Rien que son nom - Nick Waterhouse! - sonne comme les patronymes des bluesmen d’antan (Sonny Boy Williamson II, Son House, Big Joe Williams, Mississippi John Hurt...). Il ne faut pourtant pas s'y tromper, ce jeune blanc bec au look de premier de la classe, originaire d'un milieu très modeste de Santa Ana, Californie, est un véritable choc de la scène Rythm'n Blues de 2014.
Puriste, Nick Waterhouse l'est assurément: son premier album sorti en 2012, (Time is all Gone, signé chez Innovative Leisure) a été entièrement enregistré sur les vieilles mécaniques d'époque (tout en analogique). Et comme Smokey avait ses Miracles, Nick a aussi ses musiciens (The Tarrots) et son choeur féminin (The Naturelles), qui l'ont suivi pour sa première tournée aux Etats Unis et en Europe. Dans la plus pure tradition du genre: quintet et choristes, Jazz et Gospel!
De retour en 2014 avec Holly, toujours pour la même maison, Waterhouse ressuscite les mânes les plus emblématiques de la Motown: tel morceau fera rugir son orgue Hammond (l’excellent Dead Room), un autre époumoner ses cuivres jazzy (This is a game) ou saillir des riffs de guitare ravageurs (Well it’s fine). Le tout sur un excellent rythme très soul, évoquant l’ambiance club des années 50-60.
D’une maîtrise instrumentale parfaite, et d’un respect patiné à la tradition, cet album joue également de la diversité, en allant flirter par exemple du côté du Calypso sur certain morceaux.
Avec son air de hipster rasé à la Buddy Holly, Nick Waterhouse signe ici un album surprenant et de qualité. Surprenant car il existe encore des jeunes pour produire ce genre de musique en 2014, et de qualité en respectant les formules qui on fait le succès du genre, et en les maîtrisant à la perfection.
Et c’est peut être là que se profile la seule ombre au tableau : la maîtrise. Cet album respire le Rythm'n Blues, mais comme aurait pu le dire un black des années 50, c’est un album de blanc, mec! Un album précis, classieux, trop peut-être, délaissant la part d’impro, de chaleur et d’exubérance que l’on trouve sur les vieux morceaux, le côté Funk en résumé !
C’est sûr, ce n’est pas Nick Waterhouse que l’on verra sur scène, en sueur, se cassant la voix tel un James Brown des temps modernes!
Mais la classe et le velours de l’album l'emporte malgré tout, et le jeune Nick à toute la vie devant lui pour explorer cette voie et s’approprier l’héritage des plus grands. Il en est capable, le bougre !