R/S c'est d'un côté
Peter Rehberg, l'illustre fondateur des
Editions Mego et de l'autre
Marcus Schmickler, qu'on connaît mieux sous le pseudo
Pluramon comme un touche à tout infatigable des musiques électroniques.
Au cours de leur carrière respective, les deux hommes se sont retrouvés ponctuellement à œuvrer pour une même cause : celle d’une musique radicale, souvent improvisée, où les machines taillent à même la masse de micro-sons incandescents. Leur rencontre avait quelque chose d’inéluctable.
En 2007, l’album
One (Snow Mud Rain) scellait la première étape de leur collaboration. Il nous donnait à entendre des réminiscences bruitistes venues des premiers temps du label
Mego (quand
Rehberg se faisait encore appeler
Pita), ainsi que des explorations sonores aux limites les plus extrêmes des musiques de laptop. Bref, une musique à la fois nostalgique et violemment moderne, à réserver aux oreilles averties.
Quatre années plus tard, en lieu et place d’un deuxième album studio, le duo opte pour une autre solution, celle de l’album live. Voilà donc
USA: recueil de trois longues pièces enregistrées sur scène, à l’occasion d’une tournée au pays de l’oncle Sam.
Le programme est le même que sur
One : fritures agglomérées en essaim menaçant, et bruits synthétiques parcourant l'espace à la vitesse de la lumière. Cependant en live, les enjeux sont différents. Les deux hommes brûlent du carburant, suent sang et eau : ils sont en prise directe avec la machine et le cerveau de leur auditoire. Ça se sent. Il y a de la tension dans l’air.
L’ampleur du défi scénique pousse le duo à se libérer, à faire montre de plus d’audace encore que sur disque. Leurs gestes se font plus abrupts, plus imprévisibles et finissent par accoucher de formes mutantes, parfois arachnéennes. C’est ça la magie de la performance. D’abord souterraines, ces formes se déploient rapidement en stratifications complexes et se chassent les unes les autres selon une trame narrative aussi tortueuse que volcanique, aussi acharnée que fulgurante.
Tout au long d'
USA, la pression ne cesse de grimper comme le mercure d’un thermomètre et on se prend vite au jeu de ce trip cérébral en forme de marathon. Enfin ce qui doit arriver...arrive : le thermomètre implose, les potentiomètres fondent. Cette musique de neutrinos fous nous a laissé k.o., grisé par la vitesse et les sursauts de violence sonique. Est-ce donc cela l'Amérique rêvée par
Peter Rehberg et
Marcus Schmickler?