On était presque passé à côté d'Elizabeth Bernholz, sortie de nulle part qu'elle était durant la déferlante dark pop des années 10, coincée entre Fever Ray, Austra et autres Zola Jesus. Un penchant certain pour les ambiance psychédéliques, dysfonctionnantes, laissait néanmoins entrevoir une approche différente, une esthétique plus radicale - mais l'attention était vite retombée.
De retour cette année avec Unflesh, Gazelle Twin met les petits plats dans les grands et revient métamorphosée avec une esthétique ultra-moderne rappelant volontiers Giselle Vienne pour une musique, noire et minimaliste, angoissante comme un supermarché après fermeture, hanté par les fantômes de consommateurs hagards (Belly of the Beast).
De la lumière, il y a peu de traces sur Unflesh. Les rythmes, froids et secs, tendance post-techno (Still Life), les synthés graves, éthérés, et cette voix susurrante (Anti Body), plaintive & déformée à foison (Child) ; les éléments ici présent assument clairement leur penchant nocturne, sombre, et restent vous hanter longtemps après écoute.
Unflesh est un album radical, qui dépeint un monde désespéré, artificiel et hostile, dans lequel il plonge sans détour. L'écoute de ses 12 pistes est déstabilisante, viscérale, car à aucun moment Elizabeth ne prend soin d'adoucir son propos ; sa musique est malade, de manière organique et mathématique.
Un chef d'oeuvre instantané, indispensable bande-son des roadtrips nocturnes en banlieue interlope.
Chroniqué par
Matthias Fuchs
le 06/10/2014