Février 2009, Théâtre du Chatelet à Paris, J.S. Bach embrasse à nouveau son public. Dans tous les recoins du théâtre, du salon Nijinski aux extérieurs, des artistes d'horizons divers et variés vont faire (re)vivre sa musique en d'audacieux glissements vers les musiques du monde, le jazz ou encore l'électro. Seul musicien à représenter cette dernière,
Sutekh croisera jusqu'au petit matin ses propres obsessions et sa vision du répertoire de Bach. Il prendra ce soir là un tel pied qu'il décidera de poursuivre l'aventure, figeant sur disque ce travail singulier.
On Bach (titre peut-être en hommage à
Switched On Bach album mythique de 1968 où ce dernier se faisait triturer par
Wendy Carlos et
Benjamin Folkman à coup de Minimoog) sort donc cette année chez les fougueux défricheurs de
Creaked Records.
Si ce premier album de l'Américain depuis 2002 (on l'avait tout de même recroisé entre temps au sein du
Pigeon Funk) apparait sur le papier comme une révérence arty à la musique du compositeur allemand, il s'avère être en fin de compte une relecture bien chahutée de ce répertoire. S'attelant à malaxer des extraits MIDI de cantates, des enregistrements d'arpèges baroques démentiels ou nous poussant à nous sacrifier pour
Glenn Gould,
Sutekh apporte une fois encore toute la preuve de sa talentueuse folie.
Dressant des passerelles alambiquées entre expérimentations contemporaines, click'n'cuts potaches et techno froide, notre producteur réalise la prouesse de maintenir en équilibre les échos électro avant-gardistes d'
Oval, le charme funky glacial de
Krafwerk et les élucubrations "Pop'eclectic" de
Parmegiani. Avec en ombre portée à cet étrange édifice, le spectre scrutateur et dubitatif du génie d'Eisenach. "Quel drôle d'ouvrage " semble-t-il nous dire. Effectivement J.S., beau mais étrange !
Chroniqué par
Yvan
le 28/06/2011