Rank-O

Qu'est-ce que ça donne lorsque quatre musiciens passés par une école de jazz ou ayant fait le conservatoire classique se rencontrent et se mettent à faire du rock ? L'impressionnant premier album de ce groupe originaire de Tours donnait il y a deux ans la réponse : ça donne un joli foutoir brillamment exécuté et sans cesse jubilatoire. De novo était alors une œuvre "pochette surprise" qui en contenait déjà plein d'autres, puisant autant dans le post-punk excité des Talking Heads et de Devo que dans une synth-wave aux effets hallucinogènes, le tout renforcé par un mélodisme pop aux mille trouvailles accrocheuses.

Ce tout aussi remarquable second album vient en remettre une couche, confirme tous les espoirs placés en eux et devrait même pouvoir revigorer les auditeurs qui commencent à lentement déserter la scène post-punk revival par lassitude. La force particulière de Rank-O est en effet de catapulter le genre vers d'autres horizons, de viser toujours plus haut, plus fort, plus fou, sans négliger pour autant le principal intérêt qui anime toutes ces nouvelles compositions : le plaisir du jeu, au sens littéral du terme.

De son ouverture évoquant l'énergie survitaminée du premier album des Feelies (For Every Blow) à son long morceau de clôture (Talking Monument) flirtant légèrement avec le post-rock de Tortoise, Rank-O propose une aventure sonore parfois alambiquée mais jamais trop cérébrale comme ça peut l'être chez les anglais de Squid auxquels on compare parfois les tourangeaux. Monument Movement fait surtout chavirer nos cœurs en déployant une collection de chansons génialement foldingues et parfois complètement tubesques (Celebration, Rebirth). Must-have !