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Jackson C. Frank

: Blues Run The Game



sortie : 1965
label : 4 Men with Beards
style : Folk

Tracklist :
01/ Blues Run The Game 02/ Don't Look Back 03/ Kimbie 04/ Yellow Walls 05/ Here Come The Blues 06/ Milk And Honey 07/ My Name Is Carnival 08/ Dialogue (I Want To Be Alone) 09/ Just Like Anything 10/ You Never Wanted Me 11/ Marlene 12/ Marcy's Song...Etc

Jackson C. Franck, c’est paraît il, une légende. Un seul album, en 1965, et puis musicalement parlant, plus rien. Réédité en 2013 par la maison 4 Men With Beards, rejeton de la maison City Hall Record, cette unique offrande éponyme rebaptisée Blues Run The Game apparait comme une véritable contradiction. On la présente souvent comme un album de blues, mais dieu que c’est faux!

Derrière la légende, il y a une histoire. Une chaudière explosa dans sa salle de musique quand il était gamin, tuant quinze camarades et brûlant très gravement les survivants. Traumatisé il le fut et le resta toute sa vie. M’enfin si à chaque fois qu’un pépin domestique, qu’une catastrophe ferroviaire ou un carambolage survenait, ça donnait la légitimité aux survivants de prendre une gratte et de se prendre pour un bluesman, on n’en sortirait pas!

Avec l’argent du dédommagement, l’apprenti musicien s’installe à Londres et se lie d’amitié avec Simon & Garfunkel, qui enregistrèrent son album.

Jackson C Franck ne chante pas du blues. Ça ressemble plus à de la folk, une folk étrange, terne.

La guitare est répétitive à souhait : c’est simple, sur quinze pistes, il y a quinze arrangements, ni plus, ni moins, chacun correspondant à son morceau, et répété en boucle. Pas un solo, pas une digression, pas d’effet, RIEN. Un fond sonore à vous dégouter de la guitare sèche pour un moment.

Jackson à une voix particulière, envoutante certes, mais surtout pleurnicharde sur des morceaux comme Kimbie ou Marlène, et manquant singulièrement d’humanité: une voie atone, régulière, énervante, sans conviction.

Une question vient tout de suite à l’esprit : ce mec a t’il appris à crier? À exprimer quelque chose? Ces chansons ressemblent à des objets manufacturés.

Seulement quatre morceaux sont agréables à entendre: Milk and Honey, My name is carnaval, Dialogue (I want to be alone) et Blues rules the game. C’est quand Jackson essaye d’autres voies, plus pop, (moins je-suis-triste-donc-je-chante-du-blues) qu’il arrive à formuler quelque chose.

Après son premier album, impossible d’en sortir un suivant. Plus d’inspiration. Déménagement à New York, à Woodstock, mort de son enfant en bas âge, divorce, dépression. Asile, médicament, et vingt ans de vagabondage. Retrouvé par un fan, il remonte la pente, se reproduit sur scène. A la sortie d'un concert, une bande de rue lui tire dessus et lui prend un œil. La guigne lui colle aux basques, comme un chien peureux blotti contre les chevilles de son vieux maitre.

Il était là pourtant Jackson, ton nouvel album! C’est autre chose à exorcisé qu’une chaudière défectueuse!

Car c'est ça Jackson C. Frank, dépouillé de l'aura magnétique de la légende: le plus malchanceux des folksingers (Rodriguez au moins pourra finir sa vie en se payant des orgies avec ses royalties), mis en lumière par son amitié avec Simon & Garfunkel et une destiné de poète maudit. Une folk triste et neurasthénique, ou le chanteur a autant de mal à faire passer ses émotions qu’un moulage dentaire.

Je peux comprendre que certains morceaux aient influencé des gens comme Simon & Garfunkel et Nick Drake, ou soient utilisés dans le film The Brown Bunny de Vincent Gallo. Car, il n’y a pas là une absence de talent, mais un premier album qui est ce qu’il est, quand on le dépouille de la légende de son auteur, c'est-à-dire quelque chose de maladroit, de terne. Un début à quelque chose qui ne sera jamais achevé, à mille lieux de la mystification orchestrée par des médias plus avides d’histoires humaines que de bonne musique.



Chroniqué par Vieux Singe
le 26/10/2013

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