Krikor Kouchian sort son premier album
Land Of Truth après avoir arpenté pendant dix années les territoires de la musique électronique en tant qu'étudiant, musicien (avec
Ark,
Nôze ou
Dj Chloé au sein de leur projet
Plein Soleil), producteur (pour
Karat,
Kill The Dj,
d-i-r-t-y...) et patron de label (
Omerta Registrazione qui héberge
Pilooski et
France Copland autre projet de notre artiste avec
Benjamin Morando d'
Octet).
Une décennie d'activisme avant de passer au long format, et après ? Si c'était le temps nécessaire et apparemment suffisant pour débrider une inspiration qui n'en demandait pas tant, on signe de suite.
A travers l'agencement de ces onze titres et cette musique toute en feintes de corps, mutante, composite autant qu'excitante,
Krikor semble s'être littéralement épanoui. Techno, rock, house, folk constituent les registres dans lesquels il a allègrement pioché ses inspirations. Parsemant ses compositions hautement cinématiques (jusqu'à l'artwork qui rappelle l'imagerie de
Jarmusch et son
Dead Man) de quelques touches expérimentales (
Wanton Boy sent le
Fennesz), notre gars s'en donne à cœur joie, emmêlant coups de grattes retors (
Crackboy), bleeps de traviole (
Dogs On Trial) et basses plombées au peyotl (
Devil In Disguise).
En fin de compte, ce qu'il nous propose avec cet album sous influences, n'est rien moins qu'une chevauchée à dos de spectres (de
Genesis P-Oridge à
Suicide en passant par le
Velvet sur le défoncé
The Edge). Une virée, paumé dans un de ces endroits (ce fameux
Pays de la Vérité éponyme ? Son cerveau peut-être ?) où le soleil comme les esprits malins parlent entre eux, se racontant en "substances" leur dernière bordée dans ce coin qui tout en faisant foutrement envie, vous colle la chair de poule.
Un endroit que seul
Kouchian connait, sur le bout des doigts même, et où, malgré tout, il semble ne jamais aller sans être accompagné. Outre un groupe fantôme (les obscurs
Dead Hillbillies), on le croise en compagnie de succubes défoncées à l'éther (les deux
Chloé, la Djette et celle de
Battant) et de drôles de zonards mi-dandys mi-clochards, confits au mescal (
Nicolas Ker la voix des têtes à claques de
Poni Hoax, magnifiquement servi par les synthés lubriques de
God Will Break It All).
Un lieu pas tranquille, mais pas trop mal fréquenté finalement. Peu importe donc, d'autant que généreusement, le double
K. nous invite à y squatter quelques temps. On ne va pas s'en priver. Il faut avouer qu'en ces périodes de crise et d'envie exacerbée de villégiatures estivales, la proposition tombe carrément à point. Alors oui merci, tout simplement.
Chroniqué par
Yvan
le 30/07/2009