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Khanate

: To Be Cruel



sortie : 2023
label : Sacred Bones Records
style : Drone Doom

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Tracklist :
01/ Like a Poisoned Dog
02/ It Wants to Fly
03/ To Be Cruel

Lorsqu'un ami de Giacomo Léopardi, poète et philosophe italien souvent rongé par le spleen, lui écrivit pour prendre de ses nouvelles en lui demandant comment il se portait, celui-ci répondit dans sa lettre : "je vais beaucoup mieux depuis quelques jours, mais d'une manière telle que si une personne en bonne santé tombait dans cet état, elle se tiendrait pour morte". On imagine alors que quand Giacomo Léopardi allait mal, son état devait plus ou moins ressembler à celui dans lequel s'est toujours débattu Khanate, groupe américain de musique extrême revenant tel un revenant après quatorze ans de silence sans prévenir.

Mais déjà, c'est quoi de la musique extrême ? Du bruit, de la fureur, de la rage et de la violence comme on en entend souvent dans les sphères metal ou hardcore. Oui mais dans ce cas, c'est quoi le bout du bout de l'extrémité de la musique extrême ? Bah c'est peut-être la musique de Khanate. Soit une musique anéantie contemplant le néant de sa non-existence, une musique anesthésiée par sa propre neurasthénie, une musique plongée dans une sorte de coma artificiel.

En 1973, le critique cinéma Gilles Jacob parlait du chef d'œuvre La Maman et la Putain de Jean Eustache en ces termes : "C'est un non-film, non-filmé par un non-cinéaste et joué par un non-acteur." Les disques de Khanate pourraient sans doute faire le même effet sur ceux n'y étant pas préparés (mais qui pourrait l'être?) et qui n'entendraient alors que des non-albums non-composés par un non-groupe et joués par des non-musiciens.

C'est bien évidemment tout le contraire et on peut même affirmer que ce quator dans lequel on retrouve le guitariste Stephen O'Malley également présent chez les fameux Sunn O))) a su capter mieux que quiconque les tréfonds de l'humain et transformer un genre, le doom-metal, en antichambre du désespoir, de la souffrance et de la folie. En seulement une poignée d'albums essentiels les ayant fait basculer du côté des grands et quelques compositions ultimes ici et , Khanate a atteint un tel point de non-retour dans l'esthétique du glauque qu'il marqua clairement les esprits au fer rouge. Et ce nouvel album tout aussi radical ne risque pas de ternir cette image.

To Be Cruel contient trois compositions lentissimo maintenues ad nauseam dans le vide – voire par le vide – et étirant chacune un mal être inextricable s'effilochant sur des durées avoisinant les 20 minutes. La voix d'Alan Dubin est toujours aussi malsaine, Stephen O'Malley est toujours le roi du larsen, les frappes du batteur Tim Wyskida sont toujours aussi chirurgicales et les effets du bassiste James Plotkin sont toujours aussi pesants. Et comme ses prédécesseurs, To Be Cruel est un grand album malade n'ayant toujours aucun échappatoire. Âmes sensibles s'abstenir.



Chroniqué par Romain
le 24/05/2023

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