Forest Swords + Basic House (Festival In Paradisum)

: @ Trabendo - 2013-09-27



La chronique de R+7 est déjà là pour chanter les louanges d'Oneohtrix Point Never. Mais en comparaison de son interprétation live, la galette fait bien pâle figure. Récit d'une soirée, branché sur les ondes du nerd le plus en vue du moment.

Honnêtement, j'ai un peu hésité. Parce que franchement, les mini-festoches indé qui rassemblent des line-up improbables, s'étirent jusque tard dans la nuit et t’empêchent de voir la tête d'affiche à cause du dernier RER à attraper, le bougon banlieusard que je suis en a soupé (oui flèche d'or, c'est à toi que je m'adresse). Dans le cas contraire, c'est la limite des 45 minutes par groupe qui me permet de tout voir, mais frustré de ne pas en avoir eu plus. L'un dans l'autre, c'est jamais ça.

Alors oui, Daniel Lopatin c'est mon amoureux, l'artiste qui me passionne allègrement, citant à tour de bras aussi bien Mark Fell que Tangerine Dream, Tarkovski ou les Tortues Ninja sans la moindre condescendance, construisant, album après album, la discographie parfaite, celle que je ferais jouer en entier à mon enterrement (même - surtout - Channel Pressure); mais oui, j'ai un peu hésité. Et franchement, j'ai bien fait d'y aller.

Je vais tenter d'aller à l'essentiel. Basic House, le bûcheron collé à son mac qui ouvrait le bal, m'a plutôt séduit. J'ai passé tout son set à lire Ubik, assis dans un coin de la salle, et c'était parfait. Un long morceau, aux drones amorphes, quelques notes électriques couvertes de poussière, une rythmique sourde qui se dérègle sans cesse, on ne peut guère rêver meilleure bande son pour lire du K.Dick.

Juste le temps d'une bière et arrivent les Forest Swords. J'étais plutôt surpris de ne pas les voir en tête d'affiche, leur musique étant nettement plus accessible que celle d'OPN, mais soit. Le début est mignon: images d'archives loopées projetées en fond, enchaînant les tubes hybrides de leur premier EP. Puis j'ai compris pourquoi ce groupe me laissait de marbre lorsque la basse reggae et la batterie dub sont devenues prégnant. Non pas que j'ai quoi que ce soit à reprocher aux Asian Dub & consorts, ça ne me touche juste pas. Bref, petit hochement de tête et puis s'en va.

Lumière, entracte.

Petit drone fantomatique; Lopatin monte sur scène avec pas loin Nate Boyce, le vidéaste foufou responsable de la vidéo de Still Life, venu accompagner le ventripotent génie.

La chronique de R+7 est déjà disponible ici, donc nul besoin d'en chanter à nouveau les louanges synthétiques, mais je peux néanmoins affirmer qu'en comparaison de son interprétation live, la galette fait bien pâle figure.

Il est difficile de décrire l'impact métaphysique qu'a pu produire, pièce après pièce, la déconstruction minutieuse de cette cathédrale pop qu'a entreprise Lopatin sur la scène du Trabendo. Tel un enfant gâte, il a joué avec chacun de ses morceaux, brisant les mélodies, tirant sur les nappes de synthé, créant des rythmes avec ces fragments huileux. Aux instants de silence brut succèdent des envolés trance brinquebalantes, des drones cristallins transformés en ritournelles hip-hop décharnées, des consonances world martyrisées par un noise frôlant parfois le dubstep; Daniel San slalome avec une jubilation communicative entre tous les styles qu'il affectionne, dans un numéro d'équilibrisme bluffant.

Mais plus que les ingrédients de cette improbable confiture, c'est son goût surprenant qui fait mouche. Jamais chiant, stimulant au possible, à la fois cool et intello, le son de Lopatin ne ressemble à rien d'autre, passant de l'expérimentation la plus folle au beat le plus catchy, dans un grand maelstrom émotionnel qui marque durablement.

Les images, agrégat d'animations 3d fondues au micro-onde, complètent à merveille cette grand-messe post-moderne. En sortant de là, on n'est pas seulement content d'avoir vu le nouveau jesus de la musique moderne, mais surtout de l'avoir vu à son firmament, loin au-dessus des arpèges sous acides, des drones bruyants, des samples baveux qui jalonnent sa carrière ; sur une planète unique, lointaine et criarde, qui refuse toute comparaison. Les mini-festoches, c'est plus ce que c'était.



par Matthias Fuchs
le 11/10/2013

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