Claire days

À l'ombre, par-dessus bord. Voilà deux titres de chansons s'offrant presque à nous telles des métaphores afin de mieux saisir ce que propose l'artiste folk lyonnaise Claire days avec cette nouvelle œuvre, petite par sa durée (il s'agit d'un EP) mais grande pour tout ce qu'elle sait déployer de sensorialité, de poésie sonore, de créativité et tout simplement de beauté. "À l'ombre" d'abord puisque, succédant à un magnifique premier LP (Emotional territory) et d'une tournée sans doute plus conséquente exposant l'autrice compositrice à une lumière alors inédite, celle-ci décide non pas d'avancer d'un pas en avant, cette la fameuse étape tant attendue du second album, mais plutôt de faire un pas de côté. En proie au doute artistique, Claire days préfère ainsi brouiller les pistes et rester dans l'ombre afin de mieux explorer son identité musicale plurielle tout en nourrissant le mystère.

"Par-dessus bord" enfin car Claire days continue ici de complexifier les aspérités de sa musique naviguant entre folk intimiste (l'instrumentale Contact), electro-pop vaporeuse (Les parois) et textures électriques plus rêches (Par-dessus bord) sans se soucier du qu'en dira t-on. Et autant dire qu'en seulement six chansons – en français cette fois-ci – contenues dans une petite cocotte en papier, ce nouvel EP brasse largement plus d'idées que moult albums long format du moment tout en préservant une authenticité à fleur de peau (Le plus beau spectacle). Les chansons, qui évoquent notamment la confusion des sentiments ou encore la mort (l'envoûtant Tu penses à la mort en clôture), défilent alors sans obéir à aucun code, comme guidées par l'inconscient de leur génitrice, et délivrent enfin un véritable labyrinthe de l'âme dans lequel on aime se perdre.