S’il y a une parenthèse qui n’est pas facile à refermer, c’est bien celle de cette année 2009. En effet, on ne compte plus les excellents albums publiés durant cette période. Le second opus de Victoria Bergsman, alias
Taken By Trees illustre parfaitement ce propos.
East Of Eden, est un album, certes perfectible, mais qui donne une nouvelle fraîcheur aux innombrables productions
pop/folk venues du nord. La très bonne surprise de cette fin d’année.
Chanteuse de
The Concretes, la brune Victoria œuvra sur différentes productions scandinaves de
Peter, Bjorn and John avant de prendre son envol en signant un premier album solo en 2006.
Open Fields rassembla autour de la chanteuse un certain nombre de pointures en la personne des membres d’
Electrelane et de
Camera Obscura. Un coup d’essai sympathique mais loin de faire sortir du lot la charmante brunette.
Dans le souci de se renouveler et aussi d’exaucer un vieux rêve, le nouveau volet de ses aventures, la voit quitter sa patrie d’origine pour le Pakistan, bastion du
qawwalî de
Nusrat Fateh Ali Khan ou de
Faiz Ali Faiz. Enregistré sur place avec des vrais morceaux de musiciens traditionnels, ce nouvel album n’est pas un recueil de musiques du monde. Au contraire, à l’image d’autres artistes (on pense à
Susheela Raman), la chanteuse utilise les sonorités traditionnelles des musiciens
qawwalî pour mieux alimenter son univers mélangeant pop légère et ambiance polaire. Si
Cornershop, à la fin des années 90, avait proposé une version pakistanaise du répertoire pop,
Taken By Trees quant à elle, évoque plutôt une version très occidentalisée de la tradition musicale pakistanaise. Pas de quoi révolutionner le genre. Mais après tout en s’en moque éperdument. La chanteuse s’offre un
trip auprès de ses idoles, tout en se payant le luxe de proposer un répertoire original, à l’image de la reprise de
My Girls (
My Boys), seul titre potable de l’album
Merriweather Post Pavillion d’
Animal Collective.
East of Eden, bien plus qu’un simple album, est une forme de carnet de route dans lequel la chanteuse passe en revue le répertoire traditionnel pakistanais (
Wapas Karna), les ballades
folk scandinaves (
Tidens Gang) et la musique contemplative inspirée par
Dead Can Dance (
Bekannelse qui évoque
Devorzhum, tiré de l’album
Spiritchaser). A l’image de
Solex, dont les voix se ressemblent à s’y m’éprendre,
Taken by Trees propose une approche à contre-courant de la tendance actuelle en matière de
pop. Un seul regret, le souffle des débuts se dissipe un peu au milieu de l’album. On se dit qu’en poussant la démarche jusqu’au bout,
Taken By Trees aurait pu signer le disque gagnant de cette fin d’année. Mais on lui pardonnera largement.