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World's End Girlfriend + Mono

: @ Glaz'art - 24/11/2005



Notre compte rendu

Jeudi 24 novembre 2005. Il pleut. Je suis perdu dans le Parc de la Vilette, novice en matières parisiennes, alors forcément perdu, tu sais.

Quand j’arrive, parce que j’arrive forcément, c’est bondé, déjà. Musique d’ambiance, absurde comme toujours, comme souvent, forcément, ça s’arrête. Je ne sais pas quand ça commence vraiment, c’est une intro longue, qui te noie. Il est seul, laptop de rigueur, caché derrière. Tu sais, ça s’appelle World’s End Girlfriend. Quand ça part, c’est vraiment fort, étrange, comme si tu entrais dans une espèce d’ère post-électronique. Comme si la différence entre l’analogique et le digital s’était effondrée il y a longtemps, comme si tu ne le savais pas, mais lui, oui. Effondrée cette distinction, ce qui se passe, c’est qu’entre laptop et guitare électrique, une forme d’unité se crée, unité qui se transmet à la façon dont s’enchaînent les phases de la musique : nappe electro, rugissements, rythmes tout en breaks, scansion post-rock qui se transforme en valse et réciproquement. Et réciproquement jusqu’à ce que ce rythme, ce motif esquissé à la guitare s’achêve en structure générale.

Je dis l'ère post-électronique mais, c’est bien plus que ça, tu l’imagines. La musique, c’est toujours plus que ça, c’est toujours plus qu’une histoire d’histoire, d’ères qui se suivent. Simplement, en parlant comme ça, on peut comprendre que quelque chose s’est passé et que ça se répercute sur scène. "Post-électronique", ça ne veut pas dire que tout est confus, ça veut dire que ça s’imbrique, ça se tient, s’enchaîne, circule d’une phase à une autre, se produit avec un naturel retrouvé puisque, justement, c’est après l’électronique, après, en somme, la culture portée à son plus haut point (temporairement).

Tout ça, c’est occidental, forcément, mais la musique de World’s End Girlfriend, mise à part quelques voix samplées qui rappellent son origine à notre souvenir, c’est occidental, c’est tellement occidental que ça en devient dérisoire. Quand il réplique notre manière souvent pompeuse et grandiloquente d’aborder la musique, tu comprends qu’il joue avec ses références, nos références, qu’il les exploite, qu’il les domine, s’en amusant avec un sérieux tout oriental... j’imagine.

Alors, forcément, après ça, Mono, c’est un peu, comment dire ?
- Monolithique ?
- Si tu veux.

Comme l’ère est post-électronique, la cohérence, pas besoin de la chercher bien loin : digital ou analogique, ça se tient, ça s’enchaîne, etc. Simplement, entre le set complet, total, dirais-je, si j’en aimais le mot et le concept, seulement interrompu par des applaudissements impromptus, les miens en étaient, je te le confesse, et ces pièces qui sonnent entendues, il y a un monde. Un monde de différences en un même pays qui se fait entendre ici par des musiciens expatriés. C’est peut-être que la musique n’est pas affaire de localisation géographique, mais de territoires explorés, inventés, des territoires à peupler de sonorités.

Mono, non, ce n’est pas monolithique. C’est même tout sauf monolithique. La plupart du temps, tu sais, ça progresse. Tout le monde sait que ça progresse, que ça évolue. Calme et puis pas-calme et inversement. C’est d’ailleurs ça que tu pourrais leur reprocher toi aussi. Enfin, j’imagine. D’autant que tout est question d’imagination, d’imaginaire même, même si ça passe essentiellement par les oreilles, oublie un instant que "l'imagination" c’est d’abord visuel et entends ceci : Mono a fait autant pour dépeupler mon imaginaire que World’s End Girlfriend pour l’envahir, le submerger le temps d’un set, le remettre en question, me poser des questions.

Alors, tu sais, ce que j’en pense, c’est que ça tient à peu de choses l’intérêt que l’on peut porter à la musique. Parfois, c’est là. Parfois, pas. World’s End Girlfriend. Mono. C’est aussi simple que ça, finalement, la musique, ses circulations, ses passages, ses transactions d’une unité corporelle à une autre.

par Jérôme Orsoni
le 28/11/2005

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