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Cavern Of Anti-Matter

: Blood-Drums



sortie : 2013
label : Grautag
style : Krautrock / Retrofuturisme

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Tracklist :
A1/ You're An Art Soul A2/ Solar Diamond A3/ Invocation Melodie In C A4/ Hot Electric Insect B1/ Irridated Dream Mouth B2/ Silver Dust B3/ Sound-Magic's Death Ray Destroys The Vortex And Has Union With Infinity...etc

En quelque mois d'existence et à peine six références, le label Grautag s'est forgé une identité reconnaissable entre mille en télescopant les avatars les plus contemporains des musiques rétrofuturistes avec les clichés monochromes et menaçants de son fondateur Nicolas Moulin: visions de monolithes urbains et d'architectures brutalistes navigant non sans une fascinante ambiguité entre documentaire dystopique, crash de béton halluciné et prémonitions d'un désastre imminent. La musique du label, mutante, défricheuse, n'est pas en reste. Dernière édition en date: le rutilant Blood-Drums. Un album spécialement conçu pour Grautag et son catalogue en forme de Foire aux Atrocités ballardienne par Cavern Of Anti-Matter, un power-trio hors du temps et de l'espace formé par le claviériste allemand Holger Zapf et - surprise - deux ex-Stereolab: le guitariste Tim Gane et le batteur Joe Dilworth.

On savait les deux musiciens britanniques épris des embardées motorisées du Krautrock à en devenir dingue. Et quelque part, Blood-Drums leur donne enfin la possibilité de travailler à bras le corps cette influence que les disques de Stereolab n'avaient fait qu'embrasser avec, certes, le génie qu'on leur connaît. Mais l'album dépasse finalement le simple culte futuriste pour zélotes de l'autobahn. En puisant allègrement dans les rebuts et les parcelles oubliées de notre mémoire collective, Blood-Drums remonte et boucle sur lui-même le fil de l'histoire des musiques électroniques pour plonger dans un magma incandescent où les époques et les lieux, les courants et les styles, finalement, n'ont plus court.

Et Il y a de quoi en avoir la tête toute chamboulée. Le résultat est tellement foisonnant et débridé que Blood-Drums passe vite pour un laboratoire faustien dégénéré. Le genre de disque rempli à craquer de ces vieux bidules qui devaient s'entasser dans le studio d'Holger Czukay à Cologne bien avant que Daniel Lopatin ne téte le sein de sa maman. Pensez à toutes ces vieilles mécaniques poussiéreuses et fantasmatiques, tout l'attirail des Roland, Korg, String Machine, Fender Mustang, Arp Odyssey dotés d'acronymes de films de Science-Fiction soviétique. Chez d'autres, cela ferait office de seul argumentaire en lieu et place de la musique. Chez Cavern Of Anti-Matter, ce chaos instrumental et électronique sans queue ni tête est matière à sculpter de surprenantes rêveries fractales et kaléïdoscopiques au fascinant pouvoir de dispersion.

Difficile alors d'extirper un morceau plus qu'un autre, dans un tel bouillonnement qui néanmoins révèle au fil des écoules une certaine cohérence, selon que Cavern Of Anti-Matter épouse la doxa apocalyptique du label - et sa vision d'une musique pour lendemains gâchés ("music for wasted tomorrows") - ou au contraire s'en éloigne en faisant dans la poisse de gigantesques trouées solaires. Contre toute attente, c'est justement dans ce dernier registre que le trio se distingue le plus en réussissant à capter, mieux que quiconque aujourd'hui, l'excitation des foules des années 60 pour un futur à portée de la main, fait de voyages trans-planétaires, de voitures volantes et de majordomes à queue de pie et cerveaux byoniques. De cette vision exaltée et rétrospectivement délirante de l'avenir, Cavern Of Anti-Matter fabrique des hymnes krautrock joliment bidouillés et anachroniques. On retiendra parmi celles-ci la fantastique Sound-Magic's Death Ray Destroys The Vortex and Has Union WIth Infinity et sa naïveté rétromoderniste. Sur la dansante Dystopian Shopping Mall, le trio pousse même l'audace jusque dans des saillies discoïdes et intergalactiques, agitées d'arpeggiators et de lignes de basses ondoyantes, rappelant la new-wave de New Order tout autant que l'acid-techno de Drexcya. Enfin, on se rappellera de l'onirique et flamboyante Solar Diamond, qui distille au grès de nuées synthétiques passéistes une lancinante mélancolie, d'où sourde, pour l'oreille avertie, l'imminence de catastrophes globalisées.

NDLR: Blood-Drums est en écoute intégrale via Grautag et la page dédiée au groupe.



Chroniqué par Mickael B.
le 10/10/2013

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