Si le breakcore émerge à partir des années 90, ce n'est véritablement que sous l'impulsion de
Venetian Snares que le mouvement explose. Dix ans durant nos oreilles ont enduré cette musique bruitiste, dix ans durant elle nous a confiné aux bords de la folie, jusqu'à ce que l'élan s'essouffle en plein vol. En 2010, le breakcore n'est pas mort. Mais il n'a plus vraiment la fougue d'antan. Il faut dire que le mouvement n'a jamais été très populaire, encore moins en France que chez nos voisins belges, anglais ou allemands. Il faut dire aussi qu'après dix ans de boucherie électronique, on ait eu quelque peu l'impression d'avoir fait le tour de la question. Et puis le succès tardif du dubstep dans nos soirées "underground" acheva de détourner l'attention du courant.
Il n'a d'ailleurs pas fallu très longtemps pour que les producteurs du genre ressentent la nécessité d'hybrider leur musique à d'autres pour lui redonner du souffle :
Venetian Snares et le classique ou encore
Drumcorps et le métal hardcore.
Igorrr, lui, revendique un métissage avec la musique baroque. On trouve donc torturés tour à tour dans son album choristes, violonistes, joueurs de mandoline et de clavecin. Mais pas seulement puisque, régulièrement, viennent s'incruster riffs de métal et gueulantes qui vont avec. A cela s'ajoutent quelques délires particuliers, comme cette surprenante chute country sur
Tendon.
Igorrr offre un excellent prétexte pour se replonger dans le breakcore. D'abord parce que Gautier Serre, l'homme à flageller pour cette folie furieuse, est ingé son, et que cela se ressent. Sa musique est diablement bien maîtrisée, ce qui relève de l'exploit tant elle part dans tous les sens. Vous pouvez trouver sa musique insupportable, mais ne pourrez décemment blâmer la qualité de sa production. Ensuite parce que le breakcore a rarement été aussi drôle, aussi fou et brutal à la fois.
Nostril renvoie les mashups de
Shitmat à la préhistoire du breakcore.
Igorrr résume presque à lui seul tout ce qui a pu se faire en la matière : du mélange orchestral aux poussées vers le métal, du sampling débile à la drill'n'bass technique. Bref, si le skeud peut s'avérer fatiguant sur la longueur, on en a pas moins pour son argent. Un album à garder sous la main, quelque fois que vous seriez pris d'une soudaine envie de péter les plombs.
Chroniqué par
Tehanor
le 22/11/2010