A 26 ans, le jeune producteur du New Jersey,
Dayve Hawke, abat compositions et remixes synth pop au rythme d’un bûcheron canadien en automne. Et ne vous fiez pas à son arbre
Memory Tapes : il ne fait que cacher la forêt de projets musicaux auxquels le musicien-blogueur s’adonne sous d’autres pseudonymes tels que
Weird Tapes ou
Memory Cassette. C’est en tout cas son projet le plus abouti.
En l’espace de quelques mois, ce prolifique producteur a accumulé un enchevêtrement de titres, mis pour la plupart en téléchargement gratuit sur son
blog. Un essaimage régulier qui lui a permis de se créer progressivement un nom sur la toile. S’il se décide à passer au format CD, bien que uniquement disponible chez
Rough Trade à Londres, c’est plus pour mettre en avant ses propres compos que pour inonder le marché. Alors, si
Midnight Juggernauts ou
Peter Bjorn & John se l’arrachent pour ses remixes, que vaut l’univers plus personnel de ses chansons ?
Car le mot est bien là : sur
Seek Magic, il est plus question de chansons que de tracks, de mélodies que de beats. Les titres s’articulent en effet majoritairement autour d’une base voix-claviers-guitare, ce qui donne dès la première écoute cette immédiateté propre à la musique pop, cette envie de dodeliner nonchalamment à l’image du single
Bicycle.
Ce qui ressort surtout de l’album, c’est cette douce mélancolie, filée au long des neuf morceaux. Une instrumentation 80’s, une voix placée en retrait avec de la réverb et des atmosphères vaporeuses et nous revoilà plongés dans nos souvenirs d’amourettes adolescentes.
Là où
Memory Tapes accroche l’auditeur, c’est par sa faculté à installer une atmosphère sensible, son goût des samples originaux (comme le bruit des chaussures de basket sur un parquet propre) et son audace aussi, comme pour placer une instru de vingt-deux minutes en dernier morceau. Par contre, on est en droit de se demander ce qu’un garçon de vingt-six ans sortira prochainement, une fois que le revival 80/hippie chic aura saturé le public, segment déjà récemment trusté par les mastodontes
MGMT et
Ladyhawke ?
Seek Magic se révèle être au final un premier album intéressant mais pas passionnant, compagnon idéal cependant de vos ballades automnales ponctuées de feuilles mortes.
Chroniqué par
Damien
le 05/11/2009