On se souvient des discussions que nous avons pu avoir au sein de la rédaction de dMute à propos de
Daughter avec Bob et Jérôme. On se souvient avoir défendu bec et ongle l’absence d’intérêt d’un tel projet. Projet solo devenu trio par la suite,
Daughter paraissait à nos yeux assez insipide, au point de contester le bien fondé d’une chronique dans nos colonnes. Tout au plus pouvait-on considérer ce projet un peu trop mièvre au point de n’être bon qu’à illustrer un énième épisode de
Dawson. De quoi s’interroger sur ce qui avait bien pu prendre à nos deux piliers historiques de dMute, connus pour avoir défendu certaines futures valeurs de notre répertoire depuis de nombreuses années, pour en finir là. On se disait que c’était triste de voir deux personnes de qualité finir de la sorte dans le cadre d’un Alzheimer prématuré.
Chose est sûre, c’est qu’on était complètement à côté de la plaque. Certes l’écoute des premiers
ep ne nous transcende toujours pas, mais force est de considérer qu’on n'avait jamais pressenti le potentiel de ce trio. On remercie nos confrères à l'instar de
4AD d’avoir eu ce talent. Car ce premier album officiel nous aura frappé par la solidité de ses composition. Ce mélange d’efficacité et de délicatesse. Par cette capacité de construire ces ambiances par petite touches. Par ces manières d’utiliser et recycler dans le cadre d’un projet pop dix ans de musique. On pense à l’esthétique post rock et à ses gimmicks reconnaissables entre tous, à cet art d’alterner tensions et moments d’épure et aussi à la voix de la chanteuse Elena Tonra qui s’intègre parfaitement dans cet écrin enfin parvenu à maturité. Bref, un album qui vous fait retourner votre veste sans aucun complexe...
