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Big Thief

: U.F.O.F. / Two Hands



sortie : 2019
label : 4AD
style : indie Folk / Indie rock

Tracklist :
U.F.O.F. : 1/ Contact 2/ UFOF 3/ Cattails 4/ From 5/ Open Desert 6/ Orange 7/ Century 8/ Strange 9/ Betsy 10/ Terminal Paradise 11/ Jenni 12/ Magic Dealer

Two Hands : 1/ Rock and Sing 2/ Forgotten Eyes 3/ The Toy 4/ Two Hands 5/ Those Girls 6/ Shoulders 7/ Not 8/ Wolf 9/ Replaced 10/ Cut My Hair

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A l'heure où l'on commence à réfléchir au bilan musical de l'année écoulée, un nom repasse sans cesse dans nos têtes comme un mantra : Big Thief, ou ce qui fut certainement l'une des plus belles révélations de 2019. Parlons d'ailleurs de confirmation plutôt que de révélation puisque ce quator folk rock originaire de Brooklyn avait déjà deux opus remarquables à son actif (Masterpiece en 2016 et Capacity en 2017). Rien ne nous préparait pour autant à recevoir coup sur coup leurs deux meilleures œuvres la même année à une époque où il faut souvent attendre minimum deux ans pour avoir une suite discographique, tournée de concerts et repos obligent.

U.F.O.F. (pour Unidentified Flying Object Friend) et Two Hands sont deux albums dont l'union fait la force, deux albums à aborder comme le fruit et l'écorce d'un même arbre aux diverses branches sous lesquelles se balance la voix gracile de la déjà grande Adrianne Lenker. Le premier est plutôt éthéré et tend vers une forme d'au-delà en proposant des chansons célestes aux arrangements vaporeux, tandis que le second est surtout terrestre et a été enregistré dans la foulée de son prédécesseur dans une urgence lui conférant des textures plus brutes et sanguines. Deux salles deux ambiances donc, et il faut célébrer là une telle productivité, d'une part celle de la songwriteuse compulsive Adrianne Lenker qui écrit des chansons (et pas des moindres) tout le temps et partout depuis l'âge de 10 ans, puis d'autre part celle d'un groupe plus que jamais soudé que l'on sent en communion avec sa propre nature folk.

En signant pour le prestigieux label 4AD (Cocteau Twins, Pixies, Dead Can Dance ou plus récemment Deerhunter), Big Thief possédait dans sa besace de quoi remplir un double album entier mais le groupe a finalement choisi de livrer deux albums distincts, créant ainsi la surprise d'un groupe aux multiples ressorts afin sûrement de mieux souligner l'aspect quasi dichotomique de leur musique et les chemins fort contrastés qu'elle peut emprunter. Démarrant dans le velours de guitares lancinantes pour finir dans les cris et la fureur électrique, le premier morceau de U.F.O.F. Contact annonce déjà en lui-même la nature sauvage aux couleurs changeantes d'un groupe humain après tout, avec ses forces et ses faiblesses, ses fulgurances et ses approximations.

En ouvrant les artwork cartonnés des deux disques, on est accueilli par de simples monochromes au lieu des informations d'usage, orange pour U.F.O.F. et marron pour Two Hands. J'aime à penser que l'orange est la couleur que l'on observe en fixant le soleil lorsqu'il traverse les paupières de nos yeux (grand) fermés, et le marron la couleur de la terre sous nos pieds. L'ailleurs et le réel, l'évasion et le retour à la terre, deux thématiques qui vont façonner dans le son (chaud et froid) comme dans les paroles cette paire d'albums complémentaires tels deux frères de sang que tout ou presque opposerait. Ainsi le premier confine parfois au mystique quand le second s'attache à des sujets volontiers terre à terre s'il fallait filer la métaphore : Forgotten Eyes (ci-dessous) évoque les SDF et tous les oubliés tandis que The Toy parle des armes à feu ou Shoulders des brutalités policières. Culmine également sur le thème de l'anthropocène l'hymne hargneuse Not (ci-dessous) qui lâche les lions électriques.

Moins brut de décoffrage, moins direct, U.F.O.F. n'en demeure pas moins un album exemplaire d'écriture sinueuse et d'ambiances suspendues creusant lentement son chemin en nous, direction cœur. Les montagnes sensorielles et imprévisibles (allant même jusqu'à convoquer le slowcore sur la ténébreuse Jenni) que l'on arpente ici restent guidées avant tout par la voix singulière d'Adrianne Lenker qui, entourée de ses fidèles comparses (Buck Meek à la guitare, Max Oleartchik à la basse et James Krivchenia à la batterie) offre une palette réjouissante de ses possibilités vocales. Cette dernière plonge dans les graves sur Betsy, vibre sensiblement sur la magnifique From ou se fait plus légère voire enfantine sur l'alambiquée Strange. Dans l'épure la plus dénudée, la chanteuse guitariste sait également nous offrir des folk songs miraculeuses d'un autre temps, de celles qu'elle se dit si fière d'avoir écrite qu'elle les chantera encore lorsqu'elle sera vieille (Orange sur le premier, Wolf sur le second). Ces deux œuvres de Big Thief, cosmique pour l'une et résolument terrienne pour l'autre, achèvent clairement de hisser les américains parmi les grands noms de l'indie folk rock de ces dernières années. Masterpieces.



Chroniqué par Romain
le 01/12/2019

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