Anton Newcombe est passé maître dans l’art de recycler. Et ce n’est pas la dizaine albums à son actif qui va le contredire. Après avoir effleuré du bout des doigts la
dreampop et le
shoegaze dans son excellent album
Methodrone,
The Brian Jonestown Massacre avait très rapidement pris les rênes de la vague
néo-hippie ou post psychédélique à la fin des années 90. Un coup de génie. Bien loin de créer un nouveau mouvement,
Newcombe a choisi de se réapproprier l’âme insouciante et trash des années 60/70 en pleine période MTV. Une démarche visionnaire qui a ouvert la voie à bon nombre d’artistes au milieu des années 2000.
Après avoir usé le répertoire et les icône de cette époque (
Beatles, Dylan, Rolling Stones…),
Newcombe lance la version 2 de
The Brian Jonestown Massacre déjà initiée par son précédent album
My Bloody Underground. Une nouvelle direction qui consiste à s’approprier le répertoire de
My Bloody Valentine, Jesus and Mary Chain, Spacemen 3 et bien d’autres…
Who Killed St. Pepper ? suit cette tendance. Pour preuve la présence de
Will Carruther à la basse (
Spacemen 3). Mais cette fois, en faisant le grand écart entre les années 90 et la fin des années 70. Entre
post punk,
trip hop, rap (
Lets Go Fucking Mental),
punk,
cold wave et
rock alternatif,
Anton Newcombe brouille les cartes. La première écoute de l’album laisse dubitatif. La musique de
The Brian Jonestown Massacre est matte et sourde. Désormais leur musique se veut répétitive et sombre.
L’album débute par une longue plage introductive
trip hop, un peu désuet, avec une touche
électro world. S’en suit un titre rock psychédélique qui n’est que l’ombre même du groupe (
Tunger Hnifur). Bref rien de très encourageant pour le moment. Et ce n’est pas les pastiches des groupes des années 80/90 qui vont arranger la chose :
This Is The One Thing We... profane en toute point l’âme de
Ian Curtis et du titre
She lost control.
Newcombe copie tout, la voix, les arrangements sur la rythmique, les mélodies. Il n’empêche que ce titre est l’un de plus réussi. Peut être d’ailleurs parce que cela tient à l’œuvre qui l’a inspirée… Toutefois, c’est le titre
Someplace Else Unknown qui cloue le bec par son côté hypnotique et cette voix à la
Ian Curtis vindicative et habité. Une belle réussite.
Par contre, il y a moins de succès quand
The Brian Jonestown Massacre s’attaque au répertoire de
New Order ou de
My Bloody Valentine. Si
The One, tiens la cadence avec suffisamment de personnalité,
Super Fucked, Our Time (qui rappelle
Sonic Youth) et
Feel It ne sont que des titres insipides. Reste le cas de
Dekta! Dekta! Dekta! qui tranche totalement avec le reste du répertoire : plus proche du rock alternatif russe ou d’Europe de l’Est avec des intonations qui rappellent à certains moment la voix de
Dave Gahan (
Depeche Mode). Puis
This Is The First Of... , dont la voix suscite des sentiments opposés : entre
kitsh et prouesse lyrique. La dernière plage (
Felt Tipped Pictures Of...) d’inspiration
trip hop met en scène des extraits d’une interview de
John Lennon (justifiant ses propos sur la renommé des Beatles face à celle de Jesus Christ). Le seul titre calme de l’album avec
White Music, qui présente l’inconvénient d’avoir déjà été entendu un nombre inqualifiable de fois dans les années 90, pour toute personne habituée à l’écoute de
Massive Attack, Cornershop et consorts.
The Brian Jonestown Massacre préféra sacrifier une carrière au nom de la volonté tout égotiste d’entrer dans la postérité. Cette album, le plus sombre du groupe, laisse entrevoir après une relative platitude, une certaine fougue qui peut se révéler jubilatoire par moment et franchement agaçante à d’autres. Quelques titres retiennent l’attention (
Someplace Else Unknown, This Is The One Thing We... voire
Lets Go Fucking Mental). Cet album irrégulier et brouillon rappelle par son répertoire celui de
Methodrone tout en ne parvenant pas à la cheville de ce premier opus sorti en 95.
par guillaume c (le 10/10/2010)
Désolé pour le nom de l'album écorché. A croire que cette chronique a été un véritable chemin de croix. Effectivement là dessus je devrais être lapidé à coup de parpaings. Pour le reste, j'ai écouté pas mal ce disque et le reste de la discographie de ce groupe que je suis depuis de nombreuses années... désolé ce disque n'est pas formidable et reste largement en deçà des modèles que Newcombe a essayé de copier. Merci pour cette très belle démonstration de pseudo-musicologie de comptoir. Cela m'évoque les plus belles copies du bac philo.
par d.BG (le 01/10/2010)
Je me présente un peu tard mais la lecture de cette chronique n'a pu se dissocier d'une réponse. Je passerai bien vite sur le fait que l'album a été nommé Methodrone et non Methadrone, ce qui présente ici un bel exemple de chroniqueurs peu soucieux du détail, ainsi que sur les accusations de plagiats assez déroutantes aux vues de l'histoire de la musique, surtout moderne. On reconnaît bien là les "fans" qui reprochent à Newcombe et ses potes de piller les années 60 et 70 mais qui ne réclament que ces chansons là durant les concert. Le BJM insuffle un souffle nouveau à la musique et il ne serait pas étonnant que les gosses en mal d'identité en 2030 s'étonne de l'âge du groupe tant il prend de l'avance. Il est certain qu'il est plus facile d'écouter U2, Franz Ferdinand ou Coldplay mais à quoi bon vu le niveau. Le BJM a ça de fort que même lorsqu'il passe sa musique sous un mixage lisse il n'en reste pas moins profond et vivant. La musique est une histoire de plagiat, le tout n'est pas de se demander qui inventera le meilleur courant mais qui reprendra le mieux les vieux courants en les intégrants à notre temps. Le BJM dépasse ses maîtres qui eux mêmes ont dépassé les leurs. Il y a bien entendu d'autre groupes fantastiques qui nous font croire en une musique moins fade mais la musique à besoin du BJM et le BJM n'a pas besoin d'une chronique au rabais effectuée au milieu de la première écoute de son disque.
Musicalement.
par guillaumec (le 15/03/2010)
J'ai connu plus hype dans le genre... Un excellent groupe, un mauvais disque dans lequel NewcombE essaie de retrouver son souffle en poussant à l'extrême les influences 80s de (l’excellent) Methadrone. Ce disque est une arnaque. J'aurai du être plus méchant.
par DS (le 10/03/2010)
à lire la chronique on a vraiment l'impression que ça vous passe au dessus... Déjà c'est anton newcombE, et ensuite si vous l'aviez écouté, Methodrone, vous sauriez que le BJM, avant de plonger dans le folk-rock 60's, faisait un shoegaze psyché dans une veine très Spacemen 3 justement... donc c'est un non sens de dire qu'après bob dylan & co, il se décident à piller les années 80 en gros (c'est l'impression que donne la chro), tout ça pour faire du name dropping..