Il a fallu cinq ans à
Consor pour offrir une suite à
Mesantropia. On peut donc supposer que ce nouvel album a été muri jusque donner entière satisfaction à son auteur avant d'arriver dans les circuits de distribution. En ambient, on s'est plutôt habitué à la prolifération créatrice des
Celer,
Chihei Hatakeyama, ces artistes qui nous pondent trois ou quatre albums par an. Mais le temps de gestation de
Tumult n'a sûrement pas été inutile. On devine dans cet album un travail peaufiné, réfléchi, l'antithèse parfaite des morceaux journaliers que proposait
The Humble Bee. Aucune démarche n'est plus méritante qu'une autre, mais ce qu'on perd en spontanéité, on le gagne nécessairement en maturité.
Tumult est un album trans-genre. Ses morceaux laissent transparaître des influences assez éloignées les unes des autres. Ainsi,
Ayako aurait pu figurer dans un album de
Massive Attack, tandis que
Rusty Handcuffs ne dépaillerait pas à côté d'un morceau de
Nine Inch Nails. On pourrait coller au projet presque autant d'étiquettes qu'il y a de pistes : ambient, electronica, shoegaze, indus, post-rock, ... Les parties instrumentales (batterie, violon, guitare, chant) ne sont d'ailleurs pas étrangères à cet éclatement des styles. Et si les invités apportent chacun à leur manière une couleur intéressante à l'ouvrage, je reste mitigé quant à l'intervention de la chanteuse dont les premiers mots sur
In The Mist manquent de justesse.
Si il y a une chose dont
Consor peut se féliciter, c'est que l'ingéniosité de ses arrangements, la qualité de ses textures, et son sens de la mélodie le rendent capable de toucher n'importe qui. Il ne s'est pas risqué à entreprendre ces expérimentations hasardeuses qui peuvent rendre parfois l'electronica-ambient obscur. Ici, la prouesse réside plutôt dans la traversée des genres proposée. Le Suisse n'y laisse aucune plume. Il s'essaie à tout, mais on voit toujours où il veut en venir. Beau travail.
Chroniqué par
Tehanor
le 21/06/2011