Silence est un nouveau miracle d’impressionnisme sonore à rajouter à la discographie de l’outsider
Robert Henke aka
Monolake. Sur son dernier opus le cerveau allemand se livre à une exploration mentale du monde sensible, depuis les hauteurs d’un observatoire astronomique.
L’Allemand est allé puiser la substance sonore de
Silence au cœur des orages, sous des cieux aux reflets d’acier, au cœur de stations électriques et d’aérogares climatisés. L’œuvre de
Monolake prend désormais une tournure franchement environnementale, ce qui n’était encore que très latent sur les productions antérieures. C’est le signe que
Robert Henke a atteint en dehors des compositions technoïdes pour lesquelles on le connaît tous, une maîtrise insolente dans l’art de capturer les sons mais surtout de changer cette matière brute et parfois ingrate en des textures abyssales et totalement neuves.
Silence est pour cette raison un véritable voyage en des territoires ambient encore inexplorés mais déjà en proie à l’aliénation. Le ton est d’ailleurs minimaliste à outrance et les progressions accablantes de précision. Ainsi l’espace dans lequel nous évoluons s’avère très vite asphyxié comme celui d’un open space ou d’un panoptique ultra-moderne. Pourtant on ne peut cacher longtemps la jouissance que l’on éprouve à parcourir ces lieux à la fois abstraits et angoissants mais également terriblement familiers.
Henke a par ailleurs l’intelligence de jouer sur les sentiments ambigus de terreur et d'attirance que provoquent ses compositions. C'est ainsi que l'allemand nous pose face à notre propre peur du vide. La musique de
Silence est par là même une fascinante bande-son de l’enfer climatisé et globalisé de nos sociétés contemporaines.