Cinq ans à peine après leur premier album,
65daysofstatic inspirent déjà nombre de producteurs dans leur façon de mixer. La fameuse charley glitchée se retrouve désormais chez d'autres groupes de rock ou assimilés (
A New Silent Corporation,
Bitcrush,
Lights Out Asia), de métal même (
Underoath,
Bring Me The Horizon), ou d'autres genres plus inattendus (le modern classical d'
Ólafur Arnalds). C'est à se demander si ce qui avait fait la marque de fabrique du groupe de Sheffield ne serait pas en passe de devenir la norme, un trait que les ingénieurs du son seraient de plus en plus nombreux à utiliser pour faire sonner "moderne".
En attendant, la scène française voit éclore en son sein un artiste parfaitement ancré dans cette tendance. Il s'appelle
Stalk et vient de sortir son premier EP :
A Tale. On a évidemment droit, avec un titre pareil, au sempiternel discours sur l'univers enfantin de l'artiste. Parce qu'il ne suffit pas de faire de la musique. Si ce n'est pas l'artiste lui-même, quelqu'un finira bien par lui rappeler ce que l'industrie musicale a érigé dans l'inconscient collectif comme nécessité : l'identité artistique. Quand il y en a pas de clairement définissable, il faut coûte que coûte en fabriquer une ! Il suffit souvent alors de quelques notes au xylophone pour qu'on décide de nous plonger dans une piscine à boules.
Etienne Guénon n'est pas seulement l'auteur de cette musique à cheval entre l'electronica et le post-rock, il est aussi guitariste, fondateur du collectif
1/G (prononcez insurgé), VJ, et membre à part entière du groupe de post-hardcore
Sofy Major. Au premier abord, il ne semble pas proposer grand chose de plus que ce que
65daysofstatic ont déjà fait. Mais l'EP dévoile progressivement des compositions qui ratissent plus large :
The Arthur B.'s Case que le MC tire doucement vers du
Psykick Lyrikah,
Blinding Photons et ses airs de
Notwist, ou encore
A Tale qui évoque les énervés
SKNDR ou
E.B.S. Plus que l'affirmation d'un égo artistique,
Stalk fait la démonstration de ses multiples talents : ses superpositions de guitare bien senties, son glitch méticuleux, ses mélodies prenantes, son mixage de qualité. Une façon de prouver que lui aussi, peut produire quelque chose qui ait de la gueule. Pour un premier essai, l'objectif est aisément rempli. Mais si album il doit y avoir, espérons que notre jeune producteur ajoute une clause "surprendre" au contrat passé avec l'auditeur.
Chroniqué par
Tehanor
le 30/03/2010