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Abstrackt Keal Agram

: Interview avec Abstrackt Keal Agram



Tête à tête avec Tanguy Destables et Lionel Pierres du duo Abstrackt Keal Agram. Fans de massacre à la tronçonneuse ou encore de Gangpol und Mit, les 2 protagonistes se dévoilent de façon simple... mais efficace.

Commençons par parler de votre nouvel album,"Bad triller", et de la manière dont vous l'avez composé..


Lionel : C'était pas du tout prévu que l'on sorte un album, a la base on avait décidé de sortir un maxi plus ou moins de chutes de "cluster ville" et à force de travailler dessus, nous n'avions plus rien des chutes et avions de nouveaux morceaux. On s'est dit pourquoi pas partir sur un album assez court, format que l'on aime beaucoup, après ça plait pas forcement aux gens mais je préfère faire un album de qualité court que plutôt long et un peu chiant.


Un album court par rapport au virage rock ?


Tanguy : C'est pas trop un virage parce que l'on a jamais vraiment enterré le rock, il a tellement de trucs de qualité sur des labels comme Touch'n'go avec Girls against boys, The Jesus Lizard ,qu'on a jamais arrêté d'en écouter et comme on a découvert les machines sur nos 2 premiers albums, on a foncé là-dedans et on ressortait nos grattes que pour les lives. Pour Bad Triller, on a préféré éviter de sampler les grattes et on s’est dit pourquoi pas les ressortir mais ce n’est pas un virage rock pour autant.. C’est la continuité d’Abstrackt puisque depuis le début on voulait retourner a ça : au lieu de les sampler, on les a jouées.


Donc les influences du coup, c’est comme tu disais, Touch’n’go, The Jesus Lizard ?


Tanguy : Pour ce qui est du rock oui, à la base c’est Nirvana, Sonic Youth, ça englobe aussi Beatles etc etc .. ! On est des gros gros fans des Chokebore aussi. Tout ça on l’a découvert à 17 ans, pareil pour le hip-hop avec les Beastie Boys quand on avait 16 ans donc aujourd’hui ça nous paraît normal de ressortir tout ça sans forcément se dire « Ah les Whites Stripes ça marche bien,on ressort les guitares »


Lionel : On pense pas du tout que l’avenir de la musique passe essentiellement dans la musique électronique, je pense a des labels comme FAT CAT et des groupes comme Animal Collective que je trouve largement plus novateur que d’autres groupes électros. C’est facile de sortir des sons bizarres d’une machine mais c‘est plus dur d’en faire sortir des guitares, Sonic Youth a été très très loin là dedans, personne n’a été aussi loin qu’eux, même si il y a des groupes qui vont encore dans ce sens là et c’est tant mieux !


Tanguy : Ah oui, Une influence que l’on ne cite jamais c’est Mr Oizo, on l’oublie tout le temps et pourtant c’est la grosse claque. Le mec il sort qu’un disque mais c’est le bon…


On sent une véritable Osmose avec M83, c ‘est pas toi Tanguy qui va me dire le contraire ( Il porte un t-shirt M83). Il font des reprises de vos titres sur scène, ils sont présent sur votre dernier album, c’est les artistes dont vous vous sentez le plus proche sur la scène française actuelle ?


Lionel : Avec M83, on a les même influences sauf que nous sommes beaucoup plus hip-hop, eux en écoute mais ça ne se ressent pas dans leur musique. Eux ont ce coté « noise ». Ils ont également beaucoup écouté Sonic Youth, on les compare souvent à My Bloody Valentine, même à nous et pourtant c’est pas un groupe que l’on a énormément écouté.


Tanguy : C’est plus une histoire de potes que de famille musicale, on aime beaucoup ce qu’ils font, ils aiment beaucoup ce qu’on fait donc oui c’est clair que je suis assez fan mais après on est pas accrocs à tous leurs morceaux, et vice versa, mais ça n’empêche pas d’avoir beaucoup de respect les uns envers les autres. C’est vraiment cool d’être sur Gooom avec eux. La dernière fois que je l’ai est vu en live, je me suis pris une grosse claque et c’est clair qu’ils ont une patte et un son bien a eux, vraiment très talentueux ! C’est un groupe à suivre et chaque fois que j’écoute une de leurs prods, c’est la baffe, par exemple dernièrement, ils ont remixé Placebo, Goldfrapp, et c’est vraiment des tueries !


C’est eux qui vous ont fait venir sur Gooom ?


Lionel : Non, j’avais rencontré Jean Phillipe de Gooom à un concert de Mils et Gel à Rennes, on a commencé à parler de musique et on s’est vite rendu compte que l’on était sur la même longueur d’ondes, bien que lui connaissait sans plus ce que l’on faisait. Mais nous étions déjà fan des sorties de ce label comme Gel:, Mils ou M83. On avait filé notre premier album à M83 à la Route du rock mais nous n’avons jamais eu de nouvelles avant notre arrivée chez Gooom et c’est vraiment sympa d’être sur un label et de super bien s’entendre avec les autres artistes de ce même label.


C’est pour ça que vous avez quitté Monopsone ?


Lionel : Oui mais au de là de ça, c’est vraiment musical, c’est musicalement qu’on s’entendait pas du tout avec la production de Monopsone, il y avait que 2 morceaux que l’on aimait vraiment bien sur tout le catalogue, c’est un peu frustrant. Mais on ne regrette pas du tout cette période, c’est tout de même Denis qui est venu nous chercher et nous a fait découvert au grand public.


Vous travaillez encore avec Arm, (cf la mixtape du Psyckick Lyrikah : morceau : le dernier chapitre), comptez vous encore travaillez avec lui par la suite ?


Tanguy : Arm vient de rejoindre l’écurie Idwet, le label de Robert le magnifique et de mon projet solo Tepr, je crois qu’ils vont sortir un album en septembre. Ils ont un univers hyper proche d’Idwet, Psyckick Lyrikah c’est la grosse claque ! J’attends vraiment leur album avec impatience !


Lionel : On a en effet collaboré avec lui sur « le dernier chapitre » qui sera sur leur album, mais dans une version différente. (ndlr : On entend à ce moment là les balances de Psyckick Lyrikah et du morceau « le dernier chapitre)


A propos, Tanguy, toi tu as sorti ton projet solo Tepr sur Idwet. Pourquoi chez eux et pas chez Gooom ?


Tanguy : En fait, c’est le Boss d’Idwet, Thomas Lagarrique, qui nous a fait faire notre premier date a Rennes, et ils nous a parlé de sons comme Boards of Canada que nous ne connaissions pas à l’époque, et au fil des minutes une relation de confiance s’est instaurée. C’est aussi grâce à lui que l’on a eu plus de maturité en musique, ils nous a fait découvrir moult trucs, donné plein d’influences et c’est devenu un ami par la suite. A savoir que je m’étais déjà engagé avec Idwet bien avant d’arriver sur Gooom, du coup « Cluster ville » et le Tepr sont sorti quasiment en même temps.


Et pour My dog is gay, c’est pour quand l’album solo ?


Lionel : Pour le moment, il n’y a pas de projet d’album, il y a juste le projet d’un live que je suis en train de préparer, live sans prétention. Je préfère me concentrer sur Abstrackt Keal Agram vu que je suis beaucoup moins productif que Tanguy. Par contre, j’aimerais bien me remettre au chant comme j’étais chanteur dans un groupe de rock avant, mais bon rien de précis pour le moment…


Hamlet, comment s’est passé cette aventure avec le théâtre, vous aviez déjà des affinités avec ce monde là ? Ca n’a pas été trop dur ?


Lionel : Moi j’ai un peu honte car j’ai fait un Deug d’art & spectacle mais je ne connais rien en théâtre (rires). En fait, c’est par l’intermédiaire de Robert le magnifique qui connaissait David Gauchard, le metteur en scène avec qui il avait déjà travaillé. Ensuite, et bien il a flashé sur notre musique et nous a proposé ce projet. Ca nous paraissait un peu fou au début, surtout que on ne s’y connaissait pas du tout, mais on s’est dit pourquoi pas. Nous avons fait confiance à Idwet et Robert, et on est pas déçus du résultat final !


Tanguy : Ouais, on est parti un peu les yeux bandés sur ce projet là mais on a fait confiance au metteur en scène, il se servira de notre musique et en fera ce qu’il veut. En plus c’est un truc au niveau national, il a eu des subventions de la DRAC (Ndlr : Direction Régionale des Affaires Culturelles) par exemple et donc on s’est dit que le mec allait montrer son truc à plein de monde et que ça tenait vraiment debout, donc on n’est vraiment parti sur une relation de confiance. Ca a pas du tout tourné à la mauvaise comédie musicale électronique. C’est quelqu’un qui a une mise en scène hyper minimaliste, j’ai vraiment été impressionné par la pièce, bien qu’elle soit assez longue (2h30).


David Gauchard était beaucoup derrière vous ?


Tanguy : Oui mais pas de paternalisme, il nous a quand même laissé aller dans notre direction. Mais c‘est clair qu’il nous a tout de même orientés, et heureusement qu’il était là, sinon on aurait sans doute tourner en rond. Il nous a surtout appris la discipline, comment taffer et se bloquer sur un truc pendant 15 jours, on est ressorti de cette expérience avec plus de discipline, ça nous a donc donné plus de rigueur et c’est pas plus mal..


Lionel : Je pense aussi qu’avant ça on avait une manière un peu « punk » de travailler, c’est à dire que l’on cherchait pas le sens de ce qu’on faisait, et même maintenant, on veut faire des trucs très spontanément. Mais il nous a mis dans l’idée de donner un peu plus de sens à notre musique. On a également fait de belles rencontres avec notamment Dougs qui slame sur « Le spectre » (piste 07). Ca c’est vraiment super bien passé.


Tanguy : Je voulais rajouter aussi que c’est un projet que l’on défend vachement. On a pas de mal de relations qui sont venus nous dire « Ca sent la vieille épopée pompeuse » , « Hamlet, le dernier qui l’a fait c’est Johnny Hallyday » -et tout le monde nous a sorti ça, bon les gens pensent ce qu’ils veulent, nous on s’est éclatés, on a appris des choses. On a peut-être pas fait un disque pour les accrocs de Hip-hop et de musiques électroniques mais ma mère l’a écouté en entier et le kiffe (rires), alors qu’elle n’écoute pas du tout ce genre de musique habituellement. Quelque part, on a gagné des auditeurs qui jamais ne seraient aller vers ce genre de musique.


Petite anecdote : Tanguy, tu as eu un problème de disque dur non ? Par rapport à ton album solo ?


Tanguy : (rires), Idwet aime bien les anecdotes, il y en a aussi sur la biographie de Robert le magnifique. Donc oui mon disque dur m’a lâché, j’avais pas fais de Backup et je me suis retrouvé avec 7 morceaux totalement perdus mais j’en suis content ! (rires). Du coup faire peu de chansons c’est cool, on en perd moins. Là je vais ressortir un truc de Tepr qui comprendra que 5 titres . Mais le troisième disque de Tepr sera un vrai album avec une bonne quinzaine de pistes.


Peux tu nous en dire plus sur ton prochain 5 titres ?


Tanguy : C’est un maxi 5 titres spécialement dédié à la musique 8 bits, musique de jeux vidéos, Atari etc… Ca sortira sans doute en septembre sur Idwet.


La configuration scénique a t-elle changé par rapport à l’année dernière ? Toujours le même DJ ?


Tanguy : Non, on bosse maintenant avec Snookut, un Dj de Brest, qui fait partie d’un duo qui s’appelle « Big Knife ». Ils font un live entre hip-hop et soul, esprits très 70’s. On est très content de travailler avec lui maintenant, c’est un bon pote en plus et il percute de suite ce qu’on veut, on gagne pas mal de temps…


Lionel : En plus il a des CDJ et c’est assez rare de trouver des dj’s avec des CDJ.


Pour nos lecteurs qui ne connaissent pas les CDJ, peux tu expliquer ce que c’est exactement ?


Lionel : On met un skeud dedans et on peut le scratcher comme un vinyl, on peut balancer n’importe quel son à n’importe quel moment, c’est magique !


Dernière question : Avez vous des conseils à nous donner ? Vos grosses claques en musique ou en cinéma, votre grosse claque culturelle en somme…


Tanguy : Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper qui est un film avec des plans de malades. Bon tu le regardes pas pour l’intrigue hein ! (Rires)


Lionel : Massacre à la tronçonneuse (en même temps que Tanguy…). C’est un film classé dans les films de série Z alors que pour moi c’est vraiment un film d’auteur, visuellement c’est super beau, chaque plan est magnifique.


Et en musique ?


Lionel : Dans les choses récentes, un truc que l’on aime beaucoup c’est Gangpol, que j’ai vu sur votre site d’ailleurs. Un peu déçus par l’album, je préférais le4titres (ndlr: Chronique de Gangpol sur infratunes.com). Je pense que c’est un mec qui a beaucoup d’avenir, il faut qui signe sur un label maintenant.


Tanguy : Et aussi bravo pour les visuels de Mit. C’est exceptionnel !



Interview par dClem
le 14/05/2004

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