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Dj cam

: Interview avec Dj cam



Les locaux du label/distributeur parisien Nocturne. Un bel immeuble du deuxième arrondissement. Le calme d’une cours intérieure. Et…Laurent Daumail, qui nous fait l’honneur d’une interview aux allures estivales.


L’homme qui fait pleurer les platines dégaine aussi plus vite que son ombre :


…ça fait dix ans que je fais ce métier et je ne comprends toujours pas pourquoi on continue à mentionner le vrai nom d’un artiste alors que celui-ci a choisi un pseudonyme ?


Cela te gène que l’on t’appelle par ton prénom ou ton nom de famille ?


Non ! Mais dis-moi pourquoi, systématiquement, la presse se sent obligée de préciser Laurent Daumail alias ou aka Dj Cam ? As-tu la réponse à cette question ?!...


Non mais une autre remarque à propos de ce pseudo qui évolue quelque peu selon tes projets : le Cam de Soulshine est (re)devenu Dj Cam sur ton dernier album, Liquid Hip Hop


En effet. Soulshine n’est pas un album de deejay. Je me suis en effet entouré de nombreux musiciens pour le réaliser et mon rôle était davantage celui d’un producteur. En revanche, Liquid Hip Hop est un "vrai" album de deejay, il était donc normal qu’il soit signé de mon pseudo d’origine.


Est-ce justement pour toi une manière de revenir au hip-hop pur et dur ?


Disons un retour à ce que je sais faire de mieux, à savoir un abstract hip-hop instrumental, proche de l’esprit de mes premiers albums.


As-tu souffert à l’époque de tes premiers albums, qu’on associe fréquemment ton pseudo et ta musique au phénomène french touch ?


Non. Pas vraiment. En fait, plus on parle de moi, mieux je me porte! Même si il est vrai que comme tous les courants musicaux - le rock en premier lieu même si je n’étais pas né ! - la french touch est devenue progressivement une étiquette grâce à laquelle on faisait vendre tout et n’importe. Aujourd'hui, je me fous un peu qu’on veuille me coller une étiquette...


... parce qu'au fond, ton identité musicale est… plurielle ?


Complètement! J'ai des goûts très éclectiques. Ma musique possède bien sur cette base hip-hop, sans Mc’s, sur laquelle vient se greffer mes multiples influences issues avant tout de la black musique : soul, reggae, funk, etc. L’ensemble crée ce que j’appelle du… Liquid hip-hop !


Quels sont aujourd'hui tes rapports avec les représentants des scènes hip-hop, électro ou jazz?


Le hip-hop français ne me demande rien, et ne m’a jamais rien demandé ! Quant au reste, je suis généralement à l'origine de la collaboration dans la mesure où c'est moi qui sollicite les artistes et qui les invite à se joindre à moi sur un projet précis. C'est le cas, par exemple, sur l'album Tassel et Naturel (Fillet Of Soul) que j'ai produit il y a huit ou neuf mois. Même chose pour ce qui est des dates de dj, j'en fais une en France quand j'ai dix propositions à l'étranger !


Quelle est l'histoire de chacune des rencontres / collaborations présentes sur ton dernier album ?


A l’origine, "Espionage" est un morceau acoustique avec Guru, déjà présent sur mon précédent album, dont je livre ici une version classic hip-hop. Quant au morceau avec Caméo, il s’agit en fait d’un remix fait par Jay Dee qui n'était sortit qu'en maxi vinyle bien après Soulshine. Beaucoup de gens m'avaient alors demandé comment se procurer ce titre et j'ai décidé de le mettre sur cet album.


Comment as-tu vécu l'élaboration de Liquid Hip Hop ?


J'étais vraiment saoulé du label Sony Columbia avec qui je bossais auparavant. Un ramassis d'incapables ! Quand j'ai cassé mon contrat et récupéré tout mon catalogue, j'avais vraiment l'envie et le besoin de créer, de refaire un album en indé, en contrôlant tout de A à Z.


Et faire le choix d'un son très brut, non ?


Tout à fait. L’album se situe quelque part entre Underground Vibes et Substances et intègre des ingrédients de Beat Assasinated. Je voulais éviter de retomber dans un processus d'élaboration fastidieux comme à l'époque de Soulshine. Un Dj Cam pur et dur : du son arrive dans ma tête, je le transcris avec la machine et on n'en parle plus !


Penses-tu d'ailleurs pouvoir recréer cette alchimie sur scène, si tournée il y a ?


Il y a effectivement beaucoup de dates en perspective (Japon, Thaïlande, Malaisie, Etats-Unis), mais ce sera une tournée Dj. Faut arrêter avec ces faux lives qui ne servent qu'à vendre les places de concert 10 euros de plus !



Des surprises sur scène ? Des guests ?


Sans doutes ! Je suis souvent le premier surpris lors d'une tournée !


Penses-tu déjà à tes prochains projets studio ?


Oui, en permanence ! Si je pouvais, je sortirais quatre albums par an ! En ce moment donc, je travaille sur Substance II, la suite... qui devrait sortir en 2005.


Hey ! , ça ressemble à un scoop, non ?


Exact ! Surtout que Substance est un album un peu (il hésite)... mythique, et que cette suite devrait être encore meilleure, un peu comme la série des Indiana Jones qui progresse à chaque épisode ! J'attends le Substance IV avec impatience !
A part ça, un best of devrait sortir au Japon en octobre prochain, une compile de tracks à base de samples jazz est également en préparation, ainsi que plusieurs remixes.


Lesquels ?


Nas, Michael Jackson, Donald Byrd pour Blue Note, le groupe suédois Slow Train, et le chanteur de soul anglais Shaun Escoffery.


Que penses-tu des formations comme Gravité Zéro ou La bande des 4 qui pour certains apparaissent comme la relève du hip-hop ?


Ca ne me dit rien du tout ! Ils sont français ?


Donne-nous alors ta playlist du moment !


J'adore l'album de DKD, avec Dego (McFarlane de 4hero), Daz-I-Kue (SK Radicals) et toute la scène Broken-Beat anglaise. Et d'une manière générale, la soul, le funk, le jazz ou le hip-hop bien sûr, mais très peu de musique électronique. D’ailleurs, quand je parcours la presse spécialisée, je suis vraiment largué. Je viens vraiment du hip-hop américain et je ne connais pas non plus le rap français. Après Substance, on a eu tendance à me coller une image de musicien électro/techno alors que je connais très mal ce milieu finalement !


Quels sont les lieux dans lesquels tu as le plus aimé jouer ?


Tokyo et le Japon en général sont vraiment des endroits géniaux pour la musique. Le public est très respectueux des artistes et ravi de découvrir de nouveaux sons, contrairement aux français qui ont tendance à vouloir écouter le son qu'ils connaissent, celui de la radio. En dix ans de deejaying, je n’ai jamais pu comprendre cette démarche !


On connaît ta passion pour le cinéma. Envisages-tu de jouer live sur un film lors de sa projection, comme le font par exemple Buck 65 ou Eric Truffaz avec son quartet ?


Il y a quelques années, on m'a proposé de mixer sur un film muet, et je regrette maintenant de ne pas avoir accepté. J'aimerais également réaliser une BO.


Sans tomber dans le débat de la guerre contre l’intelligence, quel est ton point de vue sur la crise que traverse actuellement le disque et la musique d’une manière générale ?


D’abord, il est clair que les disques sont trop chers et que les majors ont pris les consommateurs pour des cons pendant trop longtemps. Ca encourage certains à abuser du téléchargement et le téléchargement abusif tue progressivement le marché. Résultat : une génération entière est complètement lobotomisée et incapable d’acheter le moindre disque, ni même un jeu vidéo ou un film ! Et si ces jeunes veulent travailler dans la musique, ils devront sûrement travailler dix fois plus qu’auparavant.


Que penses-tu des compilations comme Paris Lounge ou autres sur lesquelles tu apparais ? Comment se passe le deal avec ta maison de disque ? Je suppose que tu as quand même ton mot à dire !


Quand j’étais en licence chez Columbia, rien ne pouvait être fait sans mon accord. En tant que producteur, je leur vendais un produit finit qu’ils commercialisaient par la suite. Le deal était clair.
Je vais pas te dire que ces compiles ne valent rien ! J’ai placé le titre "Summer in Paris" sur au moins 70 d’entre elles. Grâce à ces compiles, des gens ont découvert ma musique et se sont mis à acheter mes disques. Et puis… ça rapporte quand même pas mal de thunes, soyons honnêtes !!!


Ca ne peut pas être pire que la Star Academy de toutes façons !


La Star Ac’, c’est vraiment de la merde. Mais c’est surtout un faux débat. Dans les années soixante, France Galle n’était-elle pas aussi bien que Nolwenn ? C’est dommage parce qu’en trois semaines aujourd’hui, tu peux devenir Johnny Hallyday ! Putain ! La musique c’est du travail, de l’acharnement, de l’énergie !


Une dernière chose : es-tu toujours aussi bien accompagné lorsque tu passes un "été à Paris" ?


J’ai une femme très belle et très intelligente mais j’évite de passer mon été à Paris. Faisons taire les rumeurs : je suis pas avec Anggun! Elle vient de se marier et je lui adresse toutes mes félicitations !




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