Gold Panda, Derwin Panda comme il aime se présenter, débute sa carrière de bidouilleur sonore en remixant les morceaux de
Simian Mobile Disco,
Bloc Party,
Zero 7, et d'autres encore. C'est après quelques EPs et une sortie au Japon qu'il décide de franchir le cap décisif.
Lucky Shiner est son premier "véritable" album, épreuve du feu qu'il passe haut la main. Car il ne faut pas s'y tromper. Ses airs d'animal timide cachent en réalité un producteur au potentiel énorme. Sa musique déroute, d'abord – et c'est après tout ce que nous cherchons. Elle n'entre dans aucune case. Si le titre introductif fait pencher pour un glitch hop de la trempe de
Flying Lotus, l'arrivée d'un gimmick house en deuxième piste bouscule immédiatement cette première hypothèse. Le troisième morceau part vers la folk, le quatrième vers autre chose encore...
On pourrait bien lui trouver quelques affinités avec
Four Tet, mais sa musique est unique. Le plaisir de créer, de fouiller, d'explorer de nouveaux territoires est perceptible. Chaque piste est une expérience à part entière. Mais l'ensemble est toujours auréolé d'un esprit un peu léger, d'une fraîcheur bon-enfant. Le Britannique s'amuse avec les sonorités de l'orient : sitar (
You), koto (
Same Dream China), tanpura (?) (
India Lately), et coud ça pelle-mêle dans un patchwork de samples "slicés" en mélodies.
Gold Panda frappe fort. Son album marque l'esprit de manière indélébile. Si la première écoute de sa galette intrigue, il suffit de se l'être passée quelques tours de plus pour tomber sous le charme. Ce n'est pas un hasard si cet artiste draine déjà son petit lot d'addicts. L'essayer, c'est l'adopter.
Chroniqué par
Tehanor
le 18/10/2010