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Carter Tutti Void

: Transverse



sortie : 2012
label : Mute Records
style : musiques industrielles

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Tracklist :
01/ V1
02/ V2
03/ V3
04/ V4
05/ V4 studio (Slap 1)

Chris & Cosey c'est trente ans d'activité (non, d'activisme forcené!) durant lesquels ils auront fait mourir la musique industrielle cent fois, l'auront ressuscitée cent autres, pour en faire autre chose que ce qu'elle est, eux qui, au sein de Throbbing Gristle, ont pourtant participé à la façonner. Autre chose que ce qu'elle est, ou plutôt de ce qu'on a souvent voulu en faire : un chant de mort des machines, le cri terminal d'un monde à l'état de glaciation post-capitaliste. Je ne sais pas si c'est le flegme anglais, ce second degrés de circonstance taillé pour la survie en territoire (culturel) hostile ou le fruit de deux personnalités difficilement domesticables mais leur musique a toujours été différente, revendiquant une cruauté sonore confinant à l'humour grinçant et quelque chose de plus charnelle, de l'ordre d'une érotisation parfaitement assumée et intériorisée.

Transverse réaffirme l'iconoclasme de cette musique industrielle so british, joyeusement régressive, un tantinet intello, toujours violente et sensuelle, bref avide de paradoxes ! Il y a de l'urgence dans cette musique, de la fièvre même et dans ce disque en particulier. Est-ce le fait qu'il fut enregistré live et laissé tel quel, brut de décoffrage ? Sans aucun doute.

C'était en mai 2011, au Short Circuit Festival organisé par le célèbre label Mute Records. Pour l'occasion , Chris Carter et Cosey Fanny Tutti étaient épaulés par Nik Colk Void, chanteuse et guitariste du jeune groupe de rock industriel Factory Floor, qui pourrait tenir le rôle de Blanche Neige dans une version neurasthénique du conte de Disney. Sur les images de l'évènement qu'on peut glaner sur youtube, Nik Void se trouve à gauche de la scène. La jeune femme manie l'archet comme un hachoir, donnant de grands coups sur sa guitare pour la faire cracher un râle de souffrance qu'elle manipule ensuite du bout des doigts sur sa console. En face d'elle, à droite de la scène, Cosey Fanny Tutti concentre souvent l'attention. Telle une prêtresse baignée de lumière rouge sang, Tutti pousse des borborygmes, réduisant le langage à son essence la plus primaire. De sa bouche sortent des prières shamaniques désarticulées, qu'elle reprend en maltraitant sa guitare hurlante. Au centre Chris Carter, appliqué et discret derrière ses dispositifs électroniques, tranche avec la symétrie des deux femmes, dont on pourrait presque dire que l'une, la plus jeune, offre le reflet de l'autre (pas de hasard ici). Carter donc, assène des rythmiques métronomiques sans discontinuer, véritables coups de butoir répétés de manière obsessionnel pour opérer une percée dans notre boîte crânienne.

Sur les quatre titres de l'album (si on laisse de côté la piste studio, trop léchée), le trio cherche constamment la brèche, ce point à partir duquel tout bascule dans une transe shamanique, ou un quelconque état second, quitte à verser dans une forme de redondance. Et il tend souvent à y parvenir en fracassant le mur du son, en allant plus loin que le rythme monotone et débilitant des chaînes de production c'est à dire, encore une fois, en insufflant de la sueur et de la chair à cette musique de bruit et de fureur.

Chroniqué par Mickael B.
le 08/06/2012

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