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Scott Walker

: Bish Bosch



sortie : 2012
label : 4AD
style : Inclassable

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Tracklist :
01/ "See You Don't Bump His Head"
02/ Corps de Blah
03/ Phrasing
04/ SDSS1416+13B (Zercon, A Flagpole Sitter)
05/ Epizootics
06/ Dimple
07/ Tar
08/ Pilgrim
09/ The Day The "Conductor" Died (An Xmas Song)

Eu égard aux émanations ténébreuses et ésotériques qui suintent par tous les pores de ses albums les plus récents, beaucoup voudraient voir en Scott Walker un esthète maladif, un ermite rongé par la folie et la démesure. Mais le personnage comme sa musique déjouent depuis longtemps toutes les tentatives taxinomiques. Bish Bosch, comme ses vénérables prédécesseurs, ne fait pas exception à la règle. Si son créateur est bel et bien fou, c'est de la même folie que Jérome Bosch - sous le patronage duquel il a placé ce quatorzième album. Walker n'est pas des provocateurs à la petite semaine. A l'instar des visions orgiaques et cataclysmiques du peintre flamand, Bisch Bosch nous fait pénétrer dans un univers mythologique peuplé d'homoncules démoniaques et de diablotins pathétiques. C'est une fresque sonore wagnérienne, sidérale, renversée, qui se tord dans des spasmes interminables, se dérobe dans des tremblements de terre, et éclate en un rire bestial avant de laisser derrière elle un silence recueilli. Depuis la dissolution des Walker Brothers en 1968, il est peu dire que Scott Walker a pris sa liberté, loin des spots et des émeutes de jeunes filles en fleur. Installé en Grande-Bretagne, dans une réclusion largement légendaire, le crooner américain a construit pierre par pierre, année après année, un univers musical particulièrement bizarre et inquiétant, sans se soucier de la marche du temps ni de la valse des époques et des courants musicaux. Après une série d'albums solos et un recueil de reprises de Jacques Brel dans la langues de Shakespeare, sa carrière prend un tournant décisif dans les années 80. Avec la bénédiction de David Bowie et Brian Eno, Walker sort Climate of the Hunter. Les chansons se complexifient, la pop baroque laisse place à des orchestrations de plus en plus grandiloquentes. Si les apparitions de l'Américain se raréfient, il inaugure toutefois à l'aune du XXIe siècle sa grande oeuvre, une trilogie d'une ambition affolante, entamée avec le ténébreux Tilt, poursuivie avec le chef d'oeuvre The Drift et clôt aujourd'hui par Bish Bosch... Un triptyque dantesque, sans commune mesure dans la production actuelle et qui trouve enfin un dénouement digne de ce nom. Bish Bosch, comme Tilt et The Drift avant lui, a été conçu patiemment dans les arcanes de la musique contemporaine. L'album se compose de blocs d'atmosphères aussi denses que l'obsidienne, d'évènements sonores formant au gré de leur collision des tableaux d'une beauté vertigineuse, atemporelle, parfois inesthétique et inconfortable. Scott Walker continue d'y explorer des tropiques menaçants, avec comme figures tutélaires Iannis Xenakis et György Ligeti à qui il emprunte respectivement les constructions kaléidoscopiques et faussement indéterminées et les glissando de cordes extra-terrestres. Les trouvailles foisonnent, les compositions prennent des chemins alambiqués : dans un vaste assemblage heurté de bruitages et de bourdonnements, de tambours tribaux, de cuivres guerriers ou de riffs de guitare tranchant, Scott Walker achève de consumer les formes du rock et de la pop dans les forges infernales de la musique contemporaine. Mais au milieu de ce capharnaüm nauséeux et glouton, l'émotion affleure souvent : il suffit de se raccrocher à la voix impériale et sépulcrale de Scott Walker pour voir s'éclairer la purée de pois et les tunnels sinueux et suffocant de cette quasi-symphonie - longue de 80 minutes! - belles et violentes comme les ardentes visions oniriques de Jérome Bosch.



Chroniqué par Mickael B.
le 31/12/2012

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