Il y a ces artistes ne changeant pas d'un iota et inscrivant d'ailleurs leur longévité dans cette absence de changements tant la formule initiale est remarquable et l'identité musicale reste forte. Encore faut-il savoir reproduire les miracles, ce que fait admirablement ce nouvel album de la jeune princesse folk Jessica Pratt. Pour l'histoire et pour le style de la californienne on ne saurait trop vous recommander de lire notre chronique de son précédent album, le magnifique On Your Own Love Again (2015), tant les mots utilisés il y a quatre ans conviennent encore à ces 9 nouvelles chansons.
Quiet Signs est cette trouée oxygénante dont la folk a besoin, s'échappant des fioritures parfois excessives du psychédélisme à la pédale d'effets facile pour nous renvoyer dans un élan d'éternel retour aux sources à une décennie lointaine, les sixties, et à ses folkeuses délicates. A l'instar de Vashti Bunyan, Linda Perhacs ou encore Sibylle Baier, Jessica Pratt maîtrise l'art de l'épure mélancolique comme très peu aujourd'hui, autant minimaliste dans les mélodies que généreuse dans les émotions générées. Ces dernières proviennent notamment de ces vocalises de fée sans âge, d'adulte coïncée dans une voix d'enfant que d'aucuns comparent à juste titre à Joanna Newson. Elles proviennent aussi de ces arrangements doucement surannés venant cueillir l'auditeur entre deux brises acoustiques. La mélancolie tendre de Quiet Signs s'intensifie toutefois dans sa deuxième moitié (Crossing, Silent Song) avant de s'envoler dans une mélopée légère que n'aurait pas renié Hope Sandoval (Aeroplane serait une version quasi "dévoilée" de Suzanne).
Jessica Pratt nous offre avec Quiet Signs une nouvelle grande réussite que l'on peut écouter en intégralité à cette adresse. Un ange passe.
Chroniqué par
Romain
le 09/02/2019