Junkadelic a donc réussi à réunir leurs deux têtes d’affiche pour un album que certains n’osaient même pas rêver :
Mr Sche et
Kool Keith, deux légendes du rap sur leurs scènes respectives. Le premier officiant sur Memphis où il a collaboré depuis quasiment 20 ans avec tous les grands noms du Dirty South ; le second, que l’on ne présente plus, est l’auteur de plusieurs classiques du rap old school et alternatif depuis 1988. On parle ici d’une cinquantaine d’albums à eux deux, des débuts du hip hop à nos jours. Rien que ça.
Une collab peu évidente à première vue, même si les deux protagonistes sont habitués à revêtir différents costumes. On ne compte plus les multiples pseudonymes de
Keith Norton. Quant à
Sche il jongle habilement entre les divers thèmes récurrents au dirty south. Des univers distinct, un dénominateur commun tout trouvé dans les mythes du proxo, ici relocalisés dans l’univers de la Guerre des étoiles pour corser le tout.
La quasi-totalité des productions sont signés par
Mr Sche lui-même, dans son style caractéristique et ses drums de 808, mais aussi des sons plus osés comme le très bon
Ewokie Galaxy Swag ou
Hard Drugs et
I’m Insane d’une efficacité rock redoutable, des sonorités synthétiques années 80 sur l’atmosphérique
Watch The Throne et le sample grillé de
Kavinsky sur
Natural High, ambiance latino sur
Lord of Thongs… Et toujours ce don naturel à trouver le hook qui tue : tellement kitch sur
Natural High, rappé sur
Skreet Smart, voix modifiées sur
Dark Vador Light Sabor, haut perché sur
Padawan… Tous les registres y passent et y sont parfaitement maitrisés. Le producteur français
Junkaz Lou, déjà auteur de deux albums très moyen avec
Keith (dont
Love & Danger chroniqué
ici) calent trois bon beats sans faire tache.
Du travail de qualité, des productions riches et variés, des interprétations toujours justes, des idées à la pelle…. Une attention particulière semble avoir été accordée à la création de cet album historique, jusqu’à la cover au dessin comics très réussi. Le résultat est au rendez vous et dépasse même les espérances.
Kool Keith confirme l’embellie montré avec ses mixtapes
Total Orgasm tandis que la créativité de
Sche semble avoir été sublimée dans cette fantasque association. On en redemande.
Chroniqué par
Ikhlas
le 24/06/2013