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Lee Gamble

: Kuang EP



sortie : 2014
label : Pan
style : Dance music mutante / Rave / Ambient

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Tracklist :
01/ Kali Wave
02/ Mimas Skank
03/ Girl Drop

En attendant Koch, le prochain LP de Lee Gamble prévu pour le mois de septembre (un premier extrait peut être écouté ici), les berlinois de Pan viennent de sortir un Ep du producteur britannique intutilé Kuang. S'il est impossible de présager des sonorités du long-format à venir à l'écoute des trois titres présents sur les deux faces du vinyle, il est certain que Kuang ne devrait pas apaiser la controverse qui poursuit Lee Gamble depuis la sortie en 2012 de son dytique post-rave Diversions 1994-1996 et Dutch Tvashar Plumes.

Lee Gamble est en effet une personnalité et un artiste iconoclaste, clivant même. Alors adolescent, le britannique passait de la jungle sur des radios pirates et mixait dans des squats et des soirées clandestinnes. Après le déclin des années 90 et des grandes messes psychédéliques que furent les rave parties, il se familiarise avec la musique de laptop alors en vogue et la musique concrète, comme l'atteste, à mille années lumière de son adolescence orbitale, Join Extensions, son premier album très expérimental sorti sur le label Entr'acte en 2009. Au début de la nouvelle décennie, alors que les internets globalisés font massivement retour à la culture rave, à ses sonorités mutantes et à son esprit de transcendance irréligieuse, il produit à Berlin les objets du scancale: Diversions 1994-1996 et Dutch Tvashar Plumes. Scandaleux, non pas seulement pour leur penchant farouchement anti-moderne, mais parce qu'on y trouvait réfracter à l'extrême tous les paradoxes génétiques codés dans l'ADN mutant du britannique.

Lee Gamble orchestrait à l'intérieur de ses deux reccueils la collusion morphique du poste à galène et du laptop, du flegme primesautier des ingénieurs du BBC Radiophonic Workshop et de l'utilitarisme suicidaire des producteurs de dance music actuels. Plus en profondeur, Gamble se plaisait à se perdre dans un brouillard multi-dimensionnel où finissaient par se confondre ses propres souvenirs (ses morceaux de jeunesse transmutés en divagations ambient sur Diversions), les méta-expérimentations de la musique concrète et les complexes configurations rythmiques de la musique techno contemporaine. A embrasser d'un même geste musical ses fantasmes adolescents et ses rêves d'avant-garde, Lee Gamble accouchait au final d'étranges génériques de télévision martiens, conçus avec un détachement so british et une technique impressionnante. Une mixture difficile à intégrer à un quelconque logiciel esthétique tant celle-ci pouvait friser un certain cynisme deconstructiviste. Là résidait justement la controverse: les uns criaient à l'imposture conceptuelle, les autres, à l'aune de cette expérience de dérèglement spatio-temporel pour le moins ludique, au génie démoniaque.

Est-ce que Kuang, en l'espace de trois titres (pour une durée totale de 20 minutes), saura reproduire sur nous la même attirance un peu masochiste? Force est de reconnaître que non à l'écoute du premier titre Kali wave et de son breakbeat à peine chatouillé par quelques étrangetés sonores. La preuve que lorsque le britannique s'emploie à résoudre ses propres antagonismes, il finit par chasser d'un revers de manche l'épais mystère qui entoure sa musique. Mimas Skank, quant à elle, confirme en tout cas un virage plus clubbesque en proposant un dub très fonctionnel qui aurait pu figuré sur Dutch Tvashar Plumes, si ce n'était ses rythmiques métalliques jamais loin de l'enrayage, innervées de ci de là par des montées acides réverbérées. On se plait dès lors à imaginer à quoi ressemblerait le son de Detroit surimprimé à celui d'un Koch technoïde. Pas mal. Sur la face B, les premiers titres en demi-teinte laissent la place à une longue plage ambient de 12 minutes. Sur ce conclusif Girl Drop, pas très loin d'être éblouissant, Lee Gamble conçoit une élégie électronique aux motifs délicatement diaprés: lavis atemporel, forme fractale, souvenirs de rave parties désagrégés dans un abime rempli d'écho. C'est définitivement là, dans ces zones sonores interstitielles, que le savant britannique montre le meilleur de son art.
Il n'y a plus qu'à patienter jusqu' en septembre...



Chroniqué par Mickael B.
le 15/08/2014

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