Autant le dire simplement et directement : on kiffe les
Detroit Grand Pubahs (
DGP). On se jette sans réfléchir outre mesure sur toutes leurs sorties. Celle-ci ne fera pas exception. Et, toute subjectivité fanatique mise à part, on a adoré ce disque,
Madd Circus. Leur quatrième, signé sur leur propre label
Det.Ele.Funk. Une fois de plus ils surprennent par les directions prises.
Rassurez-vous, les
DGP sentent encore le stupre et la sueur du dance floor. L'humour grivois et les envies de frotti-frotta salaces sont toujours légion. Seulement là, il y a une petite dose de maîtrise supplémentaire, de retenue presque, qui, sans prendre le pas sur leur folie salvatrice - ça part quand même dans tous les sens -, marque une vraie rupture avec les précédentes moutures.
La production est magistralement complexe et carrée, laissant malgré tout l'espace suffisant à la fulgurance et aux mélanges des genres si chers à nos producteurs. C'est bel et bien dans ce nouvel équilibre que s'épanouissent
The Mysterious Mr O et
Mack Goudy, Jr. alias
Paris the Black Fu : vautrés confortablement au cœur d'une partouze démoniaque d'idées fantasques, bien mises en valeur et étiquetées "safe sex". Leur credo ? Faire proprement mais surement forniquer techno minimal, intermède de cabaret 8-bit, dubstep, funk rétro-futuriste et soul vintage.
Par contre, tous sécurisés que soient leurs ébats sonores, et ce, de l'énergie sauvage de
Maybe I Do à la rageuse drum'n'bass de
Madd Circus ou l'hypnotique noirceur de
Much Better, du tubesque
Numb, Dead and Dumb à la langueur lubrique de
Breakfast In Bed, jamais
DGP n'oublie l'essentiel : ce groove imparable qui reste leur marque de fabrique.
Après on pourrait bien sûr gloser sur leurs obsessions pour les mises en scènes scabreuses, ce deuxième degré tout aussi décalé et pas toujours de première fraîcheur. Rien ne l'empêcherait s'ils jouaient uniquement là-dessus.
Seulement voilà, en réduisant le braquet sur les pitreries, sans se déjuger sur ces choix qui en valent bien d'autres, ils apportent la preuve qu'ils en ont encore sous la pédale, signant ici un grand disque. Bien bordélique, certes, mais qui devrait les guider sur la voie royale de la reconnaissance. Une reconnaissance qu'ils méritent, et dont certainement ils se foutent éperdument. On ne se refait pas !
Chroniqué par
Yvan
le 13/02/2011