Ido Govrin est un jeune artiste sonore basé à Tel Aviv. C’est un nouveau venu dans la grande famille des sound-designers, ces touche-à-tout de la musique électro-acoustique qui se plaisent à jouer des supports pour proposer de nouvelles formes d’écoute. Très impliqué dans le domaine de l’art contemporain, notre homme a aussi bien produit des bandes sonores pour des films, que pour des spectacles de danse, ou des installations multimédia.
Qui plus est, depuis 2004,
Ido Govrin dirige un label au côté de l’artiste israélienne
Liora Belford (il forme avec elle le duo
Duprass). Et c’est ce label,
Interval Recordings, qui publie son premier album intitulé
Moraine.
Une moraine, c’est un amas de roches concassées qui se forme au gré des mouvements souterrains des glaciers. C’est un phénomène géologique dont
Govrin a tenté de s’inspirer pour donner une forme et une dynamique particulière à sa musique. Ce qui n’est pas prégnant sur le court titre introductif mais qui se révèle subtilement par la suite.
En effet à partir du titre
Push et plus encore sur
Lateral, la musique de
Moraine s’enfonce de manière définitive dans les entrailles de la terre, pour évoluer dans ce monde clos et obscur qui se situe sous la croûte terrestre. On a ainsi affaire à une ambiance très minérale et surréaliste, où on peut sentir que des forces indicibles sont à l’œuvre dans un mouvement tellurique perpétuel en même temps qu’imperceptible.
Plus concrètement,
Govrin mobilise systématiquement des couches sonores d’essences différentes dans un jeu habile de glissement et de substitution, toujours très mental. Vibrations microscopiques, basses vrombissantes, nappes de cordes massives (violoncelle, violon) créent un maelström où se mêle le son de véritables instruments à celui d’ordinateurs et autres synthétiseurs.
Les titres les plus réussis, ou les plus évocateurs sont certainement
Push,
Lateral, le peu aisé
Medial et enfin
Recessional qui clôture l’album dans une apothéose bruitiste des plus jouissives. A côté de cela, on trouvera des morceaux d’ambient music plus conventionnels mais néanmoins plus directs :
Ground et
Terminal. Le tout constituant un premier album solide et prometteur.