Boris Kohlmayer aka
Lauter, membre de l’écurie Herzfeld, s’était déjà illustré en publiant un premier album
A Walk Will Take My Mind Off Things en 2005. L’année 2009 marque son grand retour avec un projet d’autant plus ambitieux que ce dernier consiste en un double album dont chacun des titres brillent de part leurs qualités. Une coproduction signée main dans la main par le label strasbourgeois et
Clapping Music dont on avait déjà dit le plus grand bien de ses dernières productions.
Lauter a produit ce nouvel opus au gré d’une quarantaine de maquettes et d’une douzaine de sessions d’enregistrement. Projet choral dans lequel l’artiste a fait appel à une dizaine de musiciens,
The Age Of Reason explore les différents aspects de la musique folk. En effet, après avoir donné au sein du groupe
Drey, dans le rock noisy, la pop expérimentale en passant par le post-rock, Boris Kohlmayer explore avec ce nouveau projet, les différents aspects de ce genre qui a depuis de nombreuses années saturé les rayons de nos disquaires. Avec
The Age Of Reason, le chanteur et guitariste d’origine alsacienne, propose un antidote à tous ceux qui ressentent depuis de nombreuses années une profonde lassitude avec la musique folk.
Construit de manière intelligente, ce nouvel album associe avec finesse et spontanéité une dizaine de titres par CD. De quoi largement étancher la soif de ceux qui sont à la recherche d’un propos juste et fort. Chacune des pistes s’enchaînent de manière évidente et logique, on imagine à aucun moment le travail titanesque que le musiciens a pu effectuer pour accoucher d’un tel ouvrage. Le son de ce dernier évolue d'une plage à l'autre.
Lauter propose un folk tantôt bucolique (
In Our Heads), tantôt rêveur (
Everything Is Blurred), voire contemplatif (
We're Moving In) ; mais aussi des trips psychédéliques (
Because Of The Drugs) et des ballades fougueuses (
The Old Order). On décèle dans cet album de multiples révérences. Tel est le cas des titres
I Got It Alone et
Leavin' The Town, qui font écho à l’univers solaire et chaleureux d’
Herman Düne ou de
That's Rock'n'Roll et
These Days qui évoquent
Pink Floyd voire
Nick Drake. A l’image de la pochette de l’album dont l’aspect bucolique laisse largement place à l’inquiétude et à la noirceur, l’univers de
Lauter sombre régulièrement dans le mysticisme. A ce titre, l’excellent
The Next Step est le point d’orgue de cet album tant l’artiste en convoquant l’esprit de
Pink Floyd, nous livre l’un des titres les plus sublimes et intenses de cet opus. Un titre libérateur et entêtant qui semble ne jamais s’arrêter. Toutefois, il serait vraiment réducteur de limiter cet opus à ces simples références.
Lauter brouille les cartes en proposant dès la troisième piste, un titre véritablement pop aux accents disco (
Black Pupils), mais aussi des thèmes à la frontière du post-rock (
Solid Guitar Song et
Distance).
Lauter n’hésite pas à faire appel aux cuivres pour poser des ambiances plus torturées sur des titres entre blues et jazz comme
Freedom Is Terror. A noter enfin que le titre
That's The Way Out clôt les hostilités en beauté en proposant une longue plage de dix minutes qui sonne le glas de cet album par le chaos.
On pourrait d’avantage se perdre dans les dédales de ce nouvel album tant ce dernier nous offre un programme des plus vastes et réjouissants.
Lauter confirme qu’il a atteint les objectifs qu’il s’était fixé en proposant un album ambitieux à ne rater sous aucun prétexte.