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Ben Lukas Boysen

: Mirage



sortie : 2020
label : Erased Tapes Records
style : Electronica / Modern Classical

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Tracklist :
1/ Empyrean 2/ Kenotaph 3/ Medela 4/ Venia 5/ Clarion 6/ Love

Avec sa cascade de voix digitalisées, comme des brèves touches de lumière qui tournent et montent en tourbillons, le morceau qui ouvre le nouvel album de Ben Lukas Boysen surprendra dès ses premières notes les adeptes de Spells ou Gravity, les deux précédents albums de l'allemand. Celui-ci est loin d'en être à son coup d'essai : officiant depuis le début des années 2000 sous le nom de Hecq dans les champs plus expérimentaux de la musique électronique, ce n'est qu'en 2013 qu'il commence à sortir des albums sous son véritable nom. Le projet a dès lors et depuis une patte reconnaissable, naviguant entre nappes ambient au ton lunaire, mélancolie au piano ouverte sur le ciel, rythmiques à la batterie lorgnant vers le jazz et envolées post-rock électroniques. Celui qui n'était connu que sous un pseudonyme avant ça a ainsi pu affirmer une sensibilité mélodique et cinématographique, à travers sa musique, qui nous était auparavant inconnue.

Ben Lukas Boysen le dit lui-même : ses deux précédents albums cherchaient à cacher la machine pour laisser apparaître l'humain, c'est pourquoi le piano programmé de Spells ressemblait à s'y méprendre à un vrai piano. Mirage inverse la donne. L'humain et la machine sont mis au même niveau et gravitent autour d'un centre commun, et c'est donc la machine qui va servir à cacher l'humain. L'album joue de cette limite entre les deux qu'il rend floue, de sorte qu'un instrument qu'on identifie clairement dans un morceau va réapparaître déformé dans un autre.

En plus de brouiller les repères à la frontière entre l'acoustique et le synthétique, Boysen déplace lentement les fils mélodiques qu'il construit, au gré des différentes apparitions sonores qui font leur entrée et accompagnent la disparition des autres. Ainsi le très beau Venia, qui commence avec une mélodie stellaire et entêtée sur un saxophone lointain, nous laissant imaginer un développement mélodique à partir de ce motif pour finalement déjouer nos attentes et lentement le laisser être submergé par une autre mélodie, plus méditative, que dessinent dans les grandes lignes des nappes ambient, ce qu'on devine être une harpe, et un violon.

On retrouve dans l'ensemble le son caractéristique du musicien : les harmonies mélancoliques qui lui sont chères, qui donnent envie de tourner les yeux au ciel, et les phases rythmiques à la batterie sur le lumineux Kenotaph ou l'ambivalent Clarion, qui commence avec tendresse au piano pour ensuite exploser dans un déluge de synthés avant de revenir en douceur à sa mélodie initiale. L'album pourra sembler très dense et compact au premier abord. Ce n'est qu'après plusieurs écoutes attentives que l'ensemble gagne en relief, le temps que les machines s'effacent pour laisser apparaître l'humain. Et c'est ce que rappellera le magnifique Love, qui termine l'album dans une ascendance en ligne droite vers l'extase, où Boysen révèle sans détour que lorsqu'il cherche à cacher l'humain derrière la machine, ce n'est que pour mieux affirmer que c'est toujours lui et sa sensibilité qui guide celle-ci.



Chroniqué par Alex
le 26/05/2020

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