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Christian Fennesz et Jim O'Rourke

: I't's Hard For Me To Say I'm Sorry



sortie : 2016
label : Editions Mego
style : Experimental

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Tracklist :
1. I Just Want You To Stay
2. Wouldn't Wanna Be Swept Away

D'abord, alors que Fenn'O'Berg se situait clairement dans la discontinuité, les effets répétés de rupture, et un échantillonnage qui permettraient de ranger sans rougir ces disques du côté de la musique concrète, ici on a plutôt affaire à une continuité aussi lyrique que dronesque, répartie en deux longues plages qu'on distingue à peine.

Ensuite, avec des titres tels que It's Hard for Me to Say I'm Sorry (titre général de l'opus), « I Just Want You to Stay » (plage n°1), « I Wouldn't Wanna Be Swept Away » (plage n°2), soit autant de phrases qu'on pourrait dire dans une dernière conversation téléphonique à un être aimé qui déjà s'est éloigné, on se doute bien qu'on ne va pas être du côté du joyeux bordel fenn'o'bergien. Et effectivement, on ne l'est pas. De ce point de vue et compte tenu de leurs discographies respectives, il semblerait que ce soit ce joyeux drille de Fennesz, assez coutumier d'une forme de mélancolie toute viennoise (qu'on se souvienne de Black Sea chez Touch en 2008 : on peut se situer ici dans la même métaphore marine, faite d'agitation et d'accalmies) qui ait mené la barque et donné le « la » de cette collaboration.

Pourtant, la première plage commence, toute en lenteur, dans une certaine clarté avec ce qui semble être des notes d'un pedal steel qui, si l'on s'en tient à la culture d'origine du musicien, serait plutôt le fait de O'Rourke, et qui du point de vue de l'imaginaire instrumental américain charrie tant et plus de grands espaces et de grands espoirs pour un monde nouveau. Mais bien vite le ciel s'assombrit et laisse la place à des sonorités en demi-teintes, plus troublées, plus perturbées, et à vrai dire plus typiquement fennesziennes. Puis imperceptiblement on revient à l'ambiance de paradis perdu qui dominait par exemple dans Endless Summer (2001) ou Venice (2004). S'il est difficile en pareil cas de savoir qui a fait quoi et comment, encore une fois, il semble que Jim O'Rourke ait accepté de calmer sa verve créatrice pour se mettre au service de la sensibilité du musicien autrichien, et c'est tout à son honneur.

Le dialogue entre deux grands romantiques et entre deux cultures se fait de manière encore plus intime dans la deuxième plage par la persistance du pedal steel dans la première de trois phases assez nettement discernables (ce morceau est de ce fait plus « articulé » dans sa longueur) tout au long du morceau et la présence d'une guitare électrique dont on ne sait si elle est le fait de l'un ou de l'autre, mais... Quelle importance, au fond ? Cette première partie s'évanouit telle une vague pour laisser la place à un ciel étoilé tintinnabulant ou le pedal steel prend toute sa valeur et fuit vers les accords de guitare francs d'une aube riche de promesse.

Si comme on le dit cette collaboration est la première d'une série, It's Hard For Me..., magistral dialogue un peu nostalgique entre la « vieille » Europe et l'Amérique plus tout à fait jeune laisse présager du meilleur.



Chroniqué par Yann
le 29/09/2016

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