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Jacaszek

: KWIATY



sortie : 2017
label : Ghostly International
style : Modern Classical / Electronic / ambient

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Tracklist :
01/ Flowers
02/ To Perenna
03/ Daffodils
04/ To Violets
05/ Love
06/ Soft Music
07/ To Meadows
08/ White Island
10/ To Blossoms
11/ Gardens

Une évidence semble s’être lentement renforcée dans l’esprit des auditeurs de Jacaszek. Treny s’est imposé comme l’oeuvre surplombant le reste de la discographie de l’artiste, s’incarnant comme la meilleure expression de son langage musical. Cherchant sans relâche à trouver le point d’équilibre entre outillage classique et structure électronique, Jacaszek lui-même semble le reconnaître à demi-mot. C’est ainsi que KWIATY nous est présenté comme le cousin spirituel de Treny.

Mais quel lien, plus que ses oeuvres précédentes, rattache réellement KWIATY au somptueux Treny ? Ne serait-ce pas ce retour aux voix, qui avait tant manqué à des oeuvres comme Glimmer ou Pieśni ? C’est d’ailleurs, selon les mots de Jacaszek, ce qui définit en premier lieu son dernier album : « KWIATY is actually a vocal album ». Mais n’y voyons pas une volonté maladive de produire un décalque de ce qui a déjà été accompli sur Treny, où des choeurs fantomatiques imprègnent l’oeuvre. L’ambition de KWIATY est autre. En s’appuyant sur la poésie de Robert Herrick, poète anglais du XVIIème siècle, Jacaszek se livre à un exercice plus que délicat mais sans doute à la juste mesure de son talent. Celui-ci s’entoure donc d’Hania Malarowska, Joasia Sobowiec-Jamioł et de Natalia Grzebała, pour l’accompagner au chant.

Tout semble finalement aller de soi. La poésie de Robert Herrick évoque la fugacité de la vie et sa fragilité, la mort, la solitude, en reprenant souvent l’image des fleurs et de leur caractère éphémère, le tout en restant dans une lumineuse mélancolie. La teinte cristalline de la pochette, où un bouquet est noyé dans d’étranges particules, ne laisse plus de doute sur le mariage annoncé.

La musique de Jacaszek semble parfaitement s’imbriquer, ses boucles électroniques exaltent le sens des mots, atteignant même le sublime sur Soft Music. C’est avec ce morceau que le concept même de KWIATY se révèle. Peinant à discerner les mots sur ce morceau, qui sont comme étouffés par l’environnement sonore, la lecture des deux vers formant le poème illumina ma compréhension de la démarche de Jacaszek :

The mellow touch of music most does wound
The soul, when it does rather sigh, than sound.

L’âme est incapable d’énoncer clairement cet aphorisme car la musique elle-même porte le message, déchirant les mots et ne laissant que soupirs derrière elle.


Il y a quelque chose qui touche presque à l’absolue dans de telles manipulations électroniques, quelque chose que, dans mon maigre parcours musical, je ne pense avoir trouvé que dans L’apocalypse de Jean de Pierre Henry. N’est-ce pas ce que Pierre Henry a voulu faire ? Puiser dans le sens des mots, pour les magnifier et donner une vision, sa vision de l’Apocalypse ?

Jacaszek nous livre avec KWIATY sa vision de la poésie de Robert Herrick et non pas une simple mise en musique. C’est aussi son oeuvre la plus aboutie depuis Treny. Voyons-y ici la consécration d’un langage musical qui n’a pas fini de nous éblouir.



Chroniqué par Éloi
le 11/04/2017

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