Une soirée d'hiver glaciale et introspective qu'on voudrait éternelle ou la peur du spleen de l'automne naissant. Une balade fraîche et printanière ou une course effrénée sous la chaleur de l'été. De chaque titre de Hinterland, deuxième LP du trop méconnu Lorenz Brunner aka Recondite, s'esquisse une séquence saisonnière de plans entre réalité et chimères. Les figurants de ces petits films en cartes postales sonores : leur rédacteur et leur auditeur. En tête à tête. Tous, trop heureux pour être désolés, mais trop désespérés pour rayonner vraiment, bercés qu'ils sont malgré eux par cette musique techno barométrique, sombre mais jamais orageuse, lumineuse mais toujours un peu voilée. Foncièrement habitée c'est évident, à l'image de l'artwork et la photographie de Lisa Lydzius, déjà à l'oeuvre sur le précédent album de Brunner, son premier, On Acid.
S'efforçant de donner corps à son concept de "carnet de route sonore" à travers son pays natal la Basse Bavière, cet "hinterland" que nous annonce le titre (on pense là sur le principe au remarquable Biosfera d'Oscar Mulero ), Recondite s'éloigne quelque peu de sa TB 303 et de son travail sur On Acid pour développer la part plus séraphique de ses textures et sonorités à grands renforts de field recordings glanés de ci de là. Allant ainsi jusqu'à se mettre en totale adéquation avec son patronime : "recondite" signifiant en anglais mystique, obscur.
Les maîtres mots qui guident une discographie encore naissante, mais qui malgré tout demeure jalonnée de jolis coups de maître. Les uns adoubés par les plus grands, Dettmann en tête. Les autres plus surprenants signés sur de chouettes labels comme Hotflush recordings. Avec, à marquer d'une pierre blanche, cette dernière mouture, qui on l'espère sincèrement devrait mettre sous la lumière le boulot du bonhomme : classieux et ambitieux. C'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter !
Chroniqué par
Yvan
le 11/11/2013