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La Caution

: Interview avec La Caution



Quelques jours avant leur époustouflant concert au Nouveau Casino, Nikkfurie nous a accordé une heure pour répondre à nos nombreuses questions :

En 2005, La Caution c'est qui ? Quel est le rôle exact de Saphir, qui vous accompagne ici ou là ? Est-ce qu'il arrive à Hitekk d'intervenir, même au seul niveau des idées, sur la conception sonore ? Quelle place exacte pour Dj Fab ? En fait toutes ces questions un peu pour se présenter. 


En fait La Caution en terme de groupe, pour la conception des albums ça a toujours été Hi-Tekk et Nikkfurie, donc mon frère et moi. Mais sur scène on a une formation qui inclut DJ Fab, qui est notre DJ depuis maintenant 5-6 ans je crois mais qui fait partie intégrante de La Caution et Saphir qui nous accompagne partout et qui est considéré aussi comme un membre à part entière du truc. Il fait partie des Cautionneurs et à la base faisait partie de ces plus jeunes du quartier qui commençaient à rapper, "nos petits" comme on les appelait à l'époque. Maintenant y'a plus trop de différence d'âge, quand tu as 24 ans tu peux marcher avec quelqu'un de 28-30 ans c'est pareil quoi.


Vous faites forcément pas mal référence à Noisy-Le-Sec. Vous y vivez toujours ? Avec un morceau comme "Souvent" vous évoquiez ce qui est d'une certaine manière la vie du galérien moyen en banlieue parisienne. Est-ce que c'est une ville représentative, qu'est-ce qu'elle a de particulier, est-ce qu'elle a toujours une influence importante sur votre travail ? 


Pour tout te dire, on a jamais déménagé de Noisy-Le-Sec, pour ma part je suis même né à Noisy-Le-Sec donc c'est une ville qu'on connait hyper bien, c'est la banlieue, la Seine St-Denis, c'est pareil partout avec des endroits où c'est pire, des endroits où c'est plus cool, c'est des tours et des gens parqués qui se ressemblent. Y'a ses mauvais cotés, y'a aussi des bons cotés. Des soucis que tu peux avoir tu peux tirer une amitié avec un cercle restreint de gens qui deviennent limite comme tes frères. Mais voilà nous c'est ce qu'on connait, c'est ce qu'on essaye de dépeindre en globalité à savoir voilà nous on est des banlieusards à 100%, fils d'ouvriers, fils d'immigrés, mais on kiffe les gens qui vont de l'avant. La culture elle est ni faite pour les arabes ni faite pour les noirs ni faite pour les blancs, elle est faite pour n'importe qui et nous on a toujours eu ce cheval de bataille d'essayer d'aller de l'avant. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui on peut même être classés bizarrement du fait qu'on est de banlieue, on parle de banlieue mais que notre musique peut concerner des gens de tout autre horizon et ne pas être stigmatisée par le fait qu'on vient de banlieue et justement moi je trouve ça hyper frais d'avoir réussi à faire ça.


"Peines de maures" illustre bien d'ailleurs votre style appliqué à un sujet brûlant de l'actualité : le problème des banlieues. Même si c'est un peu un lieu commun de dire ça, est-ce qu'il n'y a pas là une progression en maturité, vous étiez enfin prêts pour aborder ça ? pourquoi l'avoir un peu moins aborder dans "Asphalte Hurlante" ? 



Ben si tu veux avant "Asphalte Hurlante", on avait déjà sorti "Les Rues Electriques" qui avait fait figure d'OVNI dans le paysage. Mais les gens ont super bien accueilli le truc en général comme par exemple les gens, on va dire un peu déçus du hip hop français d'une époque, qui ont pu renouer avec quelque chose qui leur rappelait peut-être l'énergie qu'il pouvait y avoir au début du hip-hop . Nous quand on pensait sortir notre premier album, on voulait presque uniquement montrer nos skills en gros, et c'est ce qui fait qu'on est pas forcément rentrés dans des trucs trop introspectifs. Je pense qu'on aurait pu faire des morceaux comme "Peine De Maures" ou "Thé A La Menthe" à cette époque là. "Thé A La Menthe" qui date d'ailleurs de pas très longtemps après la réédition d'"Asphalte Hurlante", à quelques mois près, il aurait pu être dans la réédition. Maintenant on a peut-être plus de maturité au niveau de la vision de comment porte notre musique. Cette maturité elle vient de par exemple, en concert, tu vois qu'untel a aimé tel morceau pour un truc, que toi t'as vu bien sûr mais peut-être des fois indépendamment de la volonté première du morceau, et c'est ce qui est mortel et c'est pour ça que le titre "Arc-En-Ciel Pour Daltoniens" a pris toute son ampleur parce qu'on se disait , nous on envoie un morceau qui pour nous est rouge et le mec le voit vert mais le kiffe autant , ça reste un arc-en-ciel . En gros ce qui a changé, c'est peut-être cette maturité de la vision de la portée de notre musique.


Vous êtes un peu dans une situation étrange au niveau du public. Vous faites le bonheur des gens qui aiment le rap sans considérations de chapelles, mais d'après les réactions lues sur des forums, il y a les mecs plus ou moins branchés qui écoutent surtout TTC et le Klub des loosers et qui auront tendance à vous trouver trop identitaires et revendicatifs et d’un autre côté, y’a les mecs qui sont dans le rap street et qui vous taxent justement du contraire, à savoir soit de ne pas faire du rap, soit de faire du rap trop électronique et basés sur des jeux lexicaux en passant complètement à côté de votre dimension réaliste. Vous subissez cet état de fait ou vous avez espoir justement de cassez des préjugés sur ce que doit être le rap, sur ce qu'il faut faire et pas faire ? 


Nous disons que ça nous dérange absolument pas qu'un mec qui .....par exemple tu parles du Klub des loosers, de TTC. TTC sont des très bons amis, on se connait depuis très longtemps, on a énormement de respect pour leur musique et réciproquement mais si tu veux on est pas socialement et humainement les mêmes personnes. On s'en fout de la personne qu'on a en face de nous, d'où elle vient, qu'est-ce qu'elle a fait, on est pas là pour mentir. On est obligé de parler de ce qui nous concerne parce que de toute façon le mensonge et la non authenticité dans la musique elle se voit à plein nez. Par exemple, tu vas écouter un truc comme Alibi Montana, ça peut te concerner ou pas mais en tout cas c'est quelque chose qui va être authentique, tu vas ressentir un truc. Nous, on estime pas avoir le cul entre deux chaises. Le gros problème est venu de l'appellation "électro", alors que ce mot est hyper galvaudé. L'électro qui nous a fait faire notre musique, c'est pas Aphex Twin, certainement pas, on trouve ça mortel, y'a des trucs chanmés mais des groupes comme OST (?), 3V (?), les premiers trucs de Ice-T, c'est cet électro limite entre la funk et le hip hop qui a donné des titres comme "Les Rues Electriques". En évoluant maintenant, t'as des trucs qui peuvent te faire penser à de l'électro d'aujourd'hui et cet électro là est on ne peut plus hip-hop en réalité mais les gens l'ont peut-être oublié ou alors peut-être ils n'ont pas assez de culture pour revenir vers ça. Donc nous finalement on fait la musique qu'on aime avec notre vécu et si on rentre pas dans les cases de ceux qui aiment TTC mais qui nous aimeront pas parce qu'on est trop street ou ceux qui aiment Rhoff ou Booba qui nous aimeront pas parce qu'on est trop électro tant pis, franchement on en a rien à foutre. On en souffre pas le moins du monde parce qu'on arrive à concerner des gens. Tu sais, dans le rap, on a un peu oublié que tout le monde n'est pas un braqueur ou un dealer, nous on vient de cité et on a aucun problème. Dans le premier album on disait "C'est le monde à l'envers je côtoie des dealers et des personnes pieuses, des sportifs des haineux des mecs simples et ces mecs en bleu" c'est vraiment un ensemble tu vois, tout le monde n'est pas un braqueur en banlieue et nous on essaye de revendiquer ce truc.


Par rapport à ça , à ces différents styles de hip hop y'a pas mal de groupes à propos justement des évenements récents qu'il y a eu dans les banlieues qui balancent des grosses phrases genre "j'baiserai la france jusqu'à ce qu'elle m'aime" et tout ça et d'autres gens qui font contrepoids et qui voudrait carrément que le hip hop soit interdit d'antenne partout . Vis à vis de ces groupes là vous vous positionnez comment , tu penses faire passer plus ou moins le même message mais pas forcément avec la même virulence ?
 


Nous tous ces groupes là on est de leur coté entre guillemets parce que nous on voit le truc de l'intérieur. Alors effectivement tu vois le truc de l'extérieur tu te dis "ouais ils brûlent des crèches, ils brûlent des voitures etc etc" mais si tu veux la notion de ce que tu brûles, c'est pas le truc à prendre en premier. La question principale c'est, la spontanéité d'aller brûler elle vient d'où? Personne n'est né en se disant "tiens frais j'vais brûler des bagnoles", personne n'est né pyromane et c'est vraiment cette spontanéité que tu peux retrouver dans des disques de rap plus ou moins hardcore dont je pense qu'on fait partie. On fait partie des gens qui arrivent à 30 ans, qui n'ont jamais été ni intégrés ni quoi que ce soit . En fait les politiques, on vit pas avec eux, on en a rien à foutre, le problème c'est dans la vie de tous les jours, quand quelque part tu vois très bien que non tu n'es pas français. Au bout d'un moment si en plus toi t'es bloqué, t'as aucune passion, tu connais que le quartier ben les réactions elles sont imprévisibles. A Clichy-sous-Bois tu vois tu peux acheter un f5 à 10 000 euros, dans ces endroits là c'est une autre réalité sociale. Si tu veux c'est même pas une histoire d'excuser le geste, c'est une histoire de compréhension, c'est on va dire instinctif, une spontanéité du geste qu'est pas forcément à calculer mais je pense qu'on peut la comprendre. Les jeunes de chez nous quand ils ont brûlé les trucs ma voiture était pas très loin, elle aurait pu cramer c'est clair et net que ça aurait été chiant mais si tu veux malheureusement chaque révolte a son lot de conneries mais qui sont pas préméditées sinon elles auraient été faites avant. Au final je pense que nous on a le même discours parce qu'on vient de banlieue. Comme on dit dans "Thé A La Menthe" " On a côtoyé le vice sans jamais faire le saut périlleux", c'est une histoire de choix à un moment donné.


Pour revenir à ce que tu disais avant, un morceau comme "Thé à la menthe" je le perçois comme une manière de dédramatiser et d'utiliser l'autodérision et l'ironie par rapport au racisme quotidien et de la même manière dans "Glamour sur le globe" vous dites "pourquoi le sportswear serait notre toison", ça semble aussi une façon de déconstruire les clichés qui existent sur la cité. Cela se ressent aussi dans les sons, assez légers. Et d'un autre côté il y "Bancs de poisons" ou "Revolver avec plus de gravité dans l'ambiance. Ce sont deux manières différentes de provoquer la prise de conscience par rapport à l'image galvaudée qu'on peut avoir des banlieues ? 


C'est clair. Par exemple, dans "Revolver", on survole un peu le truc, c'est un peu egotrip street, c'est un peu le style des Cautionneurs mais c'est vrai que dans "Thé A La Menthe" l'ironie est utilisée pour dédramatiser et pour se dire bah finalement voilà on a pris sur nous, on est là . C'est vrai que nous on habitait dans une cité de prolétaires où des gros cons disaient "sale arabe" à des enfants, c'est pour ça aussi que le clivage "ouais les riches sont des racistes et les pauvres sont super frais" c'est archi faux y'a des gros bâtards chez les pauvres qui sont « sur-fachos ». Nous on a une théorie un peu acerbe sur le prolétariat qui fait qu'on est tous un peu des capitalistes dans une sorte de salle d'attente comme on dit dans "Personne fusible". La démagogie d'un Besancenot qui reste facteur c'est pas trop notre truc même si dans son discours y'a énormément de choses biens. C'est vrai que faut arrêter, on est là, on est dans la socièté de consommation, on fait partie de ce paysage. Mais y'a des cons dans toutes les ambiances et des fois ça peut etre super casse couille. Comme récemment on allait à une radio à Pau, je me suis fait contrôler 3 fois dans la même journée! J'ai 28 ans tu vois j'ai plus 15 ans où tu peux croire j'sais pas que je vais voler un truc, casser une vitre. C'est saoulant mais au final y'a tellement de gens biens dans les français de souche que c'est impensable et super con de généraliser. Après faut pas oublier ton background, et par exemple les grands frères de l'époque ont subi des trucs encore pires avec l'héro ou le racisme à des levels encore pires. On a évolué, on en est plus là mais maintenant faut être quand même lucide y'en a 20% qui vont mettre leur truc dans les urnes, y'a les De Villiers et compagnie, y'a ceux qui aiment les arabes mais pas les noirs, y'a ceux qui aiment les noirs et les arabes fashions mais pas les musulmans etc... La démagogie a fait beaucoup de mal aux rapports raciaux en France, surtout quand t'as un membre du haut conseil à l'intégration qui se déclare islamophobe, ce qui est son grand droit y'a aucun problème tu peux être chez toi et être totalement contre l'islam chacun a sa manière de voir la spiritualité, mais ne vient pas travailler sur l'intégration de 5 millions de musulmans si tu es dans cet état d'esprit. Comme la démagogie autour du port du voile qui en réalité ne casse les couilles à personne, chacun fait sa vie. Et ces gens là en même temps sont des exemples d'honnêteté, c'est très rare de voir une fille voilée avec un casier judiciaire ou un mec dans la religion avec un casier judiciaire donc à un moment donné faut arrêter y'a pas de danger. Et tout ça ça nous a stigmatisé et ça a créé des nouveaux racistes. Même dans la musique y'a eu aucun truc contre cette démagogie, c'est pour ça que nous on a justement appelé notre album "Peines de maures" parce que tu commences à avoir des trucs hyper tendancieux dans la presse venant d'artistes comme Sardou par exemple. Et ça plus toutes les campagnes qui jouent sur la peur ça gonfle les votes en faveur des racistes. Ca devient un peu tendu, ok il faut être ferme avec les choses dangereuses etc mais faut pas faire de démagogie.


Justement tu parlais du voile et du communautarisme, qu'est-ce que tu penses de la variante américaine qui privilégie la pluralité des communautés en cohabitation pacifique (généralement méprisée en France au motif "cohésion nationale") et la discrimination positive ? 


Ben ils trouvent des remèdes à leur démagogie en fait. Depuis le 11 septembre là si tu regardes bien tous les sujets étaient centrés sur l'insécurité, le terrorisme, l'excision alors que c'est des faits divers. Sinon tu vois "Ni putes ni soumises" et ben je n'ai rien à recevoir comme éducation de "Ni putes ni soumises", je n'ai jamais frappé, violé, brûlé ni ma soeur ni ma meuf ni ma mère. Tu vois à un moment donné faut arrêter ce truc de ouf parce que là ça en devient super énervant, on est pas des guedins, on a la même éducation qu'un français qui a vécu dans les cités ou qu'un chinois qui y a vécu. Mais ça fait du chiffre, de l'audience tout ça donc effectivement eux maintenant vont te sortir la discrimination positive ou la cohésion nationale comme un remède au communautarisme. Moi personnellement j'affirme qu'il n'y a pas de communautarisme arabe ou musulman en France. Le seul communautarisme qui existe et qui crée un regroupement naturel c'est le communautarisme "français de souche" dans le sens où la discrimination à l'emploi est le communautarisme le plus violent qui puisse exister parce qu'à partir de ce moment là t'es obligé de laisser les autres entre eux. Donc à un moment donné faut attaquer le problème à sa racine et arrêter de dire n'importe quoi comme l'autre avec ses histoires de racaille. Dire ça à des jeunes de 15 ans c'est leur dire tu seras une racaille toute ta vie, ils sont stigmatisés à vie. Y'a la prison pour ça, y'a la justice pour ça, pour te faire comprendre les choses et tu peux faire des conneries à 15 ou 16 ans et devenir un bon citoyen après. Pour le moment le racisme a toujours une énorme part dans tout ça même s'il est inconscient, même si les gens sont alimentés par des phrases genre" Le Pen pose les bonnes questions mais n'a pas les bonnes réponses", c'est des phrases affreuses ça. Le problème de l'agriculteur en Corrèze c'est pas la tour pleine d'arabes et de noirs, c'est pas du tout ça y'a énormément de problèmes en France mais on parle que de ça donc effectivement à un moment donné on bluffe les gens qui payent des impôts énormes pour rien, parce que rien n'est reinvesti dans ces banlieues donc quelque part c'est un faux problème le communautarisme. Aujourd'hui un mec qui veut suivre sa religion tranquille, il peut être sur écoute! A un moment donné faut quand même la présomption d'innocence tu vois , tant que t'as rien fait voilà quoi. On y peut rien si y'a des faits divers, moi j'y peux rien et les USA je m'en bats les couilles. Tu vois y'a des problèmes au Sri Lanka, y'a des problèmes au Groenland je vais pas me focaliser sur les USA, je m'en bats les couilles de ce qu'il s'est passé là-bas, je vais pas passer mon temps à comprendre que aujourd'hui on peut peut-être stigmatisé mon père ou moi parce qu'on a la barbe parce que machin, nan chacun fait ce qu'il veut. Tu vis ta spiritualité comme tu l'entends si tu fais un truc et ben effectivement faut aller en prison et là ils auront raison de t'enfermer mais on te surveilles pas, on te contrôles pas pour rien du tout et tout le temps. Tu vois, c'est juste ça. Ce serait ça la meilleure réponse pour moi plutôt que la discrimination positive.


On va parler un peu musique maintenant, on va parler de ce double album, voir si on peut faire un lien avec "Asphalte Hurlante". C'est vrai qu'il y a un peu une réutilisation du son des synthés par exemple un morceau comme "Chômage voitures nuits blanches" aurait pu être sur "Asphalte Hurlante" il aurait pas du tout dénoté (d'ailleurs je te coupes deux secondes y'a des mecs sur notre site qui sont tellement forts qu'ils ont reconnus le synthé qui est utilisé sur "Chômage voiture nuits blanches", c'est le même que celui qui est sur "Souvent" et un autre mec qui a reconnu les grelots de "Monde libre" qui sont les mêmes que ceux de "Casquettes grises" et là j'étais égaré quoi) et donc justement est ce que vous étiez à la recherche de cet équilibre , sur le fait de préserver votre identité qui a fait votre réputation? Par rapport à ce deuxième album est ce que vous vous sentiez une responsabilité par rapport au succès qu'avait eu "Asphalte Hurlante" ? 


Ben en fait ouais y'a une sorte de cohésion assez rapide entre les deux albums sur quelques morceaux comme "Chômage voitures nuits blanches". Finalement au niveau de la griffe sonore tu peux voir énormément de rapprochement sur un peu tout ce que j'ai fait mais c'est vrai qu'il y a une différence claire dans l'orientation. Et là, le fait de se dire de partir sur plein de morceaux tu te dis à chaque coup "ouais je vais essayer un nouveau truc, on va essayer d'aller vers là" et dans les thèmes t'arrives à justement ouvrir le panel de ton style à plein de choses et je pense que là on a franchit une étape. J'ai vu sur Internet des inepties de guedins à savoir ouais on a fait des morceaux clubs chose qu'on avait pas fait avant; les mecs ils ont oublié qu'on est arrivés avec "Les rues électriques"... Nous on a toujours eu un truc entre le populaire qualitatif et le pointu et on a continué comme ça sur 31 titres. Ca nous a permis de nous éclater et d'avoir vraiment plein de vibes et c'est vraiment ce qu'on a voulu faire quoi.


Sur le second disque, il y a des sons étonnants, des guitares, des refrains variété haut de gamme... D'où viennent ces inspirations ? Vous écoutez de la musique chacun depuis quand, c'est quoi vos références de gamin ? En tant que frères vous partagiez quelles expériences musicales ? 


Ben y'a des trucs qu'on partage, d'autres qu'on partage moins. Moi j'ai beaucoup plus le coté pop, pop dans le sens de Michael Jackson à la new wave. On a pas refoulé nos influences indirectes à savoir que j'ai jamais acheter un disque de Duran Duran mais quand on était petit ça caracolait en haut du top 50 ce qui fait que ce genre de choses là c'est des notes qui sont rentrées dans ta tête quoi qu'il arrive. Sinon énormément d'autres choses, de la musique que notre père écoutait, de la musique égyptienne, de la musique marocaine, du chaâbi et toutes ces choses là. Finalement c'est ce qui rend plus fort et plus humain notre musique. En tout cas sur ce deuxième album, je me suis dit voilà autant aller vers ça même si nous on a un coté peut être plus agressifs quand on compose. On a utilisé en tout cas toutes nos influences directes et indirectes pour en faire quelque chose d'hyper personnel et je pense que par exemple un morceau comme "Dernier Train" n'a pas d'équivalent dans le rap, c'est une sorte d'hybride entre le hip hop, la funk et un peu la new wave. Donc voilà quoi en gros on ne refoule aucune influence et on les utilise pour en faire notre hip-hop.


Vous pouvez nous retracer le processus par lequel "Peine de maures / Arc-en-ciel pour daltoniens" a pris forme tel qu'il est commercialisé aujourd'hui ? Quand avez-vous enregistré les premiers morceaux, à quelles périodes correspondent les diverses tendances sonores? Et plus globalement, quelles étaient vos intentions avec ce double album et ce que déjà dès le départ vous saviez que vous vouliez faire un double album ? 


En fait non, en fait on a commencé à faire des titres et la première image qui nous est venue c'est "Peine de maures" et c'est vrai que la première fournée "collait bien" à cette image là, pas sombre mais assez agressive et limite représentative des quartiers. Tu vois même un morceau comme "Ligne de mire" qui est très funk c'est vraiment un truc qui peut représenter les trucs de quartier. Mais j'ai énormément bossé, fait beaucoup de sons, même des fois pour des trucs qui n'allaient pas forcément être pour La Caution comme "Dernier train" et "Comme un sampler" qui à la base étaient fait pour être dans un éventuel projet instrumental. Mais au final je me suis dit si justement un truc comme "Comme un sampler" qui tourne à 147 BPM on arrivait à faire un truc qui tue dessus ça pouvait être vachement bien. Y'avait un côté dans les sonorités kitsh qui me rappelait "You talk too much" de Run DMC mais au final le morceau ne rentrait pas dans l'idéologie que peut amener "Peine de maures" comme titre alors on s'est dit bon là on commence à avoir des morceaux comme "Comme un sampler" "Connasse" "Dernier train" qui n'ont presque rien à voir donc pourquoi pas commencer à faire un double album mais avec deux titres différents. Et à ce moment là on avait l'image "Arc en ciel pour daltoniens" qui est venue et qui collait vraiment parfaitement à ce truc là si bien que dans un certain niveau on peut dire qu'"Arc en ciel pour daltoniens" est une métaphore artistique de "Peine de maures". Ca résume aussi bien la dualité qui peut justement rebuter certains dans chaque extrême comme on disait dans le hip-hop "nouvelle vague" ou le hip-hop "caillera". Mais par exemple une radio comme Générations, qui nous a grave suivi, nous fait plaisir parce qu'elle a finalement compris qu'on a fait notre hip hop mais que ca reste du hip hop et que c'est le genre principal qu'on aime et qu'on aimera toujours. C'est pas le grime ou le crunk ou le machin, y'a des trucs grime qui tuent, y'a des trucs crunk qui tuent mais c'est vrai que pour nous le plus grand groupe de l'histoire de la musique c'est Run DMC donc à un moment donné si ça c'est pas hip hop et ben on a pas la même définition et puis point barre nous on va continuer notre truc.


Qu'est-ce qui vous fait vibrer en rap et en matière de musiques électroniques aujourd'hui ? 


En rap par exemple euh bon c'est pas une nouveauté mais les mecs de Quannum c'est des mecs qu'on trouve vraiment très très fort même si des fois ils sont peut être desservis par des sons un peu trop space. Mais les trucs funk qu'ils font sont monstrueux en terme d'écriture et de flow, c'est vraiment quelque chose de ouf. Sur le dernier Blackalicious "The craft" j'ai pas été vraiment choqué par les sons, y'a des purs trucs ça reste du bon mais au niveau du rap c'est pas loin pour moi d'être les meilleurs mc's au monde et je pense que pour Hitekk c'est pareil. On a pas écouté énormément de trucs ou sinon des trucs mainstream de The Game à Jay-Z. Le dernier vrai son qui m'a retourné le cerveau c'est "99 problems" de Jay-Z et j'allais en mettre ma main à couper que c'était produit par Rick Rubin. Un peu comme le Red Hot, "Can't stop" où je vois le clip et je me dis "merde pourquoi j'aime ça" et quand j'ai vu produit par Rick Rubin j'ai fait "ok" . Ce mec là est un génie de la musique tout court et il a amené énormément de choses au hip hop. Mais sinon là on est pas rentrés dans tous les albums qui sont sortis parce qu'on a bossé énormément. En musique électronique, quelque chose qui m'a choqué... euh je vois pas vraiment, y'a eu des trucs bien mais la tendance peut être trop fashion m'a un peu saoulé, les trucs sont bien mais point barre, j'ai pas été passionné par de grands trucs. Après Hitekk qui n'est pas là , je m'excuse de sa part , il a raté votre invitation, peut être que lui a eu plus de temps pour découvrir d'autres trucs. Mais moi vraiment le dernier truc que j'ai vraiment bien kiffé c'est Blackalicious.


Vous pouvez nous présenter en détail les différents invités (Siskid, Les Cautionneurs, Mai Lan), la façon dont vous les avez rencontrés et dont vous avez travaillé avec eux ?


Les Cautionneurs c'est normal, on se connait depuis tellement longtemps, on a rappé ensemble etc... Mai Lan c'est via Kourtrajmé. Ca fait un moment qu'on la rencontre, elle a un pur délire d'écriture et de chant genre assez dark mais en même temps hyper "Dido", "Sade" ce genre de choses. China c'est une pure chanteuse. On était peut être pas hyper à fond dans ses albums par contre en live tu vois la meuf c'est une Kelis quoi, elle a énormément de talent et on voulait faire un morceau avec elle. On l'a amené dans notre délire et ça l'a grave fait, on est hyper contents. Siskid je le connaissais super rapidement par le biais de la Superfamilleconne, j'avais kiffé le morceau "Enigma" sur le maxi d’Animal Machine, j'avais même préféré la version rock. Un jour on se rencontre et il me dit que c'est lui qui chante et qui fait les grattes dessus. Je me suis dit "putain! Mais t'es Siskid le DJ?". Après je lui ai dit que j'étais épaté par son talent et comme on voulait justement faire un morceau qui rappelait ces ambiances eighties, lui avec son style anglais collait parfaitement pour le faire. On a tenté le truc, il a amené sa gratte et je pense que ça donne un autre visage à l'album et c'est mortel.


En ce qui concerne la diffusion, c'est Kerozen avec un deal de licence avec Wagram (euh en distribution chez wagram) pour cet album là, c'est comme ça que ça fonctionne ? Que représente Kerozen aujourd'hui ? Un projet à développer ? Une garantie d'indépendance et de contrôle de vos side projects ? 


C'est aussi ça mais faut aussi voir les choses en face c'est faute de mieux. Tu ne montes pas ton label indépendant face à une proposition mortelle de major, ça n'existe pas. Personne ne va faire ça parce que faut dire ce qui est, tu fais de la musique, tu décides d'en faire ton métier et on te propose un truc mortel où tu vas bien moins te casser les couilles et pouvoir vivre de ta musique bien plus facilement tu signes tout de suite. Nous ça c'est pas présenté parce qu'on est atypiques et c'est peut-être plus compliqué de comprendre et de se dire comment travailler "La Caution". En réaction à ça on a monté notre propre truc et pris le truc au sérieux parce que pour ne pas sortir un disque pourri faut que le truc soit hyper carré limite que l'auditeur ne sente pas la différence avec un produit de major. Donc on fait avec les moyens qu'on a. On a énormément de lacunes financières etc mais voilà on se démultiplie, on arrive finalement à travailler en autarcie et à faire quelque chose de bien. Ca nous permet aussi d'avoir une vitrine juridique et légale de "La Caution" pour pouvoir être réactifs plus vite sur nos envies. Par exemple, "Crash Test" ça s'est fait sur un coup de tête avec Chateau Flight, et le faire et après aller démarcher ca aurait pris 25 mois et si ça se trouve ça n'aurait pas abouti. Donc voilà aujourd'hui on est hyper contents d'avoir notre propre label, on commence à maîtriser quelques trucs du business pur et dur, et ça nous permet aussi de garder un contrôle total sur nos disques. En même temps une major je pense pas que quand on te signe on essaye de te faire changer quoi que ce soit, si on te signe c'est qu'on a le parti pris de te faire faire ce que tu sais faire et donc à ce moment là cette espèce d'utopie du "on t'a forcé à faire" ça n'existe pas. Mais sinon on travaille beaucoup !


Justement t'as parlé de Crash Test, est-ce qu'il va y avoir une suite ou est-ce que vous avez d'autres projets hybrides comme ça de prévu? 


Oui. Autant de notre côté que de celui de Chateau Flight, on envisage une suite, on en a parlé récemment parce que j'ai croisé Gilb'r et on pense qu'il y a vraiment quelque chose à faire de carrément ouf. Pour le Crash Test on est rentrés en studio et on ne savait même pas ce qu'on allait faire et au final je pense qu'on va y donner une suite. Maintenant on va essayer de prendre le temps de travailler ce double album sur la longueur donc c'est une histoire de planning plutôt que d'envie. L'envie est là quoi.


Bon, qu'est-ce qui se passe avec Kourtrajmé ? Slogans sur l'intérieur de la pochette, buzz un peu partout sur Internet... D'où vient la connexion ? Vous semblez vous impliquer de plus en plus dans le travail visuel, notamment Hi-Tekk. 


On s'est rencontrés y'a un petit moment quand même et les mecs ont un pur délire. Les courts métrages qu'ils faisaient c'étaient des trucs de ouf , l'ambiance à l'arrache, spontanée mais talentueuse c'est un peu là dedans qu'on se reconnaît car on fonctionne un peu de la même manière. Après j'avais aussi fait quelques sons sur les courts métrages pis maintenant on marche ensemble depuis tellement longtemps... On fait partie de Kourtrajmé en tant que musiciens, Hitekk réalise aussi, il a réalisé le clip de "Thé à la menthe" qui va bientôt arriver, "Code barre" plusieurs choses donc c'est un peu la famille quoi.


Alors il va ressembler à quoi ce clip de "Thé à la menthe", tu peux en parler ? 


Ce clip va être un peu comme le morceau, assez golri, assez fun c’est-à-dire à l'image du morceau. On a pas voulu faire l'histoire du morceau pour pas non plus que ce soit trop téléphoné mais le clip est assez fun, après je laisse la surprise aux gens....


Je voulais parler un peu du travail d'écriture et de votre le flow. Comment vous êtes arrivés à atteindre ce niveau d'écriture parce que sur cet album, c'est vraiment la musique qui répond aux mots et les mots qui répondent à la musique. 


En fait si tu veux déjà tout ce qui est rythmique dans ton son peut te donner la phrase rythmique de ton rap. Une fois je me souviens vers les débuts où on commençait à rapper, on avait enregistré un truc qui était pour l'émission de Mouloud à l'époque qui était sur 106.3. Il y avait un batteur et un bassiste qui étaient là et qui nous disaient "c'est marrant ce que vous faites on dirait des triolets de batterie" alors que pour nous c'est limite instinctif, inconscient. Notre truc ça a toujours été la performance au niveau du flow. Tu vois un mec comme Busta Rhymes il a fait des trucs tellement incroyables en terme de flow, en terme de placement rythmique et tout que nous on se disait voilà faut avoir tes propres trucs, il faut réussir un truc difficile. L'écriture doit servir ça et en même temps rester sensée. Par exemple, on fait jamais du "caca pipi popo" juste pour que ça sonne, on essaye d'amener le sens au truc et c'est ce qui est mortel et qui fait que sur scène des fois les gens nous regardent avec des yeux ébahis en se disant "ah ouais quand même". Les gens qui par exemple nous découvrent, quand ils entendent dans "Connasse" "J'ai pris une décision décisive et sans omission un vizir en visite en civil dans ton officine...." avec le synthé qui suit le truc, avec ma gorge qui va craquer parce que tu peux pas reprendre d'air et tout ça, ils se disent "ah quand même". Et ce côté, je ne peux pas faire ce que tu fais c'est un peu la même chose que Ronaldhino dans le football où tu le regardes justement pour les choses que tu ne pourrais pas faire. On a toujours eu ce truc là de spectacle du flow et je pense que c'est l'essence même de notre rap.


Qu'est-ce que vous pensez du rap US "à gimmicks", du crunk qui peut se tourner parfois vers une surenchère absurde des mêmes mots-clefs... ? 


Nous on surfe sur aucune mode et surtout pas textuellement. Musicalement t'as toujours l'air du temps qui peut se ressentir sur un ou deux morceaux mais textuellement il est hors de question de surfer sur une mode ou quoi que ce soit. Nous y'a des délires entre nous, on utilise ça mais tout a été fait dans la musique. Les gens ont parlé d'amour, les gens ont parlé de problèmes, tous les thèmes ont été abordés dans la littérature, la musique, le cinéma mais pourtant ça continue à passionner les gens parce que l'homme est toujours là. Nous on reste fidèle à notre manière de voir les choses. On a des morceaux qui sont egotrip bêtes et méchants, comme "Je te hais " par exemple mais on utilise vraiment notre personnalité parce que si demain on fait un morceau qui va être ultra vulgaire dans un sens qui nous représente pas, ça va pas le faire. Y'a des trucs vulgaires dans ce qu'on a fait par exemple sur le premier album, sur plein de choses parce que c'est des délires mais pas parce que aujourd'hui c'est le crunk et que c'est assez cru vulgaire. Si demain le crunk n'y est plus, je vais pas repasser au conscient. La Caution même en première partie d'Assassin, qui faisait du surconscient, ben nous on faisait du Caution quand même et on continue à en faire et c'est justement ce qui plait à ceux qui aiment La Caution, on reste fidèles à nous mêmes.


Il y a un certains nombres de mots-clefs qui reviennent obsessive ment : nitroglycérine, incandescence, placebo, "mauvaise ambiance". Vas-y, ça veut dire quoi tout ça ?! 


Nitroglycérine euh c'est vrai Hitekk utilisait pas mal ce mot. En terme de sonorités c'est un mot qui sonne bien, qui peut rimer avec plusieurs choses.
Placebo, l'image de placebo c'est un truc qui peut aller à plein de choses, l'idée de métaphorer le mensonge ou le bluff de pleins de choses. C'est de la poésie urbaine.
Mauvais ambiance, c'est dans notre manière de parler en fait mais je te rassures entre nous on dit pas "ah tiens c'est un placebo de frites" (rires). Mais c'est un mot qui peut t'aider à faire passer une image plus forte.


Comment se passe la réception de cet album, je sais que vous avez commencés votre tournée, les concerts se passent bien? grosse ambiance à chaque fois? 


C'est au gré des endroits. Le premier concert était vraiment chanmé à Rennes, c'était "A contre sens" qui organisait, c'est des gens qu'on connait depuis longtemps, qui bossent avec nous sur le site et donc déjà y'avait ce côté là qui était cool. En plus les gens étaient hyper réceptifs, pur plateau tout ça et ben franchement cette date là t'arrives et tu te dis "si c'est comme ça tout le temps c'est chanmé". Mais y'a des dates où y'a une réalité de l'endroit, y'a des endroits où La Caution ça peut ne rien dire à la masse. Là on a fait que 3 dates (Rennes, Trappes et Pau). Même à Pau y'avait pas mal de monde, la salle était loin d'être pleine mais au début quand on est arrivés on s'est dit "putain ben ça va être un concert vite fait y'a pas grand monde" et au final quand même t'as ta masse de personnes aglutinées devant et c'est bien d'autant qu'il y avait d'autres concerts en face. Y'a des salles qu'on va je pense remplir, d'autres moins mais en général on a un bon accueil et on attend ça avec impatience parce que c'est vraiment là où tu prends du plaisir.


Le concert à Paris sera différent des autres concerts de la tournée ? 


Ben on va essayer de faire les morceaux en featuring en vrai quoi. Le concert à Paris va être dans la même énergie que les autres mais bon voilà c'est une date hyper importante pour nous parce que c'est un peu la date anniversaire de cet album, du début de tournée et donc ça nous tient à coeur. J'espère que ce sera blindé, on travaille le truc et j'espère que ça va grave le faire et que les gens vont venir passer un bon moment avec nous.


Merci beaucoup de nous avoir accordé un peu de ton temps


Sans problème. Merci à vous de réveiller le truc un peu, c'était chanmé.



Interview par Antoine
le 15/12/2005

Tags : La Caution

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