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Oxbow

: Love's Holiday



sortie : 2023
label : Ipecac
style : Art-Rock / Inclassable

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Tracklist :
1/ Dead Ahead 2/ Icy White & Crystalline 3/ Lovely Murk 4/ 1000 Hours 5/ All Gone 6/ The Night the Room Started Burning 7/ " " 8/ Million Dollar Weekend 9/ The Second Talk 10/ Gunwale

Certains groupes ou artistes radotent en vieillissant et nous déçoivent fatalement... Ce n'est heureusement pas encore le cas d'Oxbow, quator culte de San Francisco actif depuis 1989 et composant une musique retorse et inclassable que l'on aurait bien tort de ranger dans la famille noise tant celle-ci sait déployer un éventail d'autres genres allant du blues au post-punk tout en passant par la musique contemporaine voire expérimentale. Avec seulement huit albums au compteur étalés sur plus de trente ans, Oxbow est certes un groupe qui se fait rare mais rappelons que celui-ci souhaite toujours viser haut via la conception de grandes œuvres narratives (The Narcotic Story, 2007) en se donnant les moyens de son ambition. Ambition parfois justement au-dessus de leurs moyens puisqu'à ce compte là, leur précédent album – le génial et symphonique Thin Black Duke (2017) – avait mis près de dix ans à se concrétiser au terme d'un long processus d'enregistrement, d'un financement participatif et on l'imagine de quelques cheveux blancs.

Oxbow revient cette année avec son successeur Love's Holiday, un album au titre trompeur qui, connaissant ce groupe fort torturé à l'image de son charismatique chanteur Eugene Robinson, ne sera certainement pas une douce flânerie estivale. En retrouvant le même studio et le même ingé-son (Joe Chiccarelli) employé pour Thin Black Duke, Oxbow semble vouloir livrer avec Love's Holiday une suite logique à son précédent chapitre. L'inscription verticale du nom du groupe présente sur les deux artworks signés Aaron Turner (Isis) pourrait d'ailleurs aller dans ce sens et nous aurions sinon affaire à la deuxième facette d'une œuvre plus vaste, du moins à une sorte de faux jumeau. Quoiqu'il en soit, ce nouvel album poursuit une trajectoire certes plus classieuse au vue des premières œuvres quasiment sludge du groupe, mais une trajectoire encore parsemée d'embûches et de ces fameuses fulgurances élevant Oxbow quelques têtes au-dessus de la mêlée.

Si les premiers morceaux accrocheurs de Love's Holiday lancent l'album sur des rails heavy plutôt rassurants, la suite sera plus tortueuse et va nous faire traverser un labyrinthe sensoriel convoquant cette fois-ci des choeurs gracieux (1000 Hours ci-dessous) venant éclaircir l'obscurité dérangeante des compositions du groupe. Dès l'excellente Lovely Murk, la présence de la chanteuse lyrique Lingua Ignota aka Kristin Hayter, autrice compositrice d'un absolu chef d'œuvre (Caligula, 2019) va faire basculer l'album dans des affres complexes et tourmentées (l'excellente The Night the Room Started Burning) jusqu'à un dernier tiers assez phénoménal (l'enchaînement Million Dollar Weekend/ The Second Talk/ Gunwale).

Comme toujours, Love's Holiday est appuyé par les contorsions vocales ébouriffantes d'Eugene Robinson et par les musiciens hors-pairs qui l'entourent : le bassiste fretless Dan Adams, le batteur impeccable Greg Davis et le guitariste-poète Niko Wenner. Ce dernier a toujours tissé les partitions musicales du groupe autour des paroles d'Eugene Robinson, cette façon de procéder est même le cœur du projet Oxbow, mais cette fois-ci Love's Holiday inverse les rôles en trouvant son origine directement dans les compositions de Niko Wenner. Le guitariste a traversé ces dernières années des épreuves à la fois dramatiques (la disparition de son père) et merveilleuses (la naissance de ses deux filles), soit un ascenseur émotionnel vécu dans la chair dont il a su extraire le suc afin de donner à ce nouvel album toute sa remarquable intensité.



Chroniqué par Romain
le 26/07/2023

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Thin Black Duke
(2017)
Hydra Head
Art-Rock / baroque



2 commentaires

par Romain (le 05/08/2023)
Hydra Head est le nom du label ayant accueilli les albums Narcotic Story et Thin Black Duke, j'imagine que vous faites référence à ce dernier et je peux comprendre votre ressenti, la présence des chœurs semble d'ailleurs être un gros frein pour certains. Retentez quand même car il peut faire son chemin (même s'il reste je trouve inférieur à leurs deux derniers albums).

par girard (le 05/08/2023)
Bonjour,

J'avais beaucoup apprécié Hydra Head. Je trouve Love's Holiday pénible: vide et fatiguant.
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