La dernière fois qu’on avait écouté
Megafaun, on avait pu voir que ces derniers étaient entre de bonnes mains. C’était en 2010, à l’occasion de la sortie de l’excellent
Heretofore. La sortie de ce nouvel album éponyme procure une double sentiment, entre peur de la déception et excitation de voir le chemin parcouru. Car produire un excellent
ep est une chose, mais confirmer la donne en apposant la marque des dieux sur un album en est une autre... La cruauté de la vie veut que parfois, à ce petit jeu de la critique, le sort d’un album se joue à la seule médiocrité d’un titre.
Chose est dite, ou plutôt non. Le trio, proche de
Bon Iver à une époque où ce dernier ne se lançait pas encore dans des divagations au delà du
new age, n’avait pas été en mesure de trouver sa propre voie face aux mastodontes que sont
Akron Family, Fleet Foxes, Vetiver et compagnie. A croire que le groupe n’était bon qu’aux premières parties. Or depuis
Heretofore, il s’est passé quelque chose.
Certes leur country rock (
Get Right, Second Friend, Resurrection, State /Meant) matinée de blues (
real Slow) s’est parée des atouts de l’expérimentation (
These Words, Rooster Egg), de l’électronique (
Serene Return, Post/Script), du jazz ou des musiques africaines (
Isadora), mais ce qui a vraiment importé dans ce registre c’est ce déclic qui leur a permis d’incarner véritablement leur musique. On parlera d’inspiration, de maturité pour les plus comiques. Les amateurs de
telenovelas ou de tout autre
sitcom diront que les choses ne sont plus comme avant. Ce qui est pour une fois plutôt une bonne. Car on est d’avantage habitué aux désillusions.
Bref, on l’aura compris, l’écoute de cet album semblait annoncer un parcours sans fautes. Mais comme le dit le dicton : « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». En effet, le groupe a su produire des ballades aussi bien troussées que
Kill the Horns, Hope You Know, Scorned et a réalisé le gros œuvre avec talent. On peut néanmoins se demander pourquoi ce dernier a salopé les finitions en nous proposant en fin d’album un duo aussi kitsch et horripilant que
Everything ?
Dommage, car cela laisse un goût amer. Celui d’avoir trop espéré ou celui de s’être fait berner. Qu’importe on se consolera en écoutant les premiers titres de cet ouvrage en se rêvant directeur artistique sans vergogne au point de jeter aux oubliette et par « mégarde » un titre à peine digne de la bande originale d’une comédie sentimentale réunissant tout ce que la terre peut compter d’acteurs indigents.