Voilà un artiste,
Kieran Hebden aka
Four Tet, qui revient régulièrement visiter nos platines. On a beau présumer de ce qui nous attend, on reste toujours saisi par le plaisir que procure la découverte de ses nouvelles sorties. Ce fut le cas avec
Ringer et ce
There Is Love In You ne déroge pas à la règle. On est vite happé par la fraîcheur de cet amalgame de house et d'electronica, méticuleusement confectionné, tout à la fois cérébral et sensible. Une fois encore le sortilège fonctionne. Il faudra même un bon nombre d'écoutes avant de le voir se banaliser.
Mais quels miracles ce disque réalise-t-il donc pour qu'on le couvre de tant de louanges ? Il n'a pourtant rien d'innovateur : tout y est juste clairement articulé (parfois même trop simplement sur le conventionnel
Reversing).
Par contre on y entendrait presque battre son propre cœur. Dans des phases tantôt apaisées (
Plastic People ou le
B.o.Cien
Circling) tantôt plus exaltées (le soulfull
Angel Echoes).
Neuf titres pour quarante sept minutes d'un bain de lumière, dont la douceur sera difficilement réfutable. S'y plonger, c'est comme feuilleter le recueil d'une prose vibrante et vivante, à l'instar d'un paysage nimbé d'une clarté toute estivale.
Hé, hé...Je vois d'ici tes yeux pleins de pourquoi, ami(e) lecteur(trice). Tu te demandes si on ne serait pas des fois en train de te faire de la retape pour un quelconque ersatz new-age. Pas de ça ici !
En dépit d'un titre plein de sous-entendu, ce Lp n'est certainement pas un de ces nouveaux avatars hippies où chaque auditeur serait invité à faire la ronde, collier de fleurs autour du cou, biddies au bec.
There is Love In You vaut mieux que ça. N'y voir juste là que l'exercice à l'eau de rose d'un pauvre beatnik sur le retour, ce serait nier la qualité d'une écriture musicale délicate, dont la grandeur mélodique et conceptuelle (écoutez l'enchaînement
Sing/This Unfolds) en démultiplierait la puissance plus qu'elle n'en affaiblirait le propos.
Sans faire de bruit,
Four Tet réussit le mélange savant de langages sonores parmi les plus codés et éculés (house, IDM, folktronica), générant une musique éminemment subjective à l'esthétisme singulier. Le tout en se contentant - du moins l'impression d'aisance est forte - de la passer au crible de sa propre sensibilité.
Il nous prouve ainsi, une fois de plus, sa grande sagacité. Et à qui voudrait bien l'écouter, comme à ceux qui en douteraient, qu'il y a surement de l'amour en nous. Non ?
Chroniqué par
Yvan
le 31/08/2010