Jordan Sauer, aka
Segue, est un jeune sound-designer originaire de Vancouver, au Canada. Mais aussi jeune soit-il, Sauer n’est pas un bleu. Il peut se targuer d’avoir livré depuis 2006 une cargaison assez conséquente de CDs et de mini-albums. Et ce, sur pléthore de netlabels dont les plus en vu sont sans doute
Slow Flow Rec et
Autoplate.
Grey paraît lui sur l’écurie britannique
Tokyo Droning et révèle un artiste en pleine ascension.
A première vue, on serait tenté d’enfermer la musique de
Segue dans la case extrêmement réductrice de l’ambient music.
Grey compte évidemment tous les ingrédients du genre : des structures langoureusement répétitives, des field-recordings naturalistes, et de douces tonalités propres à la contemplation. Mais le canadien sait fort heureusement comment sortir du cadre. Grâce notamment à sa façon d’appréhender ses compositions de manière très artisanale et sensitive. En recourant par exemple aux collages, aux samples dépareillés ou aux effets de craquelures qui, loin de faire office d’artifices, donnent un grain particulier à l’ensemble. Enfin, le Canadien utilise une palette toujours plus variée d’instruments : guitares électriques ou électro-acoustiques, violons, piano, et quelques percussions discrètes. Il sait en la matière faire des choix avisés, tant dans la façon de capturer les sons et de leur donner vie, que dans la manière de les arranger. Un morceau comme
Futures, pour n’en citer qu’un seul, le démontre très bien.
En définitif
Segue possède un véritable talent pour ce qui est de distiller des sensations, des impressions diffuses et abstraites, parfois même subliminales, sans jamais recourir au trop plein mélodique. Se plonger dans
Grey, c’est un peu comme feuilleter un vieil album rempli de polaroïds aux couleurs tantôt acidulées, tantôt brumeuses. Avis aux amateurs...