Si le californien Tim Gray, alias
Ethernet, sort son premier album sous l'estampille
Kranky, c'est plutôt du côté de l'Allemagne et de la ville de Cologne qu'il nous emmène en ballade. Plus particulièrement, vous vous en doutez, à la rencontre de
Wolfgang Voigt, figure séminale de la techno allemande des années 2000.
144 Pulsations of Light apparaît hanté du début à la fin par les vagues synthétiques du maître teuton. A tel point qu'on se plaît à imaginer Gray adolescent, passer ses après-midi enfermé dans sa chambre, les stores baissés, à dériver la bouche ouverte au son des albums de
Gas pendant que ses camarades de lycée arpentent les skate parks baignés du soleil de Los Angeles. Pour autant, nous n'avons pas affaire ici à un tribute album bête et méchant. Les sept titres de
144 Pulsations of Light renferment une certaine complexité, voire même un certain mystère. Une valeur ajoutée, certes quelque peu insaisissable au premier abord, mais qui fait réellement toute la différence.
Gray possède d’autres atouts, et bien concrets ceux-là. Pour commencer celui de ne jamais verser dans la facilité. Facilité que, jusque là, le genre ambient-drone pulsatoire "à la
Wolfgang Voigt" semblait induire de lui-même pour finir par se mordre la queue. Ainsi un titre comme
Summer Insects ne carresse pas dans le sens du poil et demande même un certain temps d'adaptation et d'abandon avant de livrer tous ses secrets. D'autres plages établissent des ambiances plus familières mais viennent aérer l’ensemble avec intelligence, se refusant toujours au consensuel. C’est le cas de la mélancolique
Seaside, aux claviers brumeux, de l’extatique
Vaporous ou encore de
Temple qui clôt l’album dans une atmosphère mystique grâce à ses orgues lumineux et ses field recordings énigmatiques.
Derrière l'uniformité apparente de ce premier essai se cache pléthore de détails qui participent à une mise en abîme intelligente de l'émotion et des sentiments. Et c'est peut-être là que réside la touche
Ethernet.
144 Pulsations of Light est un premier album à vivre au long-court. Si il pêche par manque de relief, c'est pour mieux distiller en sous-terrain quelque chose plus tenace que d'évidentes ritournelles hypnotiques.