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Eurockéennes de Belfort

: Édition 2004



Notre compte rendu

Vendredi (No One Is Innocent ; Iam ; Zero7 ; Lyrics Born - Lifesavas ; Tv On The Radio)
Samedi (Girls In Hawaï ; Buck 65 ; Alain Bashung ; Grand Buffet ; Automato ; RJD2)
Dimanche (Svinkels ; Slipknot - Groove Armada - High Tone ; The Rapture)


WakMc et Miv aka Racks (en italitque)


Vendredi


Alors que les nuages défilent au dessus de la presque île du Malsaucy, déserte à cette heure avancée de l'après midi, je repense à la soirée d'hier au camping. Arrivée laborieuse, montage de tente incertain, beaucoup d'alcool et de vagues souvenirs déformés pour le reste. Un mal de crâne qui ne me lâche pas, mais qui se fait assez facilement oublier devant le plaisir de pouvoir déambuler sur les lieux avant tout le monde, constater que ce site est réellement plaisant, et assister nonchalamment à deux ou trois balances. En prenant le temps de siroter une bière (un peu fadasse, je dois dire) et de constater le planning quotidien des conférences de presse, j'en suis déjà à sacrifier quelques concerts, au vu d'un emploi du temps qui s'annonce chargé…


No One Is Innocent


Qu'il est bon de retrouver sur scène ces petits furieux de No One, reformés, un nouveau disque à l'appuis. Sans surprise, le show commence fort, KMar est très en forme, se jette partout, il semble très heureux d'être là, et cette bonne humeur communicative, couplée au fait que ce concert soit le premier du festival, rend le public particulièrement réceptif (en gros ça pogote en masse, mais pour un concert de ce genre c'est la moindre des choses). Quelques morceaux du dernier album qui sonnent plutôt bien, (Revolution.com), et l'excellentissime La Peau se ré écoute avec grand plaisir, ce morceau n'a rien perdu de sa pèche…


Mais il est l'heure de se diriger vers l'espace presse ou M va donner sa conférence. Obligé de zapper la fin d'un concert qui s'annonçait plus que convaincant. Je traverse péniblement la marée humaine qui jouxte la grande scène pour arriver devant le gros monsieur de la sécurité " scruteur d'accred " qui va hocher la tête à chacun de mes passages toute la durée du festival.


Chouette l'espace presse ! Une tente avec des gros canapés, de la bière (un peu cher mais on s'habitue), et plein de journalistes condescendants. J'arrive pendant la conférence de Frantz Ferdinand. Ils sont obligés de subir des questions du genre " ça vous fait quoi d'être la coqueluche du moment ? " et autre " c'est quant même dingue votre succès la, si rapide pfiou ". Les types sont sympa, répondent pas mal, mais la vingtaine de personnes réunie autour m'empêche de voir plus précisément ce qu'il en est. Je m'en vais donc me vautrer sur un canap en feuilletant quelques fanzines disposés ça et la, et en attendant Mathieu Chedid…qui semble prendre son temps.
Ni photos, ni camera pour cette conférence de presse forcément très pro, M est très sympathique comme à son habitude, quelques questions nous rassurent sur la schizophrénie apparente de son personnage. M et Mathieu ne sont donc pas la même personne. Sans blague ?
Kmar arrive ensuite, souriant, détendu, et plutôt bavard. En vrac : le nouvel album, les problèmes que le chanteur à eu avec les anciens membres de No One pour relancer la machine (il à carrément du racheter son groupe), et une petite discussion sur le piratage et le mp3, ou Kmar ne prend pas trop de risque. On lui pardonnera aisément ce consensus, comme il le dit lui-même, No One fait de la musique et rien d'autre.


Je me dirige rapidement vers la sortie en constatant l'heure, et je retourne à la grande scène évidement bondée pour capter le set d'Iam


Iam


J'arrive un peu tard et je ne suis pas très bien placé pour profiter pleinement du superbe décor de scène mis en place par les marseillais, représentant une ville en ruine, mais je reconnais déjà quelques morceaux du dernier album. Premier constat, Iam est une machine qui tourne depuis plus de dix ans, on sent la mécanique bien rodée, la balance est impec et ne défavorise pas la voix comme c'est souvent le cas dans les shows hip hop où chants et samples se perdent dans les basses surpuissantes. L'équipe occupe parfaitement la scène, et le public est réceptif.
Iam connaît son lot de détracteurs, mais il est toujours plaisant de voir au moins une fois sur scène ce groupe qui passe les barrières du temps avec élégance, toujours énergique. Mention spéciale pour " Mental de VietCong " très efficace en live.
Regret, j'aurais aimé plus de morceaux de L'école du micro d'argent…on a eu droit à un mix habile des différents titres de cet album désormais culte, mais personnellement je suis resté sur ma faim.


Je m'étais juré de voir un peu Frantz Ferdinand, si bien qu'à peine le concert d'Iam terminé, je me rue vers le chapiteau (avec environ 10 000 personnes qui ont manifestement la même idée que moi). Ce qui devait arriver arriva, une foule monstrueuse, le chapiteau plein a craquer, et au moins autant de personnes autour. Hors de question que je me tape 70 mètres de marrée humaine, j'écoute un peu en retrait, mais, un brin désabusé, je cours m'inquiéter de la température de la bière, et la trouvant fort à mon goût, décide de m'en jeter quelques unes…J'apprendrais plus tard que le concert était vraiment très bon, je suis d'autant plus amer d'avoir raté ça.


Après avoir retrouvé Racks à la fin du concert d'Avril, nous nous dirigeons du côté de la plage pour assister au set de Zero7.


Zero7


Je ne connaissais pas du tout ce groupe, j'avais lu le nom ici et la quelques fois sans jamais trop y prêter attention, et je les ai découvert avec un certain plaisir. Une musique aérienne, une formation hétéroclite pour un trip-hop qui fait souvent penser à du Massive Attack, ce qui est à la fois une critique et un compliment. Une critique car Zero7 n'invente rien, un compliment car il y a pire comme référence. L'ambiance apaisante couplée au cadre agréable de cette scène sur la plage donne une harmonie nocturne plutôt agréable, on se laisse docilement entraîner par les beats downtempo et les chants féminins, et le concert s'achève un peu rapidement, mais c'est généralement bon signe. Une heureuse surprise.


A ce moment la, mon collègue et moi-même avons quartier libre jusqu'à 0h15, heure à laquelle ce sera retour sur la plage pour un set hip hop de l'écurie Quannum.
En attendant, ayant repéré des pichets de rosé à 3 euros à l'espace presse, je propose à Racks d'aller leur faire honneur, nous courrons donc nous acquitter de cette tâche avec un soin tout particulier.


Lyrics Born - Lifesavas


De retour sur la plage, nous sommes très bien placés pour assister à un set de dj qui ouvre les hostilités de manière…renversante. En fait, c'est une véritable leçon de turntablism que nous donnent les deux dj présents, multipliant les scratches et les pass pass avec une facilité déconcertante, et une imagination débordante…écouter le générique du Flic de Beverly Hills scratché d'un côté sur une boucle rythmique improbable, triturée à l'extrême de l'autre, ça vaut vraiment le coup d'oreille, et on en viendrait presque à penser par moment à 2 many Dj's, dans cette volonté de coller ensemble des morceaux sortis de nulle part et d'y donner forme. Seulement là, il y a un vrai esprit hip hop, une énorme maîtrise technique, et un côté second degré décalé fort appréciable. Ce set fut tout simplement impressionnant.
Et forcement, Lifesavas à un peu de mal à faire oublier cette tuerie, surtout qu'ils livrent un concert des plus conventionnel, efficace certes, mais un peu trop " pus hit up, pus hit up " par moment, c'est fatigant de lever les bras, surtout quant on à deux grammes. Du coup, sans attendre la fin, nous décidons d'un commun accord de nous diriger vers la logia pour le dernier concert de cette journée, Tv On The Radio.


Bière.


Tv On The Radio


Le marathon alcoolique entamé depuis le début de la journée à porté ses fruits, et je me surprend, au bord de l'inconscience, à pester contre les programmateurs qui ont jugé opportun de passer Tv On The Radio à 2h du matin. La moitié du public est affalé par terre, certains ronflent presque plus fort que la musique qui sort des enceintes et j'ai personnellement toutes les peines du monde à me concentrer sur un concert, qui en temps normal m'aurait sans nul doute séduit, mais qui, à cette heure avancée, s'avère être une formidable berceuse…
C'en est trop, je retourne au camping, à demain Malsaucy…


Samedi


Je me réveille avec la désagréable impression qu'un troupeau de phacochères hystériques a entamé une partie de pétanque dans mon crâne. Au loin, j'entends deux pochetrons porteurs d'une incroyable nouvelle : les Pixies sont annulés, et seront remplacés par Barry White… Je pouffe misérablement de rire, en manquant de peu de me vomir dessus.
Le camping est mouvementé cette année à Belfort, la grosse attraction du moment étant un concept de fête pour le moins déroutant… une piste de danses (4 planches), et des casques pour que chacun écoute de la musique de boite (donc mauvaise mais drôle) en s'agitant comme des épileptiques sous acide. A voir, le phénomène est fascinant ; quarante personnes casquées en train de faire la chenille sur une musique inaudible pour nous autre spectateur. Amusement ou crise d'autisme collective ? Je me promets d'aller tester la chose la nuit prochaine.
Je regarde l'heure, 6h du mat, je retourne m'écraser dans ma tente pour siroter un peu de jus de raisin. La journée commence.


Direction l'espace presse pour la conférence de Daniel Darc, qui arrivera tellement en retard que la dite conférence sera annulée. Dommage.


Girls In Hawaï


Arrivés de bonne heure sur le site, nous décidons d'aller voir du côté du chapiteau pour le concert de Girls In Hawaï. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre, mais j'ai un peu peur rien qu'au nom du groupe. C'est une pop relativement classique (un peu trop à mon goût en fait) qui nous est délivrée. Je trouve ça un peu ennuyeux, mais je n'ai jamais été réceptif à ce genre de musique, et c'est un ami à l'oreille plus sensible qui me dira plus tard que le concert était plutôt réussi. Au bord de la syncope, je suis partit au 3ème morceau


Cela me permet d'arriver de bonne heure à la plage pour le concert de Daniel Darc. Je n'ai pas écouté son album, mais je suis assez curieux d'en savoir plus. Dés son entrée sur scène, ce survivant des années crades du rock impose par sa présence. Il semble être à moitié ivre, et commence son show sur un morceau Gainsbourgien, pour enchaîner sur quelques titres calmes, mais à la profondeur entêtante. Les années Taxi Girl sont définitivement finies, mais le rock n roll lui colle à la peau, tout en décalage avec sa voix nasillarde et presque nonchalante. Je ne pourrais malheureusement assister qu'a un petit tiers du concert, car il me faut retourner au chapiteau pour l'inratable, Buck 65.


Buck 65


Ce n'est pas faute d'avoir été prévenu, on m'avait dit que sur scène, Buck était énorme. C'est donc sans trop de surprise que je le vois débarquer en blouse de travail blanche, l'air facétieux et jovial, accompagné de son groupe, d'une platine et de son lecteur minidisque. Ce concert est l'un des meilleurs auxquels j'ai pu assister à Belfort cette année.
On attarde immédiatement son oreille sur la voix nicotinesque de Richard Terfry, si caractéristique, beaucoup plus marquante que sur disque. La musique de Buck 65 prend vraiment une autre ampleur en live. Multipliant les chorégraphies drolatiques ou les moments de délires, scratchant avec sa platine en faisant des grimaces improbables, le canadien est un show à lui tout seul. Le fait qu'il soit accompagné de son groupe n'est pas pour autant anecdotique, car les instruments rendent la musique beaucoup plus énergique, et les musiciens ne reculent devant aucun dérapage du moment que c'est bon.
Et ça l'est tellement, bon, que le concert finis sur un rock nerveux, tandis qu'un nuage de poussière envahit le chapiteau ou s'est déclenché un mouvement de foule festif et imprévu. Pogoter sur Buck 65, c'est possible à Belfort, quant je vous disais que le public était réceptif. Tout le monde est unanime, Buck a assuré.


Bon, n'étant pas fan de PJ Harvey (au risque d'en faire hurler certain), je bouge à l'espace presse pour me vautrer, mater le concert sur la grande télé en sirotant comme un pochard et accessoirement assister à la conférence des Sludgefeast, un gros groupe de rock qui tache. Fun, grossiers et à moitié raides, ils sont distrayant à défaut d'être intéressant. Je ne leur en demandais pas plus.
C'est donc fébrilement, et très fatigué que je me rends à nouveau vers le chapiteau, ce sera pour moi le dernier concert de ce samedi, mais pas un des moindre, monsieur Alain Bashung.
Je l'ai déjà vu cette année, mais dans un opéra…les pétasses embourgeoisées et les intellos du dimanche n'étant pas ma tasse de thé, c'est avec impatience que j'attendais de voir son live (que j'avais déjà trouvé excellent la première fois) face au public de Belfort.
Le chapiteau se rempli doucement, et je suis plutôt bien placé.


Alain Bashung


Comme ça avait été le cas la première fois, Monsieur Bashung se fait attendre quelques minutes, mais le public de Belfort frôle l'hystérie, et l'imprudent se risque enfin à monter sur scène, dans la lumière ténébreuse de son décor, sobre à la beauté glaciale. La grande classe, le bonhomme, lunettes noires et démarche mal assurée, il commence son concert sans mot dire avec L'imprudence, puis enchaîne les morceaux cultes, jonglant dans la première partie de son show entre les titres de son derniers album, et ceux de Fantaisie Militaire. Le morceau du même nom prend d'ailleurs une dimension éclatante en live, crescendo progressif à l'orchestration impeccable.
Raccourci, sans doute en raison des impératifs horaires relatifs à un festival, le live apparaît plus digeste que celui que j'avais vu. Dans sa deuxième partie, Bashung reprend de vieux morceaux qui n'ont rien perdu de leur superbe, " Osez Joséphine ", " What's in a bird " ou encore " Madame Rêve ", les titres s'enchaînent et le public semble ravi.
Bashung aussi semble heureux, et la déconvenue qu'il a eu à subir pendant le printemps de bourges, où l'on m'avait narré que le public, lamentable, lui avait proprement manqué de respect au détriment de Bénabar, est belle et bien oubliée.
Alain Bashung salut son public, se montre étonnement loquace, avant d'allumer une cigarette et de tirer sa révérence. Un concert propre et carré à la mécanique bien huilée, et des musiciens à la hauteur. Bashung nous offre un live quasi parfait.


N'ayant à proprement parler rien à foutre de la reformation des Pixies, et étant physiquement éreinté, c'est un peu amer que je sacrifie le concert de Sludgefeast à une bonne nuit de sommeil.
Mon arrivée au camping est frappée par l'ambiance survoltée qui y règne. Je m'enferme dans ma tente, bois une dernière tasse, et m'écroule.


Il est vrai que le WakMc avait l'humeur plutôt fatiguée ce soir-là… Ce qui ne fut pas mon cas, et j'en ai profité pour jouer au marsupilami sur les vibes hip-hop de Grand Buffet et d'Automato, qui ont littéralement enflammé la Loggia.


Grand Buffet


Autant le dire d'entrée, j'adore Grand Buffet, groupe composé de deux américains complètement déjantés qui font… euh… on dira de l'electro-punk teintée de hip hop avec comme base musicale un seul discman relié à l'ampli. Un concert à l'arrache, donc, mais qui n'en fut pas moins fantastique, tant les deux zozos n'ont cessé de sauter dans tous les sens, chanter comme des casseroles, pour finir leur show en rappant la tête enfermée dans des sacs poubelles. L'hystérie générale, une grosse surprise pour beaucoup d'amateurs d'Automato, venus par simple curiosité. Après un rappel chaleureux, Grand Buffet quitte la scène après avoir jeté quelques exemplaires de leur dernier opus dans le public.


Afin de ne pas faillir à la tradition, je décapsule une petite bière tout droit sortie du sac d'une amie… Mais à peine le temps de commencer la descente, car Automato débarque sous les acclamations de la foule.


Automato


Je ne connaissais pas du tout Automato, je ne me doutais même pas de l'existence d'une chronique à leur sujet sur infratunes, bref, je débarque comme un novice. Et le charme ne tarda pas à opérer, grâce à l'instrumentation du groupe - composé d'un bassiste, d'un DJ, d'un clavier, d'un batteur et d'un guitariste - et au talent des deux mc's. C'est souvent smooth, parfois drum'n'bass, on sent bien l'influence de James Murphy dans les phases de synthés, rien à dire, une belle découverte. On pourra cependant regretter que la Loggia se vide peu à peu, mais n'oublions pas que les Pixies débutent…


A ce moment précis, je réalise que moi aussi, je m'en balance pas mal de cette reformation tardive… Je quitte cependant la Loggia pour me diriger tant bien que mal (ce monde autour de la grande scène !!!) du côté de la Plage, ou RJD2 donne le dernier coup de chiffon sur son sampler avant d'enchaîner sur un set qu'on qualifiera de correct.


RJD2


Le concert débute, et je suis sceptique. J'ai un peu de peine avec RJD2, son dernier album ne passe pas, il est tard et il fait froid. Voilà, j'arrête de me plaindre pour vous parler de la prestation proprement dite : quatre platines et une mpc pour le seul Def Jukie, ça impressionne tout de même. Sauf que ce dernier ne semble pas tout maîtriser, et lâche des scratches parfois hésitants et peine à bien travailler ses samples. Malgré tout, les titres de ces deux albums s'enchaînent relativement bien, et l'ambiance est détendue. On se croirait presque en vacances.


Exténué, je quitte le festival pour retourner au camping finir la nuit à la disco silencieuse, le spot idéal pour l'autiste névrosé que je deviens après quatre heures du matin. Le concept ? Tout le monde danse sur de la musique de merde avec des casques, et en option un chapeau de cow-boy… C'est complètement nul, mais absolument génial, j'honore le lever du soleil avec un petit " I Like To Move It " dans les oreilles et je file me coucher…


Dimanche


Il est à peine 5h du mat quand je suis réveillé par l'anarchie ambiante qui règne aux alentours de ma tente, qui, soit dit au passage, est une vraie porcherie. Impossible de rester une minute de plus dans ce bordel, surtout que j'ai mal aux tempes. Fuyant à grands pas cette ambiance pour le moins délétère, je vais m'installer au bar, contemple le lever du soleil qui prévoit une belle journée, et fait semblant de trouver ça beau.


Des conférences annulées nous font perdre notre temps, et, après un détour rapide à Blonde Redhead, qui semble livrer un concert plaisant pour les aficionados (dont malheureusement je ne fais pas partie), nous nous dirigeons à la logia pour voir Doctor L, où tout du moins son début de concert. Ce dernier est assis dos au public sur une batterie assez légère, accompagné d'un instrumentiste. Teinté d'afro beat, le live commence assez bien, calme et enfumé. Pas le temps de s'attarder néanmoins, car direction la grande scène pour les Svinkels.


Svinkels


Placé dans les trois premiers rangs et prêt à me jeter dans le premier mouvement de foule venu, je constate avec intérêt que le public est nombreux, et manifestement motivé. C'est un plaisir de voir débarquer le groupe sur scène, mention spéciale à Gérard Baste qui arbore fièrement un tee-shirt Budwiser et un chapeau de paille. Le concert s'ouvre sur le morceau " H ", présent sur le premier album, et qui commence tranquillement les hostilités. Quelques scratches de Dj Pone plus tard, le répertoire se met en place, les morceaux " marquants " du dernier album s'enchaînent efficacement. " Le svink c'est chic " qui avait tendance à me gonfler un peu sur disque s'avère très fun en live, et les morceaux du premier album claquent toujours autant, " Bois mes paroles ", "Front Contre Front" et l'énorme " Réveiller le punk " qui fait basculer la fosse dans l'hystérie collective, soulevant un nuage de poussière quasi irrespirable.
Le concert s'achève finalement, les fans semblent être ravis, le groupe aussi, loin d'être ridicule sur une grande scène qui allait accueillir plus tard les grosses machines du festival.


Je décide de zapper le Peuple de l'herbe au profit de la conférence de presse des Svinks, que nous avons d'ailleurs enregistré. Une retranscription de cette conférence est à venir.


Pour moi le festival est quasiment terminé, je me promet de jeter un œil a Slipknot, de faire un détour à Groove Armada et d'enchaîner sur High tone. N'ayant que quelques souvenirs épars je ferais les trois en un.


Slipknot - Groove Armada - High Tone


Je déteste le néo métal. C'est donc bourré d'a prioris négatifs (et bourré tout court) que j'arrive vers la grande scène pour assouvir ce qui est une simple curiosité (on se justifie comme on peut…) et assister au concert de Slipknot. A bonne distance de la scène (je ne suis pas fou au point d'aller voir une boucherie pareille les pieds dans la fosse), je vois le groupe débarquer, affublé de ses fameux masques qui font peur. Pour être tout à fait honnête j'ai été agréablement surpris. Peut être à cause de l'alcool ou de mon évidente fatigue nerveuse. N'empêche que le concert de cette bande de schizo prend des allures d'apocalypse de là où je me trouve, d'énormes nuages de poussière provenant d'une fosse que j'imagine assez perturbée masquent régulièrement la scène et c'est impressionnant à voir. Question zik, ben je ne vais pas vous faire un dessin, on croirai voir une bande de forgerons en train de s'éclater sur des enclumes, mais y a de la pêche et du style c'est indiscutable. Je me barre avant la fin (faut pas déconner non plus) en songeant que les gars de Slipknot doivent avoir un problème avec leur complexe d'Œdipe pour être aussi méchant, et je me dirige sous le chapiteau où Groove Armada met un feu incroyable. Le duo porte on ne peut mieux son nom, et retrouvant enfin les visages amicaux de mes voisins de camping après cette après midi de solitude, je reste un moment à profiter de l'ambiance survoltée d'une electro-tek carrément dancefloor avant de me diriger du côté de la plage pour High Tone.
J'arrive au début du concert de Shetou en regrettant un peu de m'être dépêché de quitter le chapiteau : un rock indus bizarre et une prestation de scène statique envoient valser mes neurones dans la mauvaise direction, je me réveille à la fin du live la tête dans le sable et apprend qu'il va falloir attendre encore une bonne demi-heure avant de voir débarquer les lyonnais de Jarring Effects. Il est tard, dégoûté et épuisé, je me dirige péniblement vers la sortie du festival, abandonnant du fait les derniers jetons à bière qu'il me restait en même temps que mes aspirations dubesques.


De mon côté, la grande claque de la soirée fut le concert intimiste et tout de même hype de The Rapture sur une scène de la Plage inondée par un superbe coucher de soleil. Je suis à bloc avant même que ça commence, j'ai même lacé mes Air Force One pour mieux représenter sur le tubesque House of Jealous Lovers…


The Rapture


Il faudra cependant attendre la fin du concert pour pouvoir m'atteler à cette tâche, le single attendu de tous venant clore un live d'une heure de toute beauté, bercé par le clavier de Olio, les samples galactiques de Killing et surtout la voix haut perchée du chanteur. A noter la polyvalence de la majorité des musiciens, qui passent sans aucune difficulté d'instruments acoustiques au matériel électronique que leur a prêté DFA, et puis bon, le public a répondu présent, ça fait tout de même plaisir. Seul bémol, la ballade Open Up Your Hearth a été gâchée par le concert de Slipknot, qui couvrait la guitare du chanteur malgré le fait que les hostilités se déroulaient à l'autre extrémité du festival…


Après avoir assisté à la conférence de presse des même Rapture (très accessibles, soit dit en passant), je retourne pour la dernière fois au camping, où j'entends Wak refaire à sa manière le concert de Slipknot. Je l'accompagne quelques secondes dans ses cris cathartiques et vais me blottir dans les plumes imaginaires de mon sac de couchage…


Le lendemain, il est grand temps de se remettre à boire de l'eau. La fête est finie, et c'est toujours avec amertume que l'on voit le camping, où 4 jours en dehors du temps se sont écoulés, se vider progressivement de sa faune bigarrée. On m'apprend que le pape est mort, vu l'état du type qui me sort ça, je me contente de sourire et me surprend à balancer un " c'est pas trop tôt ". Quelques irréductibles ne semblent pas vouloir partir, mais il le faut, pourtant, quitte à s'arrêter à la première aire d'autoroute pour encaisser la fatigue angoissée d'un retour laborieux. On parle déjà de l'année prochaine, on fantasme sur la prog. Retour sur terre sans parachute tandis que la ligne blanche nous éloigne un peu plus de nos délicieux égarements…



par WakMc
le 15/07/2004

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