Avec trois albums sortis en un peu plus de dix ans,
Rajko Müller aka
Isolée n'est pas ce qu'on peut appeler un producteur envahissant. Une rareté qui en fait un artiste précieux, pourvoyeur d'un son reconnaissable entre mille. Depuis
Rest et son
Beau Mot Plage ancré dans bon nombre de mémoires, il tire les mêmes ficelles ; et derrière ces poétiques productions minimales, seuls les impatients rateront la fête et la lumière.
Passer du rien au tout, faire bouger les nuques et les pieds en prenant son temps, voilà un art que l'Allemand maîtrise à la perfection.
Toujours déroutante, sans cesse complexe, cette house a fini d'être "micro". Si elle l'était peut-être dans ces premiers chapitres - et encore ! - aujourd'hui avec des titres aussi bien fourbis que
Taktell, le synthétique
Transmission, le spatial
One Box ou le tortueux
Paloma Triste, une telle dénomination reste toute relative. Ce qui caractérise plutôt cette musique reste sa capacité à continuellement jouer l'équilibriste entre piste de dance et arrière boutique de studio. On imagine sans mal Müller dans cette dernière, expérimentant ses breaks de synthés, ses percussions dissonantes et d'autres rythmiques toutes plus syncopées et désarçonnantes les unes que les autres, avec en filigrane, bien claire dans son esprit, l'idée de faire bouger les foules.
Entre la tête et les jambes,
Isolée n'a effectivement jamais tranché, ne ménageant pour le coup ni l'une ni les autres. Et si, n'en déplaise aux extrémistes de l'actualité, ce nouvel opus à l'odeur des vieilles recettes, ce n'est assurément pas celle du réchauffé qui prédomine, mais bien celle d'un savoir faire exigeant et gourmand, fruit d'expériences tranquillement et surement assimilées.
Une jeunesse bien dépensée nous dit l'artiste...Ça ne fait plus aucun doute maintenant !
Chroniqué par
Yvan
le 13/08/2011