Originaire de Glasgow,
Errors est un jeune quartet qu'on a du mal à dissocier de
Mogwaï, le héros de la scène locale. Invariablement, c'est sur
Rock Action, le label créé par ces derniers, qu'
Errors sort ses disques de post-rock teintés d'influences math-rock, electro-pop ou shoegaze. Aussi, leur musique paye un fort tribut à celle de leurs maîtres dont ils sont un peu devenus les héritiers homologués.
Faute de pouvoir tuer le père, la jeune formation écossaise tente avec son quatrième album,
Have Some Faith in Magic, de s'inventer un destin propre, en s'érigeant en recycleur ou mieux, en généticien facétieux. Ainsi va la musique de nos jours : musique de croisements génétiques où les jeunes générations, qui, élevées au biberon numérique, ont ingurgité à la vitesse de la lumière des décennies entières de musique, inventent désormais des mutants. Les époques, les modes et les tendances s'agglomèrent pêle-mêle dans leurs éprouvettes. Là-dedans, on cherche la formule inédite, celle qui fera mouche, faute de pouvoir proposer quelque chose de nouveau…
Errors ne déroge pas à la règle. Avec
Have Some Faith In Magic, ils emboîtent même le pas à des formations comme
Emeralds ou plus lointainement
Black Dice, qui ont fait du revival des musiques synthétiques et bricolées, le terrain privilégié de leurs croisements contre-nature. Ici la formule est plus pop, electro-pop dira-t-on, mais il convient d'insister : l'esprit est le même.
Alors on trouve convié dans une débauche de sons synthétiques, de boîtes à rythmes et de guitares parfois extrêmement kitch, le souvenir de
Depeche Mode,
Kraftwerk,
Vangelis ou
Tangerine Dream, et cités avec plus de révérence encore
Mogwaï et
Emeralds. Heureusement, au-delà de cet espace saturé de références, de clins d’œil parfois très appuyés, la musique d'
Errors ménage des mélodies bien senties, marquées de l'insouciance et du feu de la jeunesse.
Malgré le tournant engagé vers une electro-pop luxuriante et retro-futuriste (etc etc)…
Errors perpétue le savoir-faire musical de
Mogwaï en matière de construction mélodique. Dit simplement : rien ne dépasse, leurs motifs s'emboîtent de manière très naturelle et ne sombrent jamais dans un cauchemar de sonorités stupides parce que nos quatre Écossais sont des gens plus minutieux qu'on pourrait le penser. Si les machines occupent d'ailleurs une place prépondérante, les quatre musiciens insufflent toujours à leurs créatures synthétiques une humanité salvatrice, un lyrisme discret, faisant même usage de chœurs vaporeux pour créer des atmosphères rêveuses sur des morceaux assez malins,
Blank Media et
The Knock en tête…