Deux ans après l'excellent EP The Asymptotical World qui voyait le floridien s'approcher d'une pop hachurée de distorsions tantôt électriques tantôt électroniques, Yves Tumor (aka Sean Bowie) poursuit ce cheminement et en livre aujourd'hui sa version long format avec Praise A Lord Who Chews But Which Does Not Consume; (Or Simply, Hot Between Worlds). L'efficacité redoutable de ce nouvel album survitaminé parfois à la frontière du shoegaze – l'album est d'ailleurs produit par "monsieur Loveless" Alan Moulder – confirme une fois de plus la place importante que prend progressivement cet artiste caméléon dans la sphère indie-pop actuelle, et la pertinence de son identité sonore soufflant le chaud et le froid d'une palette musicale encore à mi-chemin entre l'underground et le mainstream, entre monstruosité affirmée et sensualité aguicheuse (on pense parfois au génial King Krule, notamment sur God Is A Circle et Operator).
Après les expérimentations bruitistes de ses débuts, après les excursions electronica et nu-soul de ses précédents disques, le mutant Yves Tumor a encore muté, cette fois-ci en popstar (et non pas "parodie de popstar" comme semble t'il se demander sur Parody) venue d'un autre monde pour nous laver de la médiocrité du nôtre avec sa voix perchée, ses basses grondantes et cette nouvelle œivre virevoltante (Echolalia ci-dessous), tourbillonante (Lovely Sewer et son intro à la Suicide) voire harassante (l'instrumental Purified By the Fire) dans laquelle les chansons avoisinent toujours les 3 minutes. Si Praise A Lord Who Chews But Which Does Not Consume; (Or Simply, Hot Between Worlds) fait autant de bien, c'est aussi car il ne s'embarasse d'aucune pose arty cache-misère et nous offre frontalement une collection de morceaux ayant fière allure, et autant d'émotions contrastées oscillant entre ange extatique et démon ravageur.
Chroniqué par
Romain
le 20/03/2023